L’affaire Sir George Williams dans la presse étudiante universitaire*

Publié le 12 février 2020

Par Marie-Laurence Rho, UQAM

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Lendemain d’émeute, février 1969. Source : Archives de l’Université Concordia.

À l’hiver 1969, des étudiants antillais de passage à Montréal dans le cadre de leurs études ont occupé, avec leurs alliés blancs, le centre informatique de l’Université Sir George Williams à Montréal. Cette occupation a été orchestrée afin de protester contre des manifestations de racisme s’étant produites au sein même de l’université. Le présent article propose de questionner la façon dont a été reçue cette mobilisation anti-raciste par les étudiants universitaires des campus de la métropole dans le contexte des «années 68» où le militantisme étudiant est exacerbé, non seulement au Québec, mais à l’échelle globale également.

Mots clés : Montréal; les «années 1968»; militantisme; militantisme noir; Black Power; presse étudiante; mouvement étudiant; université

Les «années 68», période d’activisme politique ayant touché les campus universitaires de plusieurs villes du monde entre 1967 et 1969, incarnent un mouvement global dont les expressions locales s’inscrivent dans des contextes nationaux singuliers. Cet article vise justement à étudier l’un des épisodes du militantisme propre au mouvement soixante-huitard montréalais: l’affaire Sir George Williams. Nous tâcherons de montrer comment ce mouvement d’activisme s’inscrit dans le contexte militant québécois et montréalais des années soixante et comment son étude permet de complexifier le portrait du militantisme des «années 68» à Montréal.

Soulignons d’abord que les rares travaux en histoire qui se sont intéressés au phénomène des «années 1968» à Montréal intègrent, sans grande surprise, la dimension du militantisme pour les droits linguistiques[1]. Effectivement, dans le contexte montréalais des années 1960, un discours engagé, largement axé sur les droits linguistiques de la majorité francophone, se consolide. Avec l’émergence des mouvements sociaux de la décennie et l’affirmation d’un néo-nationalisme à l’échelle du Québec, la protection de la langue française mobilise plus que jamais une quantité significative de militants. À cet effet, selon Marc V. Levine, ce sont les institutions scolaires qui, dans le contexte montréalais de la fin des années soixante, deviennent la pierre angulaire du mouvement pour les droits linguistiques. En ce qui concerne les écoles primaires et secondaires, le libre choix des parents à envoyer leurs enfants à l’école en français ou en anglais commence à poser problème à la population francophone lorsque, dans la période d’après-Deuxième Guerre mondiale, l’arrivée d’un nombre croissant d’immigrants qui envoient majoritairement leurs enfants à l’école anglophone laisse présager la mise en minorité des francophones à Montréal[2]. À cet effet, pensons ici à l’épisode de la crise linguistique de Saint-Léonard, qui a mené à un affrontement autour de la question de la langue d’enseignement dans les écoles primaires de Saint-Léonard entre les parents francophones et les parents d’origine italienne de cette municipalité de l’île de Montréal. D’un autre côté, dans le cas des universités de la métropole ; le déséquilibre entre le nombre d’institutions anglophones (Sir George Williams et McGill) et francophone (Université de Montréal) pose la question de l’égalité des chances d’accès aux études supérieurs pour les francophones qui réclament la création d’une seconde université de langue française. C’est justement dans ce contexte que l’opération McGill français a mobilisé différents groupes d’étudiants et de travailleurs sur le campus de l’Université McGill, à l’hiver 1969, pour réclamer la conversion de cette institution anglophone et bourgeoise en une université populaire de langue française. Dans une moindre mesure, le mouvement d’occupation des cégeps de la région métropolitaine d’octobre 1968, bien qu’ayant été porteur de revendications allant au-delà du facteur linguistique, était lui aussi ancré dans une rhétorique nationaliste et anti-impérialiste assez critique des structures de pouvoir, fréquemment associées à l’élite anglo-saxonne.  Dans ce contexte, il apparaît essentiel de ne pas négliger le poids du militantisme pour les droits linguistiques à Montréal dans la consolidation du mouvement soixante-huitard, dont les action politiques sont principalement centrées autour des institutions scolaires de la métropole .

De son côté, l’affaire Sir George Williams, dont il sera question ici, s’inscrit dans le militantisme pour les droits civiques à Montréal plutôt que dans la foulée des revendications pour les droits linguistiques. Or, à notre avis, ce mouvement d’occupation peut et doit faire également partie des événements pris en compte dans le chantier historiographique du mouvement soixante-huitard montréalais. C’est en ce sens que cet article, en incluant les militants de Sir George Williams à une étude de cette période de l’histoire de la métropole, permet de faire la lumière sur des dimensions encore inexplorées par l’histoire des «années 68» à Montréal.

Précisons, avant toute chose, que l’affaire Sir George Williams est le nom attribué au mouvement d’occupation du neuvième étage du Henry F. Building de l’Université Sir George Williams, aujourd’hui connu sous le nom de l’Université Concordia. Cette occupation qui se déroule à l’hiver 1969 est orchestrée par des étudiants antillais de l’université et fait suite à l’inaction de l’administration vis-à-vis d’une plainte déposée par ces mêmes étudiants une année auparavant concernant les comportements racistes du professeur de biologie, Perry Anderson. Selon ces étudiants antillais de passage à Montréal dans le cadre de leurs études, Anderson attribuait systématiquement des échecs ou de très mauvaises notes aux étudiants noirs de sa classe. L’indifférence de l’administration vis-à-vis de cette manifestation de racisme au sein de l’université a mené, le 29 janvier 1969, plus de 200 étudiants à occuper spontanément le centre informatique du neuvième étage. Soulignons que, pour l’essentiel, les deux semaines de protestation se sont déroulées pacifiquement jusqu’à ce que l’administration de Sir George Williams, le 11 février 1969, donne le feu vert à la police pour mettre fin à l’occupation. C’est en laissant présager qu’une entente pourrait être conclue entre les manifestants et l’administration que celle-ci en a plutôt profité pour réprimer le mouvement de façon violente. Dans le cadre de cette intervention policière, le feu s’est déclenché au 9e étage de l’université, emportant avec lui tout le matériel du centre informatique. Plusieurs des occupants, dont des étudiants noirs et certains de leurs alliés blancs, ont ensuite fait face à des accusations criminelles; certains d’entre eux ont été emprisonnés, d’autres ont été renvoyés dans leur pays natal sans le diplôme qui avait motivé leur passage à Montréal[3]. Dans l’ouvrage Nègres noirs, nègres blancs. Race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal, David Austin précise que la révolte de l’Université Sir George Williams est l’occupation étudiante la plus importante dans l’histoire du Canada tout en étant le geste de désobéissance civile le plus destructeur du monde sur le plan matériel à être survenu dans un campus universitaire[4]. L’affaire Sir George Williams, qui a pris la forme d’une occupation dont les revendications sont ancrées dans une idéologie anti-autoritaire, anti-impérialiste et anti-raciste, s’inscrivent dans des répertoires d’actions et d’idées communs aux mouvements soixante-huitards à travers le monde. C’est en ce sens que cet événement se prête tout à fait à la catégorie historique des «années 68».

Ainsi, vu l’ampleur des événements et considérant l’importance de cette occupation pour l’histoire du mouvement soixante-huitard montréalais, il apparaît fort pertinent de questionner la façon dont l’affaire Sir George Williams a été reçue dans les milieux étudiants des différentes universités de la métropole. Dans ce contexte de la fin des années soixante, où le Black Power montréalais est particulièrement organisé et actif et où les étudiants francophones sont largement mobilisés au sein des cégeps de la métropole et de l’Université de Montréal, nous tenterons de vérifier comment un événement tel que l’affaire Sir George Williams a su éveiller la solidarité des étudiants montréalais. C’est donc dans cette optique que nous aborderons ici la couverture journalistique des événements de l’hiver 1969 dans trois journaux étudiants, soit The Georgian, journal étudiant de l’Université Sir George Williams; The McGill Daily pour l’Université McGill ainsi que Le Quartier latin publié à l’Université de Montréal.

Historiographie

Bien que les événements de l’Université Sir George Williams aient souvent été laissés de côté par l’historiographie des mouvements sociaux et étudiants des années soixante au Québec; certains auteurs tels que Sean Mills, David Austin et Marcel Martel ont, dans les dernières années, contribué à historiciser ce mouvement militant. Le chantier historiographique auquel ces trois auteurs participent considère l’importance du Black Power à Montréal en rappelant qu’au cours de la deuxième moitié des années 1960, Montréal est un important centre de la pensée noire où convergent bon nombre des principaux intellectuels noirs du monde[5]. À cet effet, la ville a été l’hôte, en 1968, du Congrès des écrivains noirs et de la Conférence hémisphérique pour mettre fin à la guerre du Vietnam, ceux-ci ayant réuni des Black Panthers, des militants blancs franco-québécois et des militants du tiers-monde[6]. Ces événements, avance Austin, auraient donné un souffle aux étudiants qui ont orchestré l’affaire Sir George Williams quelques mois plus tard[7]. Mills abonde dans ce sens en soulignant justement la proximité entre le milieu universitaire montréalais et ces deux événements organisés par des militants noirs[8].

En ce qui concerne l’étude du Black Power à Montréal, l’ouvrage de David Austin, Nègres noirs, nègres blancs. Race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal, permet non seulement de souligner l’importance des événements de Sir George Williams pour l’histoire du mouvement étudiant montréalais, mais met également en lumière les relations entre ce militantisme noir et le militantisme franco-québécois de l’époque. Par le fait même, l’analyse de Austin permet d’aborder la façon dont les militants pour les droits linguistiques des francophones sont parvenus à se solidariser (ou non) avec les militants pour les droits civiques à Montréal. Par le biais d’une perspective critique, David Austin questionne l’affiliation des franco-québécois au concept de «nègres blancs d’Amérique». Bien qu’Austin reconnaisse que les Canadiens français aient pu contribuer à ranimer le spectre de la race sur la scène politique et militante en s’appropriant l’identité de la négritude[9]; il nuance ce postulat en soulignant que l’identité noire adoptée par les Franco-québécois a également participé à occulter ou à normaliser la servitude des «vrais» Noirs dans les sociétés canadienne et québécoise[10]. Afin de soulever ces contradictions, Austin s’attaque à une analyse critique du texte Nègres blancs d’Amérique de Pierre Vallières qui est à l’origine de cette idée. Austin écrit:

[…] il reste que la discrimination raciale systémique favorise même les plus pauvres des Blanc par rapport aux Noirs. C’est précisément ce type de raisonnement douteux consistant à nier les expérience vécues par les Noirs — expériences qui, tout en étant variées, transcendent souvent les différences de classe — qui fait douter de l’analyse de Vallières. En effet, comment les souffrances, mais aussi les privilèges relatifs des Blancs des milieux défavorisés, peuvent-ils avoir préséance ou jeter de l’ombre sur la situation réelle des ?vrais? Nègres? Cette manœuvre ne peut réussir qu’en rejetant les Noirs hors du discours […][11]

De surcroît, l’ouvrage de David Austin offre une lecture intéressante de l’agentivité des militants noirs à Montréal en s’intéressant à leur organisation et leurs actions dans le contexte de la métropole. Austin présente les étudiants ayant orchestré l’affaire Sir George Williams, pour la plupart originaires des Antilles, comme de véritables acteurs transnationaux, qui ont laissé derrière eux des pays très politisés et dont certains ont déjà vécu une phase nationaliste et ont assisté à la consolidation d’un discours tiers-mondiste et post-colonial[12]. Or, c’est justement de ce discours tiers-mondiste que s’inspire abondamment la Nouvelle gauche québécoise dans les années 1960. Ce croisement entre les référents idéologiques des militants noirs et des militants francophones rend d’autant plus intéressante la question de leur rencontre à Montréal.

Sean Mills, dans son ouvrage Contester l’Empire. Pensée postcoloniale et militantisme politique à Montréal, 1963-1972 consacre un chapitre à l’activisme noir montréalais dans les années 1960. Cette étude, qui s’inscrit dans une recherche visant à mettre en lumière les liens entre les différents mouvements sociaux montréalais des années 1960, permet de réfléchir à l’activisme politique des Noirs à Montréal dans un contexte plus large. Justement, Mills souligne que l’émergence de ce militantisme noir mène à l’avènement d’un mouvement qui est non seulement d’envergure internationale, mais également ancré en profondeur dans les réalités vécues à Montréal[13]. En ce sens, Mills rejoint Austin en contribuant à amener la question raciale au premier plan des réflexions historiques sur les mouvements sociaux montréalais des années soixante, généralement accaparées par la question du débat linguistique. Mills présente l’affaire Sir George Williams comme une absente du récit des événements politiques survenus à Montréal dans les années 1960, puisque considérée comme une aberration ou, au mieux, une question d’importance secondaire par rapport au conflit entre deux groupes linguistiques[14].

Les travaux de Marcel Martel au sujet de l’affaire Sir George Williams[15], particulièrement l’article «?S’ils veulent faire la révolution, qu’ils aillent la faire chez eux à leurs risques et périls. Nos anarchistes maisons sont suffisants”: occupation et répression à Sir George Williams» publié dans le Bulletin d’histoire politique, permettent de faire la lumière sur les réactions des élites journalistiques et politiques vis-à-vis du mouvement d’occupation. Martel y mentionne que la presse à grand tirage, surtout attirée par le caractère sensationnel de l’occupation, ait mis au premier plan les questions de la violence, de l’intervention policière et de l’incendie du local informatique au détriment des questions relatives au racisme institutionnalisé dont ont été victimes les occupants[16]. Ensuite, Martel précise que les événements à Sir George Williams ont été traités comme un incident dont les coupables sont des étrangers qui n’appartiennent pas à la communauté canadienne. Par conséquent, les grands journaux éliminent les facteurs internes et structurels de l’université comme possibles causes de ces événements[17]. Cela dit, si l’étude de Marcel Martel fournit un accès à la pensée dominante diffusée par les élus québécois et les médias de masse au sujet de l’Affaire Sir George Williams, aucun des travaux en histoire auxquels nous venons de faire référence ne permet d’étudier l’écho qu’a eu ce mouvement d’occupation à l’intérieur des différents campus universitaires montréalais. C’est notamment pour tenter de fournir des pistes de réponses à cette question que nous proposons ici une étude de la presse étudiante.

Finalement, l’article de Daniel Poitras «Les métèques grondent dans la cité. Les étudiants étrangers face au syndicalisme étudiant au Québec (1954-1968)»[18] nous offre des pistes méthodologiques fort intéressantes pour la rédaction de cet article. Dans le cadre de ses plus récentes recherches, Poitras s’intéresse effectivement aux rapports entre les étudiants locaux et les étudiants étrangers dans différents campus universitaires canadiens. Sa récente étude sur l’Université de Montréal permet justement de souligner l’importance de l’influence des étudiants étrangers sur les étudiants montréalais, dans un contexte où ces derniers assument de plus en plus le rôle politique qui leur incombent, tout en s’inspirant largement de l’actualité internationale pour formuler leurs propres revendications. Cela dit, conformément à la proposition que fait Poitras, nous nous pencherons ici sur les effets immédiats d’une action menée par des étudiants étrangers au sein du milieu étudiant universitaire montréalais en vérifiant sa réception dans les différents campus de la métropole.

L’occupation et la presse étudiante universitaire à Montréal

D’abord, soulignons que durant cette période des «années 1968», les journaux étudiants jouent un rôle important au Québec relativement à la couverture journalistique des événements qui prennent place à l’intérieur des campus universitaires. Faisant écho aux problèmes sociaux et politiques contemporains, les journaux étudiants ont acquis un certain degré de professionnalisme dont la réputation dépasse les frontières des campus: certains articles du Quartier latin, le journal étudiant de l’Université de Montréal, sont même parfois réimprimés dans Le Devoir. En 1962, les différents journaux étudiants se regroupent au sein de la Presse étudiante nationale (PEN). Prônant un journalisme engagé, la presse universitaire a joué un rôle actif dans la réflexion politique de l’époque.[19] C’est donc en considérant le sérieux des articles produits par les journaux étudiants dans les années 1960 qu’il nous apparaît pertinent de s’y attarder pour étudier un mouvement de l’ampleur de l’affaire Sir George Williams.

The Georgian

Le journal étudiant de l’Université Sir George Williams est de loin celui qui offre la plus grande couverture du mouvement d’occupation. The Georgian propose non seulement une grande quantité d’articles sur le sujet, mais il est également le journal qui offre la plus grande multiplicité de points de vue sur l’affaire Sir George Williams. La lecture des éditions parues entre le 21 janvier et le 19 février 1969 offre un portrait assez global des débats et des prises de position qui ont pu survenir dans la foulée des événements, du moins, à l’échelle du campus. Le journal qui était normalement publié deux fois par semaine est publié sur une base quotidienne au courant de la première semaine de février. S’il est difficile de cerner une ligne éditoriale bien claire pour The Georgian au sujet de l’affaire Sir George Williams, il est certain que le mouvement d’occupation constitue un sujet d’une haute importance pour l’équipe de rédaction, puisque sa couverture occupe presque l’entièreté des pages du journal.

Dans les premières journées de l’agitation politique, les étudiants blancs qui écrivent dans The Georgian reviennent très souvent à l’idée selon laquelle ils ne peuvent pas présumer de la culpabilité ou de l’innocence de Perry Anderson, et ce, malgré la consolidation du mouvement d’occupation. Cette tendance du journal à laisser planer un doute vis-à-vis du fondement des revendications des étudiants noirs est d’ailleurs critiquée par ces derniers. Dans l’édition du 21 janvier 1969, The Georgian réagit à une critique formulée par des étudiants noirs qui accusent le journal de défendre une position raciste. L’équipe éditoriale derrière le journal se défend de ne pas participer à la discrimination des étudiants noirs tout en réitérant sa position selon laquelle elle ne peut pas juger de la culpabilité de Perry Anderson. À cet effet, on peut lire:

Firstly, we don’t know whether Professor Anderson is a racist. If he is, then there is little point in isolating him as an individual and demanding that he be punished because he is only member of a inherently racist society. The society as a whole and its institutions must be attacked […]. But once again, we do not know whether he does, in fact, discriminate against black students.[20]

Cette opinion, présentée comme la position «officielle» du journal semble indiquer une tendance plutôt conservatrice. Les arguments qui sont mis de l’avant vont même jusqu’à mettre en doute la pertinence du mouvement qui s’attaque à un individu raciste parmi tant d’autres. Or, soulignons que, par contraste, la page couverture de cette même édition du 21 janvier 1969 est occupée par la photo de Eldridge Cleaver, militant pour les droits civiques et membre des Black Panthers. Cette photo est accompagnée de la phrase suivante: «Stick ‘em up, motherfucker. We want what’s ours». Malgré les propos plutôt réactionnaires de l’équipe de rédaction à certains égards, nous comprenons, par le choix de la page couverture, que le journal demeure tout de même sympathique à la cause du militantisme noir. Dans le même ordre d’idées, l’édition du 28 janvier 1969 a été préparée en collaboration avec des membres de la Black Students’ Association de l’université. Afin de signifier l’intention du journal de laisser une place à la voix des étudiants noirs, David A. Bowman, le rédacteur en chef du Georgian, écrit: «We feel that the black students have the right to inform the university populace of their side of the story and of the disgraceful tactics being employed by the university in dealing with the Anderson affair.[21]» Cependant, il avance ensuite : «It must be understood that this decision had nothing to do with the question of Anderson’s being guilty or not guilty»[22]. Ce double discours qui prône une prise de parole des étudiants noirs de l’université tout en laissant planer un doute autour de la validité de leur accusation envers Perry Anderson complique certainement l’analyse de la ligne éditoriale du journal.

Cela dit, cette édition du 28 janvier est fort intéressante puisque quelques pages supplémentaires sont ajoutées au journal et présentent des articles rédigés par des étudiants noirs qui se prononcent sur la lutte qu’ils mènent à l’intérieur de l’université et, plus largement, dans la société nord-américaine. Ces étudiants y dénoncent l’administration de l’université de même que le racisme systémique au Canada. Sous la rubrique «Comment», un étudiant y décrit son désenchantement envers le Canada qu’il considérait, avant son arrivée, comme un pays exempt de racisme[23]. Les membres de la Black Students’ Association qui collaborent au numéro font également le choix de réimprimer un article de la Dalhousie Gazette, journal étudiant de la Dalhousie University située à Halifax en Nouvelle-Écosse qui souligne, lui aussi, la question du racisme au Canada [24]. Cet réédition d’un article rédigé dans une autre province canadienne nous donne ici des indices sur l’étendue des relations qui devaient exister entre les membres du mouvement militant noir à l’échelle du pays. Mise à part cette édition spéciale du 28 février, d’autres numéros du Georgian présentent des prises de position d’étudiants noirs ou de leurs alliés qui dénoncent le racisme institutionnalisé. Par exemple, le 31 janvier 1969, une étudiante publie un article qui fait référence aux idées phares de l’intellectuel afro-américain LeRoi Jones pour critiquer le racisme systémique des sociétés occidentales. Elle écrit:

The message in LeRoi Jones’ essays is that the priorities will have to be based on other than paradigms of Western man’s supposedly liberal and tolerent attitudes […]. Above all, the White American must accept a voluntary assimilation based on a new set of norms or, as a minimum, accept a culturally plural society with mutual tolerance[25].

Encore une fois, ce discours en faveur de l’occupation des étudiants antillais et de leurs alliés côtoie, dans les pages du journal, des propos qui témoignent de la position inverse. Dans la section des «lettres ouvertes» du journal, un article intitulé «Nailing dem commies» porte des propos assez explicites vis-à-vis des étudiants noirs de l’occupation. Dans un discours anti-communiste, l’auteur s’adresse à une «majorité d’étudiants de Sir George Williams» et leur donne quelques conseils, dont celui-ci: « […] together [we should] demand that IF the black students responsible for the racist accusations cannot provide unquestionable proof, that they be permanently suspended from this institution of higher learning»[26].

En ce qui a trait à la répression du mouvement d’occupation, un article publié le 4 février 1969 dans  The Georgian mentionne la publication d’un journal qui porte le nom de Statement, lancé par l’administration sur le campus de Sir George Williams afin de présenter une version «non-biaisée» de la crise qui se déroule à l’université. The Georgian est évidemment très réticent par rapport à cette contre-attaque fort réactionnaire de la part de l’administration qui va jusqu’à vouloir contrôler l’information qui circule sur le campus. L’article qui dénonce le journal Statement est d’ailleurs accompagné d’une photo d’étudiants dont l’un d’entre eux porte une pancarte sur laquelle est inscrit «send the niggers back home» ; la juxtaposition de l’article et de la photo pointe le caractère raciste et conservateur de l’administration et d’une frange de la population étudiante. La mise sur pied du journal Statement, à l’occasion de l’affaire Sir George Williams, donne également une idée de l’importance que devait avoir le journal The Georgian auprès de la communauté universitaire dans le cadre du mouvement d’occupation.

Ces quelques prises de position, pour le moins divergentes, constituent un échantillon des diverses opinions diffusées dans les pages du journal étudiant. Au-delà des articles à saveur éditoriale, The Georgian publie également un compte-rendu quotidien de l’occupation. En date du 31 janvier 1969, le journal diffuse les revendications des occupants. Celles-ci se détaillent en cinq points et exigent principalement la mise sur pied d’un comité légitime et impartial pour juger du cas de Perry Anderson ainsi que l’abandon des charges criminelles portées à l’égard des occupants. Le journal ne manque pas non plus de souligner les occupations de locaux du troisième et du septième étage de l’immeuble qui se forment en solidarité aux militants antillais et leurs alliés durant la première semaine de février. Dans un article paru dans l’édition du 6 février, une étudiante rapporte que ce sont deux cents supporters qui se sont rassemblés au Faculty club du septième étage de l’université afin d’appuyer l’occupation du neuvième étage. L’article fait également mention de la prise de parole de figures importantes du mouvement pour les droits civiques à l’occasion de cette occupation «parallèle». À cela s’ajoutent de nombreux articles dans lesquels des rédacteurs critiquent de façon virulente la façon dont l’administration de Sir George Williams gère cette crise interne.

À compter de la deuxième semaine du mois de février, un certain revirement de situation affecte le journal étudiant, témoignant justement des divergences d’opinions étudiantes au sein du campus de l’université. En effet, l’édition du 19 février 1969 nous apprend que l’association étudiante de l’université a voté pour une désaffiliation de l’UGEQ[27] de même que pour le renvoi du rédacteur en chef du Georgian, David A. Bowman. Ce seraient le radicalisme du discours en appui aux occupants du centre informatique adopté par l’UGEQ ainsi que l’initiative prise par Bowman de faire paraître quotidiennement The Georgian pendant les semaines de l’occupation qui auraient poussé l’association étudiante à prendre ces décisions. Les quelques lignes qui portent sur ces changements radicaux au sein de l’organisation étudiante de l’université laissent présager un vaste mouvement d’opposition suite à la violente tournure des événements qui ont mené à la destruction du centre informatique le 11 février 1969 et à la fin du mouvement.

The McGill Daily

Le McGill Daily offre, durant le mouvement d’occupation, un compte-rendu régulier des événements. Sans qu’il se lance dans les éditoriaux ou dans la publication de lettres ouvertes comme le fait The Georgian, on note tout de même une tendance de la part du Daily à prendre position en faveur des étudiants antillais et de leurs alliés. En page couverture de l’édition du 29 janvier 1969, le journal publie un article au sujet de la solidarité des militants noirs montréalais avec les occupants de Sir George Williams:

At a meeting of over 100 blacks held yesterday, which was attended by many members of the non-student black community in Montreal, leaders of the Black Students Association at Sir George promised that «the entire country will learn of the sickening racism of the administration, and we will not allow them to forget it»[28].

Cet article rappelle la solidarité qui existe entre les étudiants noirs de McGill et de Sir George Williams de même que l’importance du Black Power montréalais, tel qu’exposé par David Austin et Sean Mills.

En date du 31 janvier 1969, le McGill Daily, tout comme l’avait fait The Georgian, fait mention des cinq revendications que listent les occupants du neuvième étage. Dans ce même article intitulé «Sir George administration won’t negociate with blacks»[29], l’auteur prend position en faveur des étudiants noirs et critique l’administration qui fait la sourde oreille. Ensuite, en date du 3 février, un article titré «Sir George occupation recieves support» rapporte que deux cents étudiants de McGill se sont réunis pour une marche en solidarité avec les étudiants qui occupent le neuvième étage de l’université[30]. En ce qui a trait à l’intervention policière du 11 février, le McGill Daily publie un article relatant les événements, mais sans mettre l’accent sur le caractère violent et sensationnel de l’intervention anti-émeute et de l’incendie du centre informatique. Dans un article publié le 12 février, il est question des supporters qui se sont rassemblés autour de l’université en scandant des slogans tels que «we want justice» et «police go home»[31] à l’occasion des événements de la veille. L’auteur de cet article, en revanche, ne fait pas mention des slogans racistes qui étaient également scandés par la foule en cette date du 11 février 1969, pensons notamment au slogan «let the niggers burn!» [32], qui est, encore à ce jour, très ancré dans la mémoire entourant les événements.

Somme toute, la lecture des articles publiés par le McGill Daily montre que le journal prend plutôt position en faveur des occupants, puisqu’il ne tient jamais de propos qui font douter de la légitimité de la lutte des étudiants antillais et qu’il reproche plutôt à l’administration de Sir George sa mauvaise gestion de la crise «raciale». Or, contrairement au Georgian, le McGill Daily ne permet pas, à lui seul, de cerner l’étendue des divergences d’opinions qui existaient certainement au sein de la communauté universitaire de McGill au sujet de l’affaire Sir George Williams. Toutefois, ces expressions de solidarité de la part des étudiants de l’université McGill et des militants noirs montréalais au sens large permettent de mettre en lumière l’importance des liens qui existaient au sein de la communauté noire des deux universités anglophones de la ville. Plus largement, les événements organisés par le Black Power à Montréal à l’occasion de l’Affaire Sir George Williams et dont le Georgian et le McGill Daily font état nous donnent des indices quant à l’organisation des militants noirs durant cette période des «années 1968».

Le Quartier latin

En comparaison des deux autres journaux universitaires, le cas du Quartier latin – journal étudiant de la seule université francophone de Montréal – est plutôt particulier puisque le journal ne publie que quatre articles qui font référence à l’affaire Sir George Williams à l’hiver 1969. Dans tous les cas, il s’agit d’articles publiés après l’occupation et aucun d’entre eux ne fait référence au déroulement des événements. Le premier article y est publié en date du 11 février 1969 et ne fait qu’une timide référence à l’affaire. En fait, sur la page couverture de cette édition, on peut lire: «Mort aux blancs!». Or, ce titre n’est pas en lien avec la question du racisme à proprement parler. Dans l’éditorial publié à la deuxième page du journal, Roméo Bouchard explique: «L’image de l’étudiant-nègre est une hypothèse d’analyse intéressante et nous prenons le risque de nous en servir largement dans ce numéro pour la transmission même de l’information»[33]. Puis, Bouchard ajoute:

De plus, au Québec, les étudiants sont doublement nègres, car les Québécois, cela se dit, sont les nègres blancs d’Amérique. Les grévistes de Philo et les éventuels exilés de Science Politique […] sont doublement frères des noirs séquestrés de Sir Georges. […] Quant aux vrais blancs racistes, on commence à les connaître: ils logent dans les bureaux de l’université, dans l’Ouest de Montréal, en Ontario, aux États-Unis[34].

Cet éditorial montre ici que la question de Sir George Williams n’est, pour son auteur, qu’une question adjacente à la question de l’oppression des francophones et des étudiants au Québec. Malgré le témoignage d’une timide solidarité avec les militants noirs, il semble que les propos de l’auteur, bien ancrés dans la rhétorique nationaliste franco-québécoise de l’époque, jettent de l’ombre sur les actions menées par les occupants de Sir George Williams afin de faire la promotion d’une cause jugée plus importante ou plus fondamentale. On sent également que l’équipe de rédaction a pu instrumentaliser l’affaire Sir George Williams en utilisant le contexte de l’occupation pour sortir un numéro thématique autour de la question de la négritude. Or, cette négritude, comme nous le constatons à la lecture de l’éditorial, n’est pas utilisée pour réfléchir à la question raciale ou au Black Power, mais plutôt aux questions de la langue française et au statut de l’étudiant dans le système scolaire montréalais. Dans cet ordre d’idée, Roméo Bouchard poursuit sur la même lancée dans l’édition du 18 février 1969 et signe un article intitulé «Pour ou contre le sac de Sir Georges». Il écrit:

Certains se demandent cependant si le geste a été suffisamment élargi et politisé pour qu’il justifie des dégâts et surtout des victimes aussi comparables. En effet, pour des étudiants francophones québécois, Sir George est un véritable symbole de leur assujettissement économique et social à l’élite anglophone et le racisme vient peut-être en vingtième place sur la liste des griefs qui peuvent être adressés à Sir George […]. Nous voudrions être sûrs que les contestataires noirs et blancs de Sir George luttaient vraiment contre tout ce qu’il y a d’intolérable dans Sir George pour un Québécois, et ne se contentaient pas d’appuyer une grande cause mondiale, l’anti-racisme. Car il existe quelque chose comme un racisme anglophone à l’égard des Québécois francophones, qu’on a précisément appelé les Nègres blancs d’Amérique[35].

L’auteur soutient ici des propos relativement désapprobateurs vis-à-vis des militants de Sir George Williams. Ce discours semble pointer vers ce que Sean Mills[36] et David Austin[37] soulèvent dans leur ouvrage respectif, c’est-à-dire l’occultation de la question raciale chez certains militants francophones blancs malgré leur attache aux théories de la négritude. Évidemment, le faible échantillon d’articles qui traitent de l’affaire Sir George Williams dans Le Quartier latin, bien que révélateur en soi, fait en sorte que la voix de Roméo Bouchard représente un ratio important des opinions publiées sur le sujet.

Les articles de Bouchard ne côtoient en effet que deux autres brèves chroniques qui font état de positions concurrentes à la sienne. L’une d’entre elles, publiée dans l’édition du 18 février 1969, blâme l’agissement de l’administration de Sir George dans la gestion du mouvement d’occupation. Le deuxième article, lui aussi favorable aux militants noirs et à leurs alliés, appelle à une solidarité vis-à-vis de ces occupants qui font face à un processus de judiciarisation. On peut lire: «Il y a 96 gars en prison, dont le cautionnement sera sans doute très élevé, entourés par la haine universelle. On a besoin de support et d’argent. Chacun peut bien croire qu’ils ont ce qu’ils méritent, qu’ils sont des ?fous furieux? et que la police a bougé pour prévenir leur violence. Nous nous adressons aux autres»[38]. Ces courts articles publiés en février 1969 confirment toutefois l’existence d’individus solidaires envers les étudiants de Sir George Williams au sein de la communauté étudiante de l’Université de Montréal.

Si l’on ne peut pas tirer de conclusions globalisantes de ces quatre articles, il est essentiel de pointer ici la très mince couverture des événements de Sir George Williams qui auraient pourtant dû attirer l’attention des rédacteurs du journal. Effectivement, le Quartier latin, au même titre que The Georgian et que le McGill Daily, suivent de très près les actions militantes qui se déroulent dans les différents campus de la métropole à cette époque précise de l’histoire du mouvement étudiant. Par exemple, le journal de l’Université de Montréal offre une couverture de presse exhaustive des mouvements de grèves dans les cégeps qui se produisent au mois d’octobre 1968. Force est ici de constater que les revendications de nature anti-racistes des occupants de Sir George ainsi que le caractère anglophone de l’institution et des militants impliqués dans l’affaire Sir George Williams n’a pas su éveiller, de façon notoire, la solidarité des leaders étudiants de l’Université de Montréal.

Conclusion

Le contexte québécois des années soixante, dans lequel une frange des militants étudiants francophones s’identifient aux théories de la négritude, rend d’autant plus fascinante la présence de militants noirs dans les campus de la métropole à cette même époque. À cet effet, l’étude des événements de l’affaire Sir George Williams, à travers la loupe des journaux étudiants des universités montréalaises, fournit un accès privilégié aux prises de position s’étant côtoyées à l’intérieur des milieux étudiants montréalais. Celles-ci permettent maintenant de réfléchir au discours des «années 68» dans de nouveaux termes en posant les questions du racisme et du militantisme noir.

Les journaux des trois universités montréalaises, The Georgian, The McGill Daily ainsi que Le Quartier latin fournissent un éventail fort intéressant d’idées et d’opinions formulées par les étudiants anglophones et francophones dans leur campus respectif. D’une part, certaines d’entre elles rappellent qu’un discours raciste existe bel et bien dans le milieu universitaire en 1969. D’autre part, elles permettent d’observer les liens entre les militants noirs, surtout au sein des universités anglophones montréalaises, ainsi que de souligner la présence d’alliés blancs à la cause anti-raciste.

D’un autre côté, l’indifférence du journal Le Quartier latin face au mouvement d’occupation de Sir George Williams, permet de questionner certaines contradictions inhérentes au discours des étudiants franco-québécois. Pourtant largement tournés vers les théories de la négritude et vers le discours tiers-mondiste, les propos des rédacteurs du journal étudiant de l’Université de Montréal ne témoignent pas d’un mouvement d’appui envers la lutte anti-raciste portée par les étudiants antillais, majoritairement anglophones, de Sir George Williams.

*Ce texte a fait l’objet d’une première publication le 17 janvier 2019

Pour en savoir plus

Études

AUSTIN, David, Nègres noirs, nègres blancs. Race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal, Lux Éditeur, 2015, 293 p.

CORREA, Mauricio, «Analyse comparative du développement organisationnel dans deux métropoles d’Amérique: Montréal et Bogota (1954-1964)», p.10

DRAMÉ, Papa, DELEUZE, Magali, «Les idées phares du processus de décolonisation et le Québec», Bulletin d’histoire politique, vol. 15, no.1, p.109 à 125.

GAGNON, Lysiane, «Bref historique du mouvement étudiant au Québec 1958-1971», Bulletin d’histoire politique, vol.16, no 2, hiver 2008.

LEVINE, Marc V., La reconquête de Montréal (trad.), VLB, 1997, 404 p.

MARTEL, Marcel «”S’ils veulent faire la révolution, qu’ils aillent la faire chez eux à leurs risques et périls. Nos anarchistes maisons sont suffisants” : occupation et répression à Sir George Williams», Bulletin d’histoire politique, vol. 15, no 1, automne 2006, p. 163-177.

MILLS, Sean, Contester l’Empire. Pensée postcoloniale et militantisme politique à Montréal, 1963-1972, Hurtubise, 2011, 344p.

POITRAS, Daniel, «Les métèques grondent dans la cité. Les étudiants étrangers face au syndicalisme étudiant au Québec (1954-1968)», Recherches sociographiques, vol. 58, no. 3, septembre-décembre 2017, p. 629 à 658.

THEURILLAT-CLOUTIER, Arnaud, Printemps de force. Une histoire engagée du mouvement étudiant au Québec (1958-2013), Lux éditeur, 2017, 490 p.

WARREN, Jean-Philippe, Une douce anarchie. Les années 68 au Québec, Boréal, 2008, 303p.

Sources

Journal Le Quartier latin, Montréal, janvier et février 1969, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, [en ligne], consulté en décembre 2017,

Journal The Georgian, Montréal, janvier et février 1969, Archives de l’Université Concordia, [en ligne], consulté en décembre 2017.

Journal The McGill Daily, Montréal, janvier et février 1969, Archives de l’Université McGill, [en ligne], consulté en décembre 2017.


[1] Voir Jean-Philippe Warren, Une douce anarchie. Les années 68 au Québec, Boréal, 2008, 309p. ; Jean-Philippe Warren, «L’Opération McGill français. Une page méconnue de l’histoire de la gauche nationaliste», Bulletin d’histoire politique, [en ligne] vol.16, no 2, hiver 2008.

[2] Marc V. Levine, La reconquête de Montréal (trad.), VLB, 1997, p.17-18

[3] David Austin, Nègres noirs, nègres blancs. Race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal, Lux Éditeur, 2015, p.170 à 172

[4] Ibid., p.174

[5] Sean Mills, Op. cit., p.112

[6] David Austin, Op. cit., p.170

[7] Ibid.

[8] Sean Mills, Op. cit., p.118-119

[9] David Austin, Op. cit., p.70

[10] David Austin, Op. cit., p.83

[11] Ibid., p.98

[12] Ibid., p.52

[13] Sean Mills, Op. cit., p.112

[14] Ibid., p.123

[15] Marcel Martel, «Riot at Sir George Williams: Giving Meaning to Student Dissent» dans Lara Campbell, Dominique Clément, et al. (sous la dir.), Debating Dissent. Canada and the Sixties, University of Toronto Press, 2012, 370p. ; Marcel Martel, «”S’ils veulent faire la révolution, qu’ils aillent la faire chez eux à leurs risques et périls. Nos anarchistes maisons sont suffisants” : occupation et répression à Sir George Williams», Bulletin d’histoire politique, vol. 15, no 1, automne 2006, p.163 à 177

[16] Ibid.,  «”S’ils veulent faire la révolution, qu’ils aillent la faire chez eux à leurs risques et périls. Nos anarchistes maisons sont suffisants” : occupation et répression à Sir George Williams», p.170

[17] Ibid., p.171

[18] Daniel Poitras, «Les métèques grondent dans la cité. Les étudiants étrangers face au syndicalisme étudiant au Québec (1954-1968)», Recherches sociographiques, vol. 58, no. 3, septembre-décembre 2017, p. 629 à 658.

[19] Arnaud Theurillat-Cloutier, Printemps de force. Une histoire engagée du mouvement étudiant au Québec (1958-2013), Lux éditeur, 2017, p.49

[20] Auteur anonyme, «A statement of position», The Georgian, 21 janvier 1969, p.4

[21] David A. Bowman, The Georgian, 28 janvier 1969 p.4

[22] Ibid.

[23] Auteur anonyme, «Comment», The Georgian, 28 janvier 1969, p.6

[24] Auteur anonyme, «The nature of our struggle», article originalement paru dans The Dalhousie Gazette, réimprimé par The Georgian, 28 janvier 1969, p.6

[25] Maria Young «Change in White America values will come through violence – Jones», The Georgian, 31 janvier 1969, p.5

[26] Auteur anonyme,«Nailing dem commies», The Georgian, 31 janvier 1969, p.4 et 8

[27] L’Union Générale des Étudiants du Québec (UGEQ) est une fédération d’associations étudiantes particulièrement active dans les années 60 et dont l’association étudiante de l’Université Sir George Williams a fait partie. Plus largement, elle a encadré le mouvement étudiant québécois de 1964 à 1969. Alexandre Leduc, UGEQ: centrale syndicale étudiante. L’idéologie syndicale au sein du mouvement étudiant québécois des années 1960, mémoire de M.A. (histoire), UQAM, 2017, p.1.

[28] Auteur anonyme, «McGill blacks rally», The McGill Daily, 29 janvier 1969 , p.1

[29] George Lewinski, «Sir George administration won’t negociate with blacks», The McGill Daily, 31 janvier 1969, p.3

[30] Auteur anonyme, «Sir George occupation recieves support», The McGill Daily, 3 février 1969, p.1

[31] David Turoff, The McGill Daily, 12 février 1969 p.1

[32] David Austin, Op. cit., p.171

[33] Roméo Bouchard, «Vous êtes des nègres», Le Quartier latin, 11 février 1969, p.2

[34] Ibid.

[35] Roméo Bouchard, «Pour ou contre le sac de Sir George», Le Quartier latin, 18 février 1969, p.16.

[36] David Austin, Op. cit., p.83

[37] Sean Mills, Op. cit., p.123

[38] Giuseppe Garibald , «L’affaire de Sir George. Le nègre et le computer», Le Quartier latin, 25 février 1969, p.12