Par Alexandre Joly-Lavoie, Université de Montréal, Frédéric Yelle, Université de Montréal, David Lefrançois, Université du Québec en Outaouais, Marc-André Éthier, Université de Montréal, Vincent Boutonnet, Université du Québec en Outaouais et Julia Poyet, Université du Québec à Montréal, pour le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE)[1]

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Dans leur ouvrage Le niveau monte : réfutation d’une vieille idée concernant la prétendue décadence de nos écoles, Baudelot et Establet (1989) montrent bien que la critique facile voulant que chaque génération d’élèves soit plus cancre que la précédente ne date pas d’hier et qu’elle n’est pas fondée. Le Québec n’échappe pas à cette tendance nostalgique.

Comme il fallait attribuer les maux de l’éducation (analphabétisme fonctionnel, ignorance, décrochage, générations sacrifiées, etc.) à des boucs émissaires, des cibles furent choisies dont, entre autres, le (socio)constructivisme.

Présente depuis l’annonce du Renouveau pédagogique par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MÉLS), la contestation à ce sujet s’est faite vive pour ceux qui y voyaient un détournement de l’école par les didacticiens (Baillargeon, 2009, 2013), au profit d’une « idéologie » fausse et dangereuse, dont les enfants québécois feraient les frais. Depuis, de multiples attaques ont cherché à discréditer aux yeux du public, mais aussi des universitaires et des responsables gouvernementaux, le (socio)constructivisme, présenté comme une idée sans fondements (Baillargeon, 2009 ; Gauthier, Martineau, Bissonnette et Cerqua, 2013).