Par Ronald Rudin, Université Concordia[1]
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Le moment décisif de l’histoire acadienne survient au milieu du XVIIIe siècle avec la déportation de la majorité des habitants de langue française de la région maintenant désignée comme le Canada atlantique; une série événements que les Acadiens appellent avec euphémisme « le Grand Dérangement ». La colonie française de l’Acadie a été conquise par les Britanniques en 1710, mais ses habitants ont réussi à vivre assez confortablement sous leur gouverne durant plus de quarante ans, demandant seulement qu’ils puissent demeurer neutres dans les conflits impériaux. Au cours des années 1750, l’accumulation des tensions précédant la guerre de Sept Ans a toutefois rendu la neutralité acadienne inacceptable aux yeux des Britanniques qui amorcent leur expulsion à partir de 1755 afin d’empêcher la formation d’une cinquième colonne dans leurs lignes. Nombre de déportés ont péri en mer, alors que d’autres ont été dispersés à travers le monde atlantique. Certains Acadiens ont cependant réussi à fuir dans les bois pour s’établir sur le territoire actuel du Nouveau-Brunswick où ils représentent aujourd’hui environ un tiers de la population. Grand traumatisme de l’histoire acadienne, cette déportation est décrite par l’historien John Mack Faragher comme « the first episode of state-sponsored ethnic cleansing in North American history[2]. »