Blogue: Les podcasts ou la baladodiffusion : une nouvelle entrée dans l’histoire

Publié le 2 novembre 2010

10 min

Étienne Faugier, doctorant en cotutelle de thèse (Université Lumière Lyon 2 et Université Laval)

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Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, le féru d’histoire, l’historien ou bien encore l’intellectuel devait aller chercher les informations qui l’intéressaient en allant dans les bibliothèques et en ouvrant des livres. L’accès à la connaissance nécessitait d’habiter en ville ou bien à une proximité relative de la ville – en supposant qu’elle accueille une bibliothèque – il fallait s’abonner annuellement à la bibliothèque municipale et/ou universitaire et aller régulièrement emprunter et rendre les livres désirés. Il existait d’autres canaux, plus diffus, moins omniprésents tels que les documentaires retraçant tel ou tel événement, les films documentaires (en France et au Québec, il y a les « Connaissances du Monde » et « Les grands Explorateurs »). Quelques radios consacraient une partie de leur créneau à parler d’histoire?; néanmoins, elles étaient loin d’égaler l’attrait et la renommée qu’a le livre – qu’il s’agisse d’un livre à caractère scientifique ou bien destiné au grand public. Il est vrai que le livre entretient dans la pensée occidentale un certain prestige, une certaine assurance quant à la véracité des faits exposés?; et même si l’on peut se poser la question de l’avenir du livre avec l’essor de la numérisation des livres (google book, gallica.bnf.frle site de la Bibliothèque nationale de France, archive.org), l’apparition des tablettes (qui sont censées rendre la lecture plus attrayante) telles que l’iPad, le Kindle, le livre semble avoir encore devant lui un bel avenir. Un nouveau procédé pour accéder à une connaissance historique a émergé depuis les années 2000 qui devrait intéresser les trois catégories définies en préambule. Si, par le passé, l’on devait, principalement, lire l’histoire, désormais il est possible de l’écouter. Cela ne semble pas être une nouveauté puisqu’il y avait déjà des émissions qui abordaient des sujets historiques. Là où réside le changement, c’est qu’avec les possibilités permises par l’essor d’Internet, il est désormais possible d’avoir accès aux émissions traitant d’histoire à la radio, mais plus encore de les télécharger directement sur son ordinateur ou son lecteur mp3 (soit pour les écouter si l’on a manqué leur diffusion ou tout simplement pour les réécouter).

Il existe une multitude d’émissions radiophoniques et de multiples fréquences. La difficulté est donc de trouver des émissions qui traitent d’histoire parmi les méandres des sites Internet des radios. Le but de notre blogue est de pointer des émissions radiophoniques susceptibles d’intéresser l’individu lambda, l’historien et l’intellectuel, d’expliquer le fonctionnement de la baladodiffusion et les règles qui y sont rattachées et enfin – nous espérons – que cela amène les lecteurs à s’ouvrir sur ce canal de connaissances qui est mis à sa disponibilité, mais qui n’est pas toujours très visible.

Nous vous proposons quelques émissions radiophoniques susceptibles de vous intéresser, toutefois cette liste n’est pas exhaustive. Avant de commencer, il faut savoir que les émissions ne s’adressent pas forcément au même public.

Citons l’exemple de « 2000 ans d’histoire » qui est diffusée sur France Inter tous les jours de la semaine entre 13 h 30 et 14 h. Cette émission, née en 1999, est animée par Patrice Gelinet, « journaliste de formation, professeur d’histoire pendant plus de 20 ans » et traite chaque jour d’un « événement ou d’un acteur de l’histoire du monde » en ayant recours à un invité et à de multiples et divers documents (extraits de films, de journaux télévisés, de musiques, etc.). (pour de plus amples renseignements, il faut consulter http://fr.wikipedia.org/wiki/Deux_mille_ans_d%27Histoire)

Si traiter un fait historique en 30 minutes peut sembler une chose un peu trop mince pour l’historien ou l’intellectuel, ce dernier peut toujours choisir d’écouter une autre émission française intitulée « La fabrique de l’histoire ». Cette émission, diffusée sur France Culture, depuis 1999, est animée par Emmanuel Laurentin. Diffusée entre 9h05 et 10 h du lundi au vendredi, cette émission s’organise autour d’un thème traité sur quatre jours : « Grand témoin le lundi, documentaire le mardi, archives ou lieux de mémoire le mercredi, débat d’historiens le jeudi » (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Fabrique_de_l%27histoire)?; le vendredi étant consacré à l’actualité entourant le monde des historiens. L’émission s’adresse donc tout particulièrement aux historiens et aux intellectuels en proposant d’analyser sur quatre jours un sujet historique en faisant appel à des spécialistes et des documents (archives sonores et textuelles entre autres). Les débats du jeudi sont particulièrement riches en connaissances et en matériels historiques?; ils peuvent constituer une source potentiellement intéressante pour les étudiants à la maîtrise et au doctorat. La « Fabrique de l’histoire » est en perpétuel changement : l’année dernière on a décidé d’interroger les historiens et historiennes : « A quoi sert l’histoire aujourd’hui?? » où l’interrogé(e) avait cinq minutes pour répondre à cette question apparemment simple. Cet exercice a donné naissance à un livre collectif : Emmanuel Laurentin (dir.), A quoi sert l’histoire aujourd’hui ?, Paris, Bayard Centurion, 2010. Cette année, l’idée est de donner ces mêmes cinq minutes pour qu’un historien ou une historienne présente un(e) inconnu(e) (Séquence « Inconnu de l’histoire ») issu de son travail en archives.

Il existe deux sites Internet qui retranscrivent certaines émissions de « La fabrique de l’histoire » :

http://www.fabriquedesens.net/+-Fabrique-de-l-histoire-+

http://web.archive.org/web/20041028041801/http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/fabrique/scripts.php

Une autre émission se consacre à l’histoire, intitulée « Les lundis de l’histoire ». Elle se démarque des deux précédentes dans la mesure où elle est animée par une équipe d’historiens universitaires avec notamment Jacques Le Goff, Roger Chartier, Michelle Perrot, Arlette Farge, qui invitent d’autres historiens et historiennes à évoquer leur ouvrage. Cette émission est diffusée à l’antenne le lundi de 15 h à 16 h. Cette émission, composée de sujets aussi divers que variés, vise principalement le public universitaire, mais est relativement accessible à tous les intéressés.

Dans la même veine que l’émission précédente, l’émission « Concordance des temps », animée par Jean-Noël Jeannenay (historien des médias et ancien président de la Bibliothèque nationale de France), évoque durant une heure – le samedi de 10 h à 11 h – un fait historique en invitant un intellectuel. Le créneau de cette émission est le recours assez important à des documents sonores qui enrichissent les discussions et peuvent pointer de nouvelles sources pour l’historien(ne).

Jusqu’à présent, nous avons évoqué des émissions radiophoniques franco-françaises?; pourtant, il existe des radios étrangères diffusant des émissions avec du contenu historique.

Nous avons recensé une émission anglophone « Talking History » qui a traité d’histoire. Elle n’est malheureusement plus diffusée?; toutefois, les émissions – depuis 1997 jusqu’à 2006 – sont disponibles en téléchargement sur le site Internet. Cette émission s’est consacrée à remémorer et analyser l’histoire américaine en invitant des spécialistes à traiter de sujets concernant les États-Unis. Le site est particulièrement bien fait puisque l’on peut y faire une recherche par intervenant ou par sujet.

« Histoire vivante », une émission suisse, traite d’un fait saillant en histoire contemporaine, ayant recours aux sources sonores et textuelles. On peut l’écouter du lundi au vendredi de 15 h à 16 h sur RSR-La 1re, sur TSR2 le dimanche à 20 h 30 et dans le journal La Liberté chaque vendredi.

Il est à noter que le site Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ) met à disposition des conférences et des tables rondes animées par des spécialistes et des chercheurs touchant à l’histoire du Québec.

Il existe sûrement d’autres émissions radiophoniques qui traitent d’histoire, mais notre but n’était pas d’être exhaustif. J’encourage donc les lecteurs à alimenter ce sujet en proposant d’autres références.

En ce qui concerne les règles de la baladodiffusion?; elles sont simples. L’émission radiophonique peut être écoutée sur le site de la radio en question durant un mois. Elle n’est cependant en téléchargement que durant une semaine. Si vous ne souhaitez pas aller chaque semaine sur chacun des sites Internet de vos émissions d’histoire, il existe un logiciel particulièrement fiable en matière de baladodiffusion : iTunes. Ce logiciel s’avère pertinent, car on peut demander au logiciel de téléchargement automatiquement les émissions. L’inconvénient, c’est qu’il télécharge toutes les émissions, sans faire de distinction – cela peut devenir problématique, car vous ne souhaitez sans doute pas écouter toutes les émissions diffusées, mais seulement quelques-unes et à terme cela peut poser des problèmes notamment en ce qui concerne le volume de données (les fichiers mp3 étant parfois de taille importante). Ces fichiers sont ainsi transposables sur votre lecteur mp3 et peuvent ainsi être écoutés durant votre trajet dans l’autobus, le tramway, le métro. Ils peuvent être aussi sauvegardés sur votre disque dur et ainsi être à votre disposition en tout temps.

Conclusion

Nous avons tenté, rapidement, de montrer que la radio pouvait être un canal important au regard de la diffusion de la connaissance historique. Si cela n’était pas une nouveauté puisque certaines émissions remontent aux années 1960, l’originalité repose dans l’accessibilité de l’information historique qui est désormais à quelques clics de distance.

C’est une source d’information qui mérite d’être évoquée et que les passionnés (ées) d’histoire auraient tout intérêt à regarder de plus près.

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