Du Carrick’s à l’art du cirque : et si le cinéma s’accordait avec le devoir de mémoire ? Entrevue avec Viveka Melki, documentariste, réalisatrice et passionnée d’histoire

Publié le 30 mars 2017

Par Véronique Dupuis, géographe, étudiante à la maîtrise en histoire à l’UQAR et et collaboratrice pour HistoireEngagee.ca

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On ne doit pas arrêter de raconter l’histoire, car la mémoire file vite.

Viveka Melki

Crédit photo : Sébastien Rabouin.

Recherchiste, réalisatrice et documentariste, Viveka Melki croit vigoureusement que l’histoire doit être dite. Incarnant cet idéal décrit par Henri Lacordaire où « l’histoire est la mémoire du monde », elle fait revivre un passé qui repose dans des boîtes d’archives et des livres trop bien rangés… Passionnée par l’être humain, elle fait revivre les événements et raconte les parcours personnels en sons et en images. Ses projets sont empreints d’une bonne dose d’humanité et d’un devoir de mémoire qu’elle ne pourrait trahir. En chacun de nous réside une histoire, croit-elle, et c’est par cette individualité que se façonne l’histoire globale. Pour cette artiste, travailler l’histoire est plus qu’un choix : c’est une conviction, une nécessité, une vocation. Dans ses documentaires, ses spectacles et ses expositions, Viveka Melki fait revivre des gens, des événements et des époques. Elle prend des avenues encore inexplorées dans le seul but de faire connaître l’histoire, de la rendre accessible et surtout de susciter l’intérêt pour notre passé. Pour la Gambienne d’origine, il importe que l’histoire prime dans nos sociétés où la tendance est à la reléguer aux oubliettes ou à l’escamoter. Avec ses réalisations, elle fait le pari que de plus en plus de gens s’intéresseront à leur propre histoire, mais aussi à celle dite « mondiale ».

Un tel défi n’est pas toujours facile à relever, comme en témoignent les contraintes et les difficultés qui mènent parfois la vie dure à ses projets. Néanmoins, rien n’égale sa conviction que l’histoire doit être omniprésente. Pour cette Canadienne née de parents libanais et brésiliens et qui a vécu plusieurs années en Angleterre, l’histoire est universelle et n’a aucune frontière. Comme si les mailles de chacun de nos récits s’entremêlaient pour former une grande toile commune.

Et si l’histoire devenait prioritaire ? Entrevue avec Viveka Melki.


Véronique Dupuis : En premier lieu, afin de bien situer le lecteur, pourriez-vous décrire votre parcours en tant que réalisatrice-documentariste?

Viveka Melki : Je suis dans le milieu culturel depuis 14 ans. De 2006 à 2012, j’ai écrit, réalisé et produit trois projets. En 2006, ce fut Campesinos… la terre va nous rester[1], en 2010, The Time it Takes[2] et en 2012, la série Hippocrate[3], diffusée sur les ondes de Radio-Canada.

Ensuite, de 2012 à ce jour, j’ai scénarisé et réalisé la série Correspondances de guerre[4] en 2014, mon premier long-métrage documentaire After Circus/La vie après le cirque en 2016 et Carrick’s : dans le sillon des Irlandais, présenté en avant-première à l’église Saint-Alban de Cap-des-Rosiers le 16 mars 2017, en première à Rimouski le 18 mars 2017 et ensuite à Montréal.

Durant le tournage d’After Circus. Crédit : Viveka Melki.

De plus, je travaille sur un projet de documentaire long-métrage qui se nommera Alouette et je m’affaire en ce moment aux préparatifs de l’exposition Fleurs d’armes/War flowers en collaboration avec les Jardins de Métis et qui sera présentée à l’été 2017.

Véronique Dupuis : Votre pied-à-terre est à Rimouski et vous êtes associée pour vos films à la maison de production Tortuga Films qui a elle aussi pignon sur rue dans cette ville. Comment voyez-vous le fait de travailler dans une région excentrée des grandes villes ? Est-ce un frein ou un avantage de travailler dans ce domaine en étant à Rimouski ?

Viveka Melki : Premièrement, je tiens à dire que je suis très mondialiste. Je ne perçois pas cette contradiction des régions versus les villes. J’aime les histoires qui proviennent de la Gaspésie ou d’autres petits coins de pays. Néanmoins, ce n’est pas parce que ce sont des histoires régionales, mais parce qu’elles sont importantes. Elles forment une partie essentielle de l’histoire du pays.

Est-ce que c’est plus difficile ? Oui. Je suis une femme réalisatrice et je dois voyager loin de ma fille pour faire mon travail. Beaucoup de postproduction se fait, entre autres, à Montréal et je suis loin des services spécialisés en télévision. Ça prend du support et je ne dis pas cela seulement pour les femmes. Pour faire du cinéma, on doit avoir l’appui de sa famille et de ses amis. Ce n’est pas un métier qui n’attend pour personne, c’est-à-dire qu’il ne s’adapte pas à ta vie familiale ou à tes besoins. Le documentaire Carrick’s[5] en est un très bon exemple. Au début du mois d’août 2016, huit squelettes ont été trouvés sur la plage à Cap-des-Rosiers, près du Monument aux Irlandais dans le parc national Forillon. J’ai dû alors arrêter ce que je faisais et partir rapidement pour la Gaspésie. Que tu aies quelque chose de prévu ou non, le métier n’attend pas. Quand tu es dans un projet, tu dois le prioriser. Alors j’ai dédié le film à ma fille, pour sa patience ! Elle a aussi une arrière-grand-mère qui est Irlandaise, c’est pourquoi Carrick’s raconte un peu son histoire.

Cependant, travailler en région apporte aussi de belles choses. Je crois que l’on retrouve davantage ce que l’on cherche dans les espaces un peu plus vastes et un peu plus vides, avec moins de médias et moins de stimulations. Si j’étais entourée par beaucoup plus de distractions, peut-être que je serais moins créative.

Véronique Dupuis : Travailler en région semble poser certains obstacles qui vous amènent donc à vous déplacer souvent et à vous adapter aux contraintes. Toutefois, le fait d’être une femme peut-il apporter une difficulté supplémentaire pour travailler dans le domaine cinématographique?

Viveka Melki : Les chiffres montrent qu’il est plus difficile de se faire reconnaître comme réalisatrice. Il est aussi vrai que le salaire des femmes réalisatrices est en dessous de celui versé aux hommes[6]. Toutefois, ce n’est pas seulement dans le secteur cinématographique. C’est dans presque tous les domaines. Alors si on se pose la question concernant le milieu du cinéma, on doit se questionner sur la situation des femmes en général.

Personnellement, je n’ai jamais été traitée différemment par mon équipe ou par les gens du cinéma parce que je suis une femme. Je crois que je suis chanceuse, car je n’ai jamais eu d’expériences sexistes. Je suis entourée par beaucoup d’hommes féministes, alors je n’ai pas à expliquer certaines choses, ni même à prouver quoi que ce soit.

Toutefois, quand je suis dans certains pays et dans d’autres cultures, je voyage avec un assistant-recherchiste. Être à la fois une femme et une documentariste fait que je me retrouve parfois dans des situations où je pourrais être en danger physique. Je crois que l’on doit faire attention et être transparente sur ce que l’on fait, qui on est et où on va. Il est bien certain que je dois travailler de manière intelligente et faire confiance à mon instinct, mais les dangers et les contraintes ne doivent pas m’arrêter.

Véronique Dupuis : Les sujets de vos documentaires sont éclatés et ne touchent pas tous aux mêmes intérêts. De quelle façon choisissez-vous vos projets ?

Viveka Melki : Dans le processus de création, ce n’est pas tant la boîte que le contenu qui compte. Si un projet doit devenir un film, cela sera un film. Si un autre est appelé à devenir un spectacle de cirque, alors ça le deviendra. Même chose si ça doit être une exposition. Je ne raconte pas l’histoire comme je veux, mais de la manière dont elle doit être racontée. Le but, c’est de transmettre l’histoire, de savoir à qui je vais la raconter et comment les gens vont la recevoir. History is a story first. De plus, pour que les gens portent attention à ce que l’on a à dire, on doit le faire avec les moyens et les technologies actuels. Par exemple, pour le projet Qualia[7], racontant la vie d’Elsie Reford, j’ai utilisé l’art du cirque. Si j’avais attaché l’histoire à un film, peut-être que les gens n’auraient pas porté autant d’attention au récit. En me promenant dans les Jardins de Métis, j’ai vu les fleurs, la beauté, mais aussi la magie. C’est à ce moment que j’ai convenu que le cirque allait devenir le médium. Bref, ce sont les éléments dans l’histoire qui décident de la forme, du contenant.

Souvent ce sont les sujets qui arrivent sur mon chemin. En ce qui concerne Carrick’s, c’est un article dans The Globe and Mail qui m’a interpellée. Mais une chose est certaine, quand je vois quelque chose qui selon moi doit être raconté, je ne lâche pas. Tout simplement parce que je sens qu’il y a quelque chose dans l’histoire qui n’est pas encore dit. On pense parfois qu’au cinéma, tout a déjà été fait. Cependant, il n’a pas été fait par nous ! Par exemple, un grand nombre d’historiens ont écrit sur la Première Guerre mondiale, mais on doit avoir le courage de le faire à notre manière, avec notre point de vue. Elsie Reford, on connaît son histoire. Mais c’est avec ma recherche que l’on a appris que toute sa correspondance a été brûlée à la fin de sa vie, car dans son testament cette demande était écrite. On prend ce qui nous touche dans l’histoire et peut-être que ça intéressera aussi 4 000 personnes comme dans le cas de Qualia. On ne doit pas arrêter de raconter l’histoire, car la mémoire file vite. On oublie rapidement. We have to maintain memory. If we don’t, it disappears. Avez-vous déjà entendu un enfant à qui on raconte une histoire dire que c’est ennuyant ? Non. Il dit « raconte-moi encore » !

Véronique Dupuis : Vos films sont toujours teintés d’une dimension humaine qui leur donne une touche personnelle et très ancrée dans la réalité. Il est d’ailleurs possible de l’observer dans vos derniers documentaires Correspondances de guerre et La vie après le cirque[8]. L’émotion des gens y est toujours présente, sans pour autant tomber dans le sensationnalisme. Beaucoup de documentaires se concentrent sur des faits et des statistiques. Pourquoi la dimension humaine est-elle si importante pour vous ?

Viveka Melki : Les statistiques sont importantes, les faits le sont aussi et je dois dire qu’il y a une multitude de vérificateurs sur mes projets ! Des gens de l’armée, du Musée de la guerre à Ottawa, des historiens. J’ai énormément de respect pour eux. Mais à la fin de la journée, je ne me souviens pas des statistiques. Je me rappelle plutôt comment les gens m’ont fait sentir. C’est pour cette raison que beaucoup de musées se tournent vers les cinéastes. Parce que ces derniers sont collés à la réaction de l’audience. On crée l’émotion, on construit un film pour raconter une histoire. Ce qui est difficile en ce qui concerne les expositions, c’est qu’on ne contrôle pas les visiteurs. Ils vont à gauche, puis à droite. On a moins de temps pour passer notre message. Si je dois vous laisser sur quelque chose concernant John McCrae[9] ou si je souhaite vous raconter la vie de Jean Brillant[10], que pourrais-je vous dire ? Est-ce que vous retiendrez que ce dernier était rattaché au Royal 22e Régiment une fois rendu en Angleterre ? Peut-être que oui ou probablement pas. Mais est-ce que vous vous souviendrez qu’il a mérité la Croix de Victoria[11] parce qu’il a sacrifié sa vie pour ses compatriotes au front ? Oui. Je suis intéressée par qui étaient les gens, ce qu’ils ont fait. C’est la nature humaine qui m’importe. L’histoire sert à comprendre qui nous sommes. Je crois qu’en comprenant les histoires des autres, on juge moins. Il arrive aussi que l’on se questionne sur ce que l’on aurait fait si on avait été à leur place. Par exemple, en 1939-1945, c’était une guerre mondiale. La plupart d’entre nous ne savent pas ce qu’est une guerre mondiale, car on ne l’a jamais vécu. Certains affirment que les Canadiens n’auraient pas dû y aller. Hitler était à la porte ! Les gens qui y ont participé répondent à cette affirmation : « Quand ce sera ton tour, tu jugeras s’il fallait y aller ou non ».

Je ne crois pas que le fait que je suis une femme y est pour quelque chose. Beaucoup d’hommes racontent les choses de cette manière. Le réalisateur Hugo Latulippe par exemple, a présenté une superbe exposition[12] au Musée de la civilisation de Québec qui va dans ce sens. Par ailleurs, lorsqu’on dit que les femmes racontent les histoires différemment, je crois que c’est vrai.

Véronique Dupuis : En plus de cette humanité, vos projets artistiques évoquent un fort volet historique. Pourquoi l’histoire vous interpelle-t-elle autant ?

Viveka Melki : Ce sont sans aucun doute les cours d’histoire que j’ai eus en Angleterre étant jeune et la façon dont celle-ci m’a été enseignée qui m’influencent encore aujourd’hui. C’est cela qui a marqué mon chemin et qui a impacté sur la manière et les raisons qui me poussent à raconter l’Histoire. Cette matière était priorisée. Nous allions au théâtre ainsi qu’au musée et les choses apprises et vues ont marqué ma vie. Pourtant, je viens de l’Afrique. Ce n’était pas mon histoire. Aujourd’hui, je fais volontairement le choix de raconter certains événements historiques. Comme immigrante, je choisis d’appartenir à ces récits et en retour, ces derniers m’appartiennent. Et si on demandait à un immigrant de l’Ouest canadien de raconter sa version, sa perception de l’histoire ? Il y a une tonne de récits autochtones que j’aimerais raconter. Ce ne sont pas mes histoires, mais ce sont celles du pays auquel j’appartiens.

Véronique Dupuis : Réaliser un documentaire historique doit sans doute prendre beaucoup de temps et d’énergie. Un grand travail de recherche est nécessaire pour recueillir les informations, les valider et les utiliser à bon escient. À travers vos expériences, quelles difficultés rencontrez-vous lors de vos recherches ?

Viveka Melki : Prenons par exemple une carte postale dont j’ai besoin pour mon exposition Fleurs d’armes. Elle date de 1914, vient d’Angleterre et se nomme « dévotion ». Cela coûte 1 200 $ pour les droits afin que je puisse la mettre dans l’exposition. Le problème ici c’est que les historiens, les documentaristes, les étudiants et j’en passe veulent raconter des histoires, mais doivent payer pour les archives. Celles-ci appartiennent maintenant à de grosses maisons de production comme Getty images, Reuters, Pathé ou Independent Television News (ITN). Environ six maisons possèdent et contrôlent toutes les archives et à moins de payer un très fort prix, on ne peut utiliser ces dernières. C’est une situation récurrente. Si je veux montrer Correspondances de guerre dans les écoles, je dois acheter les archives à titres éducationnel et télévisuel. Si je veux mettre un document dans une exposition, une archive canadienne de surcroît, je dois la payer à une maison de production aux États-Unis. Ce pays possède une immense partie des archives canadiennes. On se retrouve à devoir importer notre histoire ! Les enseignants ne peuvent pas utiliser le matériel qu’ils veulent dans leur classe, car ce n’est pas libre de droits. History has become a commodity ! Alors qui paie ? Qui peut raconter l’histoire ? L’artisan qui travaille sur un projet doit prendre une partie de son budget pour payer les archives, au détriment de son salaire et d’autres éléments importants.

Actuellement, je négocie pour une énième fois le prix d’une archive ! Mais je vais la prendre, cette image. En tant qu’artiste et réalisatrice, je vais sacrifier certains aspects de mon projet. Les acrobates qui travaillaient avec moi sur La vie après le cirque disaient : « Don’t pay me, let me perform ». C’est la même chose pour le cinéaste. Nous devons faire des sacrifices pour mettre les images ou les archives que l’on souhaite dans notre film. Lorsqu’on arrivera face à l’exposition Fleurs d’armes, je veux que l’on ressente l’émotion à 100 pour cent. Cette exposition sera vue par deux millions de personnes. On parle ici d’une décision de 1 200 $ qui aura des effets sur des adultes et des enfants qui vont voir, sentir et vivre quelque chose. En raison de cela, je ne peux refuser un document pour son prix. Dans les budgets, nous n’avons pas le choix de prévoir des coûts d’archives. Pour Fleurs d’armes, j’ai prévu un montant parce que je savais que ce genre de situation comme celle pour la carte postale arriverait.

Avec Carrick’s, cela a été un peu différent puisque certaines archives n’étaient pas encore trouvées. J’étais la première à les dénicher, alors j’ai pu les utiliser. Toutefois, je considère que j’ai été chanceuse d’avoir eu une subvention de Radio-Canada qui me permettait d’être recherchiste pour mon propre projet. Sans cela, je n’aurais pu faire ces fouilles. Mais si un jour une des grandes maisons de production achète ces archives, cela coûtera peut-être 600 $ pour les utiliser. Et on parle des mêmes images ! Un autre exemple : dans Fleurs d’armes, je montre le stress post-traumatique via une vidéo. Je dois payer 1 500 $ pour 30 secondes, et ce, pour une durée limitée.

De nos jours, les films que l’on voit sont en fait le résultat de ce que le cinéaste a pu acheter. Il ne met pas ce qu’il veut dans son film, mais ce qu’il peut se procurer. Si on demande à un artiste ce qu’il voulait faire avec son film et ce qu’il a été capable de faire après qu’il ait respecté toutes les lois et payé tous les droits, il y a une grande différence. À vrai dire, il est maintenant devenu plus facile de reconstruire l’histoire sous forme de fiction que d’acheter les images pour produire un documentaire. Il y a des pays comme la France qui ont fait le choix de libérer les archives pour certains projets et pour que l’on puisse continuer de raconter les événements. L’Allemagne par exemple a libéré beaucoup d’archives après la Deuxième Guerre mondiale. J’ai d’ailleurs pu en utiliser dans mon film Correspondances de guerre. Parce qu’au final, à quoi servent les archives ?

La raison qui fait que je suis capable de faire des projets en histoire est parce que j’ai beaucoup diversifié mon éducation. J’ai entre autres un Baccalauréat en communications avec une spécialité en collectes de fonds ainsi qu’en études féminines et cela me permet de faire ma place. Il faut être très stratégique pour travailler en histoire et je ne parle pas seulement du métier de cinéaste. Pour faire des projets historiques, on doit se transformer en une pieuvre à huit bras, car on doit être capable de mettre la main sur l’argent nécessaire, de créer des liens avec les institutions, de trouver un endroit prêt à accueillir le projet, etc. Si j’avais à donner un conseil à un jeune historien ou à un jeune chargé de projet en histoire, je lui dirais qu’il doit apprendre à rédiger une demande de subvention. Un artiste, un chercheur ce sont aussi des entrepreneurs.

Une autre chose est que ce serait bien que tout soit numérisé et que les lettres soient retranscrites. On pourrait engager des étudiants l’été pour faire ce travail.

Enfin, il est essentiel que les petits musées en régions aient accès à du financement. Ceux-ci essaient de survivre avec rien. Tout ça parce qu’ils ne sont pas sur la liste des grands musées ? Il faut un financement pour les supporter et pour aider les gens qui tiennent à bout de bras ces organisations.

Véronique Dupuis : Le film Correspondances de guerre, qui se divise en deux parties, traite des deux Guerres mondiales, mais plus particulièrement de la correspondance écrite qui en a résulté entre les hommes postés au front et les familles restées au Québec. Vous avez dû sillonner un grand territoire et chercher parmi la population des gens ayant en leur possession des lettres et des documents relatifs à cette époque. En général, de quelle manière trouvez-vous les intervenants qui apparaissent dans vos films ? Quelle est votre méthode de dépouillement des données et de traitement des informations ?

Viveka Melki : Pour l’ensemble de mes projets, j’utilise tous les moyens possibles pour trouver les gens et les documents nécessaires. Il est important de dire que si je trouve aujourd’hui une information ou un document qu’un historien a cherché longtemps, c’est parce que maintenant, j’ai les outils pour y parvenir. C’est la même chose en archéologie. On travaille avec les moyens accessibles à notre époque. De nos jours, nous avons les technologies et les tests ADN, par exemple. Parce qu’il y a des documents numérisés, je peux aller sur Google et trouver très rapidement une mine d’informations. De surcroît, je le fais de chez moi. Toutefois, il faut être prudent et critique, car maintenant, il y a un surplus d’informations.

Enfin, je tiens toujours un rapport de recherche très précis. Il est primordial que l’on soit capable de vérifier d’où viennent les informations et de donner le crédit de la source lorsque tout est rendu public, car quelqu’un a travaillé fort avant nous. À partir de ce rapport, j’écris le scénario. Somme toute, chaque détail d’un scénario, d’un spectacle ou d’une exposition provient de la recherche. Selon moi, la recherche est la colonne vertébrale d’un projet. Si le processus de création ou la scénarisation ou le tournage ne fonctionnent pas bien, c’est parce que le travail de recherche n’a pas été fait adéquatement. Tout se fait en amont et on doit savoir dès le début ce que l’on cherche et où l’on va.

Véronique Dupuis : Les deux grands conflits mondiaux sont restés dans la mémoire de plusieurs générations. Toutefois, les gens de celles plus récentes semblent être à mille lieues de ces épisodes qui ont façonné notre histoire. Le film Correspondances de guerre se voulait-il un rappel de ces conflits ? Selon vous, y a-t-il une urgence de parler de ce sujet et de rencontrer les gens qui y ont pris part directement ou indirectement ?

Viveka Melki : Je remarque qu’une personne qui voit le film est davantage marquée quand elle a dans sa famille des gens qui ont vécu ces conflits. Personnellement, je n’ai eu personne dans mon cercle familial qui a combattu, mais j’ai quand même été influencée par ces guerres. Je viens d’un pays qui était en conflit. Je crois tout simplement qu’il faut essayer de rattraper le fil et les souvenirs chez une personne pour que l’histoire lui appartienne. Après le visionnement de Correspondances de guerre, des descendants de soldats viennent me voir en pleurant pour dire : « Ça, c’était mon père. Le silence que j’ai vécu dans ma famille, je ne le comprenais pas. Maintenant je le comprends. » Par ce documentaire, nous leur faisons réaliser quelque chose, la souffrance qu’ils ont vécue de génération en génération. En revanche, ceux qui voient le film et qui n’ont personne de leur entourage qui a participé aux guerres comprennent aussi le conflit, le silence, la souffrance.

En ce qui concerne les jeunes, j’espère qu’ils ne vivent jamais ce type de conflit. J’espère que ma fille ne le connaisse jamais. Étant en Angleterre, j’ai saisi la Deuxième Guerre mondiale parce que j’ai compris les gens qui l’avaient vécu. On n’a pas besoin de parler à 10 000 personnes si on discute avec une seule et que l’on comprend ce qu’elle a vécu. Selon moi, il est impossible d’étudier les deux conflits mondiaux dans leur ensemble, car c’est un énorme morceau d’histoire. On doit y aller dans les détails, afin de mieux cerner les choses.

Véronique Dupuis : En 1847, le navire Carrick’s quitte le port de Sligo en Irlande et se dirige vers Grosse-Île avec à bord 173 personnes fuyant la famine et les épidémies. Dans la nuit du 28 avril, le bâtiment fait face à une tempête et sombre au large de Cap-des-Rosiers, à la pointe de la Gaspésie emportant dans la mort 125 passagers. De ce nombre plus de 80 sont enterrés dans une fosse commune à Cap-des-Rosiers. Plus qu’un documentaire, cette œuvre s’apparente à une quête, à une volonté de comprendre cette histoire et de lever le voile sur ce qui s’est réellement passé pendant cette nuit tragique. Vos racines africaines sont bien loin de l’Irlande. Pourquoi cet intérêt à parler du Carrick’s et de son naufrage ?

Viveka Melki : Simplement parce que c’est une partie de mon pays. C’est mon histoire et celle de ma fille et on doit la raconter. Si on ne le fait pas, qui le fera ? De plus, le Carrick’s a un mystère. J’ai trouvé dans cette histoire quelque chose qui n’était pas terminé et qui d’ailleurs ne le sera jamais. On ne saura jamais ce qui s’est réellement passé cette nuit-là. Nous ne pouvons que tenter de mettre les pièces du casse-tête ensemble, de la meilleure manière qui soit.

Véronique Dupuis : Le naufrage du navire a, comme bien d’autres, sombré dans l’oubli. Un des grands rappels concernant la tragédie est sans doute les noms de famille des survivants tels les Kavanagh et les O’Connor qui se sont établis à Cap-des-Rosiers ou dans les villages voisins après l’incident et qui subsistent encore aujourd’hui. La recherche concernant ce documentaire est-elle comparable à celle effectuée pour les autres films ? En quoi celle-ci diffère-t-elle ?

Viveka Melki : Non seulement il n’y avait presque aucune recherche faite à ce sujet, mais il y avait du faux dans ce que je trouvais ! Il y avait aussi de nombreux contes de village. J’avais trois types d’informations : de fausses archives, de véritables fonds d’archives et la mémoire collective. Je devais sans cesse contrevérifier les données. Et malgré tout cela, je devais garder le cap et toujours me questionner sur ce que je voulais réellement dire. De plus, il existe de nombreuses versions quant au nombre de passagers qu’il y avait sur le navire, tout simplement parce que le décompte n’a pas été fait à l’embarquement. Il y a une grande quantité de données et d’informations manquantes ou contradictoires concernant ce naufrage, ce qui a rendu le travail de recherche bien ardu.

Véronique Dupuis : Un autre projet sur lequel vous travaillez se nomme War flowers/Fleurs d’armes. Pouvez-vous nous parler de ce projet ?

Viveka Melki : L’exposition est basée sur ma perception que l’être humain peut trouver de l’espoir au milieu de l’horreur. Pendant plusieurs mois au cours de la Première Guerre mondiale, un homme a cueilli des fleurs au front pour les envoyer à sa fille. Quand j’ai vu les fleurs, j’ai vu l’espoir. J’ai une énorme capacité de résilience, parce que je viens d’une culture qui est comme ça. Personnellement, quand je perçois l’espoir au milieu de la guerre, je comprends cette capacité qu’a l’être humain de le trouver. En raison de cela, j’ai créé une exposition qui s’appelle Fleurs d’armes.

J’ai demandé à deux autres artistes, Alexandra Bachand et Mark Raynes Roberts pour travailler avec moi. Mark a fabriqué des cristaux optiques pour chacune des dix stations. Il y a donc une floriographie relative à dix fleurs différentes. À l’époque victorienne, les fleurs étaient utilisées pour parler des émotions. Dans un coquelicot, par exemple, repose la symbolique du repos éternel. Les dix fleurs correspondent ainsi à dix émotions tels la solitude, la mémoire, l’innocence, la dévotion, l’amour maternel, etc. Ces émotions sont à leur tour rattachées à dix Canadiens qui, je pense, avaient ces qualités ou ont eu ces sentiments.

Enfin, cette exposition a aussi un volet olfactif. Alexandra Bachand a eu l’idée de créer des parfums pour chacune de ces émotions. Une partie du cerveau garde en mémoire des odeurs et les relie à nos souvenirs. Toutefois, chaque personne est stimulée différemment, car les souvenirs ne sont pas les mêmes pour tous. J’ai fait le test il y a quelques semaines et j’ai été complètement bouleversée. La mémoire olfactive est très forte.

L’exposition voyagera dans quatre lieux au Canada soit Grand-Métis, Montréal, Ottawa, Toronto, ainsi qu’à Vimy, en France.

Véronique Dupuis : Pour faire des documentaires et des projets à caractère si humain, il faut être sensible à l’émotion et faire preuve d’empathie. Toutefois, il est primordial de garder un œil neutre afin de bien présenter les faits, les personnages et les événements. De quelle manière arrivez-vous à naviguer entre l’émotion et la rigueur qu’impose la démarche historique ?

Affiche du film Carrick’s.

Viveka Melki : Je vis beaucoup cette situation en ce moment avec Fleurs d’armes. On ne doit jamais compromettre la vérité et notre opinion n’est pas la vérité. Moi, je trouve qu’on ne parle pas assez de ce qui s’est passé pendant la Première Guerre mondiale. C’est pourquoi j’ai choisi de créer Fleurs d’armes. Aussi j’ai voulu relier le tout à l’époque victorienne, car à cette époque, on ne parlait pas des émotions ; on avait plutôt les fleurs pour les dire. Ça, c’est mon opinion. Mon idée. Toutefois, ça ne doit pas changer les faits concernant les hôpitaux, les armées, les régiments, etc.

J’ai vu avec Carrick’s ce qui se passe quand l’histoire est réécrite en écoutant nos émotions. Les récits peuvent devenir n’importe quoi. Lors de mes recherches, je me disais : « Ha ! Je voudrais tant que les ossements de la fosse commune soient ceux de la famille Kavanagh ! » Cela aurait été le scénario idéal. En dépit de cela, je n’ai pas triché. C’est la science, les analyses des ossements en laboratoire qui ont déterminé les résultats. Il ne faut jamais compromettre la vérité et la transparence est essentielle. Je ne suis pas quelqu’un qui tombe dans le sensationnalisme.

Je ne vais pas non plus me rendre dans un village, prendre l’histoire des gens et quitter pour la raconter d’une façon inappropriée. Soyons honnêtes et les gens nous feront confiance. Ils partageront avec nous des informations importantes pour eux, leur vraie histoire.

Véronique Dupuis : Vous n’avez pas de formation en histoire. Pourtant, vous faites sensiblement le même travail de recherche que l’historien. Vous fouillez les archives, vous dépouillez des centaines de documents, vous recueillez des témoignages, vous vous renseignez sur des épisodes bien précis du passé, etc. Vous semblez aussi vivre les mêmes frustrations que l’historien face aux données manquantes, à la pièce du casse-tête mal placée ou à la difficulté d’accès à l’information. Souffrez-vous parfois du syndrome de l’imposteur ? Croyez-vous plutôt que l’historien et le documentariste devraient collaborer davantage ?

Viveka Melki : Pour moi, ce n’est pas le titre qui compte. Que tu sois historien, scientifique ou professeur, si on travaille dans le même but, pour raconter l’histoire, c’est parfait ! L’important est de travailler dans la collaboration et le respect. Je ne dis pas que c’est toujours facile ! On doit faire des compromis et je sacrifie tout, moi-même incluse, pour un projet. Réaliser c’est comme être un capitaine d’un navire. Tu sais où tu vas et c’est le bateau ainsi que la destination qui comptent. Tu dois décider par quel chemin le navire passe. C’est une énorme responsabilité de raconter la vérité.

On ne doit pas rester cantonnés dans notre art, dans notre métier. On doit partager nos connaissances, collaborer. J’ai énormément de respect pour les historiens et c’est pourquoi je suis allée chercher un mentor au Musée de la guerre à Ottawa pour Fleurs d’armes. Je n’ai jamais fait d’exposition, alors j’écoute leurs conseils et je fais les changements nécessaires. Ces gens sont qualifiés, ils savent de quoi ils parlent.

Véronique Dupuis : Viveka, vous êtes cinéaste, mais vous êtes d’abord une citoyenne engagée. Pour vous, quels sont les grands événements ou les sujets dont il est impératif d’enseigner pendant les cours d’histoire dans nos écoles? Selon vous, le Québec se souvient-il autant que sa devise le laisse entendre ?

Viveka Melki : Il y en a tellement ! Premièrement, on ne peut pas nier les histoires francophone, anglophone et autochtone. Et si celles-ci ne s’imbriquent pas parfaitement l’une dans l’autre, elles méritent tout de même d’être racontées et examinées avec un œil critique et engagé. On ne peut pas les cacher sous le tapis. On doit apprendre aux enfants à penser, à être des citoyens critiques.

Il faut aussi engager des gens provenant de tous les horizons pour raconter l’histoire. Des jeunes et des personnes âgées. Encourageons-les à parler, à transmettre leurs expériences, leurs souvenirs. On ne doit pas avoir peur de répéter les histoires et surtout de les raconter à notre façon, avec notre vision des choses.

Comme société, nous n’investissons pas assez pour garder l’histoire vivante. Nous n’en faisons pas une priorité. C’est la mémoire collective qui s’évapore !

Véronique Dupuis : Vous êtes une artiste prolifique qui semble être toujours en mouvement et en constante recherche de projets. Quels sont les thèmes que vous aimeriez abordés au cours des prochaines années ?

Viveka Melki : Mon prochain projet traitera de la Deuxième Guerre mondiale au Japon et des prisonniers canadiens qui y ont subi la plus longue période d’incarcération pendant ce conflit. Le titre sera Alouette.

Véronique Dupuis : Un mot, une phrase ou une réflexion que vous voudriez partager avec nos lecteurs ?

Viveka Melki : Je crois qu’il y a un historien qui sommeille dans chaque famille, alors écoutez-le, supportez-le. Faites des cahiers de photos, écrivez l’histoire, votre histoire. Regardez les documentaires historiques et surtout, amenez les enfants au musée !

Pour en savoir plus

Site Web de Viveka Melki

Site Web Tortuga Films

Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec

Dates à retenir

Carrick’s : dans le sillage des Irlandais sera télédiffusé, dans toutes les régions du Québec et en Acadie, à l’antenne de Radio-Canada dans le cadre de la série 1001 vie le 6 mai 2017 à 21h00, puis nationalement le 11 juin 2017 à 14h00.

L’exposition Fleurs D’armes / War flowers sera tenue aux dates et aux endroits suivant :

  • 3 juin 2017 : Jardins de Métis, Grand-Métis
  • 12 octobre 2017 : Musée de la guerre, Ottawa
  • 28 janvier 2018 : Campbell house, Toronto
  • 1er avril 2018 : Vimy, France
  • Septembre 2018 : Château Ramezay, Montréal

[1] Ce documentaire traite de la situation de trois enfants travaillant dans trois communautés agricoles du Guatemala, du Nicaragua et du Costa Rica. Dans ces trois cas, leurs familles font partie d’une coopérative qui vise à améliorer leur sort et à faire des choix durables. Des préoccupations face à différents enjeux y sont soulevées. Le film a fait partie des sélections officielles des Rendez-vous du Cinéma Québécois et du festival Planet in Focus de 2009. Il a de plus été en nomination pour le prix Pierre et Yolande Perreault.

[2] Court métrage mis en nomination au festival Regard sur le court métrage et au Puerto Rico Film Festival.

[3] En tenant compte des six articles du serment d’Hippocrate, cette série met en lumière six médecins qui exercent au sein de populations qui vivent des réalités différentes les unes par rapport aux autres. On découvre le quotidien de chacun de ces hommes et femmes dans des régions telles Rimouski, la Basse-Côte-Nord, Maniwaki, La Baie, le Bénin et dans des communautés Cris, Inuit et Franco-ontarienne.

[4] «Quelques rares vétérans sont encore présents pour partager leurs histoires, leurs lettres du front, même censurées, et cela démontre le fossé qui existe encore entre ce dont ils choisissent de se souvenir et ce qu’ils ne peuvent oublier». (Source : Tortuga Films)

[5] À travers l’histoire du naufrage du Carrick’s en 1847, Charles Kavanagh, le descendant de l’un des naufragés, découvre l’histoire de sa famille, mais aussi l’héritage irlandais au Québec. Telle est la quête de bien d’autres descendants d’immigrants irlandais de la province.

[6] Selon l’organisme Réalisatrices Équitables, plus les budgets pour les films sont élevés, moins il y a de femmes à la réalisation. De plus, étant donné que le cachet de réalisation est un pourcentage du budget global, le salaire des femmes est de ce fait moins élevé. Les réalisatrices semblent aussi absentes des grosses productions tels les variétés, les galas, les grandes séries, etc.

[7] La troupe de cirque reconnue mondialement Les 7 doigts de la main a présenté ce spectacle aux Jardins de Métis. La vie d’Elsie Reford, créatrice des jardins du même nom situés à Grand-Métis, au Bas-Saint-Laurent, y était racontée. Plus de 4000 spectateurs, dont 800 enfants âgés de moins de cinq ans ont assisté aux représentations. Le spectacle a eu lieu les 24 et 25 août 2012.

[8] Ce documentaire traite de la réalité des artistes du cirque une fois que les projecteurs ne sont plus braqués sur eux et que l’heure de la retraite approche. C’est un portrait empreint d’humanité qui est fait dans ce film tourné dans la «capitale du cirque», la ville de Saratosa en Floride. Le documentaire a été en nomination dans la catégorie Canadian Spectrum Feature Length au HotDocs 2016, au Saratosa Film Festival en 2016, dans la catégorie National Best Feature Length à la Rencontre Internationale du Documentaire de Montréal en 2016 et au Rendez-vous du Cinéma Québécois en 2015.

[9] Le lieutenant-colonel John McCrae fut soldat et médecin lors de la Première Guerre mondiale. Né le 30 novembre 1872 à Guelph en Ontario, il décède le 28 janvier 1918 à Wimereux en France. Il est l’auteur du poème Au champ d’honneur, un des plus célèbres textes de la Grande Guerre.

[10] Jean Brillant fut soldat pendant la Première Guerre mondiale. Il est né à Assametquaghan, au Québec le 15 mars 1890. Il s’engage comme volontaire en 1915 dans le 189e Régiment (Témiscouata et Rimouski). Il décède le 10 août 1918 suite à des blessures infligées au cours de la bataille d’Amiens.

[11] La Croix de Victoria a été instituée en 1856 et est la première distinction militaire du Commonwealth. Il s’agit de la plus haute distinction et est remise pour des actes de bravoure exceptionnels face à l’ennemi. Au total, 93 Canadiens ont reçu cet honneur. Cette médaille est abandonnée depuis 1972.

[12] 25 X la révolte! retrace 25 événements depuis la chute du mur de Berlin jusqu’à aujourd’hui qui ont marqué notre époque. Le cinéaste a mené 18 entrevues qui témoignent de ces bouleversements et de leurs conséquences.