Par Allan Greer, professeur d’histoire, Université McGill
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Ce texte est une réplique à la réponse de Benoit Grenier et Alain Laberge publiée le 9 octobre sur HistoireEngagée et sur Boréalia.

Carte des seigneuries de la Nouvelle-France par Gédéon de Catalogne et Jean-Baptiste Couagne, 1709.
Je voudrais d’abord exprimer ma reconnaissance envers mes collègues qui ont pris la peine de lire et de commenter, à la lumière de mon livre, le petit texte provocateur, « Le système seigneurial ? Quel système seigneurial ? », que je viens de publier dans HistoireEngagée. Je suis doublement redevable à Benoît Grenier et Alain Laberge parce que mon étude Property and Dispossession repose en partie sur leurs recherches rigoureuses et approfondies. Alors, pourquoi n’ai-je pas cité leurs publications ? C’est que mon article, très bref rappelons-nous, n’avait aucune vocation historiographique. Si je faisais mention en passant de quelques historien.ne.s qui ont renouvelé le sujet dans les années 1970-1980, je ne voulais pas donner l’impression que la recherche s’était arrêtée: c’était simplement pour souligner l’écart qui s’est creusé entre l’avance de la recherche spécialisée et la stabilité de l’image de ce passé qu’on retrouve dans l’histoire dite « populaire ».
Comme l’ont deviné Grenier et Laberge, mon intervention visait en premier lieu un certain discours, fortement idéologique, que l’on trouve dans les manuels scolaires et les sites patrimoniaux, d’un passé idéalisé où seigneurs et censitaires vivaient en harmonie dans une société bien réglée. Ma principale cible était une production culturelle et pédagogique de langue anglaise. C’est en anglais que la phrase « seigneurial system » s’est enracinée. Les auteurs ont raison d’insister que la phrase « régime seigneurial » n’égale pas seigneurial system et ne porte pas les mêmes connotations. Ainsi, et ce en dépit de la très haute qualité de la traduction de Fannie Dionne, il me semble qu’il y avait un élément intraduisible dans mon article qui a compliqué la discussion.