Par Denyse Baillargeon, professeure au département d’histoire de l’Université de Montréal

Photo: Raymonde Lamothe, 1978

Thème de prédilection des chercheuses féministes dans les années 1970 et 1980, la question du travail domestique, qui était pratiquement tombée dans l’oubli, semble provoquer un nouvel engouement depuis quelques années. C’est du moins ce que suggère la parution des ouvrages de Louise Toupin (Le salaire au travail ménager : chronique d’une lutte féministe internationale, (1972-1977), Montréal, Éditions du remue-ménage, 2014) et de Camille Robert (Toutes les femmes sont d’abord ménagères. Histoire d’un combat féministe pour la reconnaissance du travail ménager, Éditions Somme toute, 2017), auquel vient s’ajouter cette excellente contribution de Catherine Charron. Mais à la différence de Toupin et Robert qui s’intéressent aux discours et aux luttes entourant la revendication du salaire à la ménagère, Charron, pour sa part, se penche plus exactement sur celles qui ont gagné leur vie en effectuant des tâches domestiques pour d’autres, que ce soit des particuliers ou encore des institutions. Son livre, fruit de sa thèse de doctorat, laisse donc voir l’envers du travail gratuit des ménagères, soit le travail mal rémunéré des femmes de ménage et autres aides domestiques ou familiales qui se retrouvent, en raison même de la non-valorisation monétaire de ces tâches dans la famille, « aux marges de l’emploi ». En ce sens, on peut dire que sa recherche emprunte une perspective tout à fait originale qui renouvelle les questionnements féministes autour d’un objet qui, jadis, a fait couler beaucoup d’encre[1].