Par Claude Morin, professeur retraité de l’Université de Montréal

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Crédit : Tetsumo (Flickr).

Le 22 juin dernier, le Sénat paraguayen a destitué le président Fernando Lugo après que la Chambre des députés l’eut accusé la veille de mauvaise gestion. En moins de 36 heures, les deux chambres avaient complété la procédure et le vice-président, Francisco Franco, était assermenté comme président moins de trois heures après le vote des sénateurs.

La démarche s’appuyait sur l’article 225 de la Constitution paraguayenne. Celle-ci autorise un « procès politique » contre une autorité qui aurait mal rempli ses fonctions, sans préciser la manière dont le procès doit se dérouler. La cause a été entendue tambour battant. Le président Lugo n’a même pas eu une journée pour préparer sa défense et ses avocats ne disposaient que de deux heures pour exposer leurs arguments. La Cour suprême a refusé d’appuyer une demande de délai.

L’accusation n’a d’ailleurs fourni aucune preuve, prétendant que les cinq motifs allégués étaient de « notoriété publique » et ne requéraient pas une démonstration. Face à une procédure aussi expéditive qui ne respectait pas les droits de l’accusé à une défense pleine et entière, nombre d’observateurs informés ont qualifié la destitution de « coup d’État parlementaire ».