Par Jérémie Dhavernas, Mouvement Action-Chômage de Montréal

Crédit : Yves Huneault
Avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU), le gouvernement Trudeau lançait le 6 avril dernier un nouveau régime de remplacement de revenu, une première depuis la création de l’assurance-chômage en 1940. Si ces deux mesures répondaient à des crises économiques (passées ou anticipées), l’on doit aussi garder en tête qu’elles sont de puissants outils de régulation sociale.
En effet, la PCU a été d’abord été présentée comme une réponse humaniste à la crise. Le communiqué de presse du ministère des finances annonçant la mesure avançait notamment : « Dans des périodes difficiles comme celle?ci, les Canadiens ne devraient pas avoir à choisir entre protéger leur santé et continuer à soutenir leur famille. Nous avons bien pris conscience de la situation, et nous sommes là pour eux. »[1]
Cette posture morale va traditionnellement de pair avec la préoccupation de l’État de freiner toute atteinte potentielle à l’ordre public. Si, à la fin du 19e siècle, la pensée libérale abandonne peu à peu ses thèses sur la dégénérescence morale des démuni.es comme cause de leur pauvreté, elle considère toujours cette même dégénérescence comme une de ses conséquences majeures[2]. Par l’assistance sociale, on réhabilite ainsi l’activité économique des plus pauvres, tout en les empêchant d’en venir à des moyens illégaux ou violents pour assurer leur survie.[3]