Par Laurent Turcot, professeur en histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)[1]
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Le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, a annoncé mardi en grande pompe la création, ou plutôt la transformation, du Musée canadien des civilisations en Musée canadien de l’histoire. Cette décision fait partie d’un programme qui vise à promouvoir l’histoire du Canada à la veille du 150e anniversaire de la Constitution de 1867. Comme historien, je ne peux, à première vue, que me réjouir de cette décision. L’histoire enfin financée, voilà qui permet de respirer un peu.
Il me semble pourtant qu’il faut, aujourd’hui plus que jamais, accueillir ces décisions avec une grande précaution. Faisons œuvre d’historiens du temps présent. Prenons un peu de recul, rétablissons le contexte dans lequel cette décision s’inscrit, mais plus important, tâchons de comprendre l’idée qui est derrière.
On a souvent insisté sur le fait que la politique du gouvernement conservateur, depuis qu’il est au pouvoir, est d’enlever le plus d’État possible pour les contribuables. Moins d’impôts, moins de bureaucratie, moins de subventions, chacun pour soi et que le meilleur gagne. À la lumière de la décision d’aujourd’hui, il n’en est rien. La transformation du Musée s’inscrit dans une tendance qui fait craindre le pire.