Le barrage hydroélectrique et le manteau de fourrure

Publié le 5 mai 2021

Clarence Hatton-Proulx, doctorant en histoire et en études urbaines à l’Institut national de la recherche scientifique & Sorbonne Université

Photographie: Pleupleloup, N/d, Couche de soleil du la route de la Baie-James. CC BT-SA 2.0.

Dans le placard de ma grand-mère, j’ai trouvé un beau manteau de fourrure, entre les chapeaux à froufrous et une machine à coudre Singer. De la fourrure de castor canadien français. Ce manteau m’a planté devant un cruel dilemme moral. Le porter revenait à célébrer de manière ostentatoire la domination des humains sur le monde animal. Mais j’hésitais à le mettre dans le sac poubelle avec les autres reliques poussiéreuses du garage. Parce que les castors qui avaient donné leur peau pour ce manteau avaient déjà rendu l’âme. Puisque le mal était fait, pourquoi ne pas faire œuvre utile de ce manteau, chaud et réconfortant, particulièrement durable et résistant ? À l’ère du polyester cheap, ça m’a fait réfléchir.

Le dilemme du manteau de fourrure, c’est un peu celui de l’énergie dans le Québec contemporain. Sujet rébarbatif pour la plupart, la question énergétique a été la source récente de deux productions culturelles remarquables par leur esprit de vulgarisation qui n’évacue pas la complexité et la contradiction. La première est J’aime Hydro, une pièce de théâtre documentaire de Christine Beaulieu et Annabel Soutar à grand succès qui a ensuite été publiée sous forme de livre chez Atelier 10. Elle explore le cheminement intellectuel de Christine Beaulieu autour de la place d’Hydro-Québec dans la société québécoise, partant d’un désintérêt pour ce sujet pour mener vers une érudition et un intérêt contaminant.[1] La seconde, Transmission, est une baladodiffusion de Radio-Canada qui raconte le voyage à la baie James par Annie Desrochers et trois de ses garçons.[2]

À leur façon, ces deux œuvres posent la question suivante : que faire de l’héritage hydroélectrique québécois? Car celui-ci est inconfortable. Comme le manteau de fourrure, il repose sur la dépossession territoriale des Autochtones et le bouleversement de systèmes écologiques. Mais, comme le manteau de fourrure, il reste relativement durable et nous maintient au chaud. L’hydroélectricité, c’est aussi un objet sentimental, dont on ne se débarrasse pas sans pincement au cœur. Elle fait partie de l’identité québécoise, de ses contradictions et de ses déchirements.

Quand J’aime Hydro commence, Christine Beaulieu ne semble pas particulièrement préoccupée par la question énergétique : elle est informée des dégâts environnementaux causés par la construction des barrages de La Romaine, situation qui la perturbe sur le moment mais qu’elle oublie ensuite. Quand Annabel Soutar lui propose un projet de théâtre sur la question, Christine Beaulieu ne se sent pas apte à mener une telle enquête dont l’envergure semble écrasante pour une profane. Le déclic vient finalement quand elle comprend la force du le lien qui unit Hydro-Québec et le projet nationaliste québécois, dont le Premier ministre René Lévesque a été le moteur pour l’un comme pour l’autre. Si Hydro-Québec a un jour rendu les Québécois·es francophones « maîtres chez nous », impossible pour Christine Beaulieu de rester indifférente. Pas d’amour sans dépendance.

L’existence d’Hydro-Québec dépend de la construction de nouvelles installations électriques : dans la pièce, on appelle ça le complexe du castor. Les nouveaux projets sont justifiés par des projections d’évolution éternellement croissante de la demande en électricité et de son prix de vente. Les responsables d’Hydro-Québec mettent en avant l’exportation de l’électricité renouvelable québécoise vers l’Ontario et le nord-est des États-Unis, censée remplacer des sources d’énergie carbonées dans leur mix électrique. Les surplus produits viendraient aussi répondre aux quelques pics de consommation annuels qui obligent Hydro-Québec à importer de l’électricité des territoires voisins à des coûts faramineux. 

Christine Beaulieu, éclairée par l’avis des expert·es qu’elle consulte pour former son opinion, remet en question cette position. Premièrement, elle estime que l’efficacité énergétique des bâtiments est une solution importante pour répondre à la hausse de la demande sans nécessiter de construction supplémentaire. C’est surtout par la rénovation du cadre bâti que passe l’efficacité énergétique puisqu’une meilleure isolation permet de réduire les inefficacités de chauffage. Mais, surtout, son argumentation se base sur une conception d’un futur technologiquement sophistiqué qui ne fera plus de place à l’hydroélectricité rendue obsolète. L’avenir énergétique est fait de nanotechnologies, de fusion nucléaire et de microcentrales collées sur les fenêtres des maisons, pas de grosses turbines et de barrages dépassés.

Le problème présenté dans J’aime Hydro est technique, les solutions proposées le sont aussi. Mais si on cadre le sujet différemment, d’autres types de solutions apparaissent. Tout d’abord, il est possible de remettre en question les prévisions de croissance de la demande et des prix. Puisque personne ne peut prévoir l’avenir, les prévisions ont pour but d’agir sur le présent et de légitimer certaines actions. Historiquement, la grande majorité des prévisions de production et de consommation d’énergie se rejoignent dans leur imprécision parfois amusante en rétrospective.[3] Sans surprise, elles prévoient presque toujours une croissance de la consommation, parfois exponentielle et parfois linéaire. Munis de ces calculs prétendument scientifiques, il est beaucoup plus facile pour les producteurs d’énergie de justifier des grands projets, dont l’inévitabilité devient fait avéré. Interviewé dans la pièce, l’ex-président d’Hydro-Québec, Éric Martel, table sur une croissance du prix de l’électricité puisque « ç’a a toujours été comme ça ». Or, un simple regard historique montre que c’est plutôt le mouvement contraire qui caractérise une bonne partie du 20ème siècle, soit une diminution du prix unitaire de l’électricité.[4]

L’efficacité énergétique est aujourd’hui promue par la plupart des expert·es du secteur mondial de l’énergie comme une manière de réduire l’empreinte énergétique humaine. C’est sa dimension technique qui prime dans les discours, et c’est ainsi que le problème est posé dans J’aime Hydro : mieux isoler les bâtiments mènera à une réduction de la consommation. Pourtant, les spécialistes de l’énergie parlent de l’effet rebond : réduire le coût d’utilisation d’énergie mène à une augmentation de la consommation.[5] Une meilleure isolation réduit la facture d’énergie, alors on chauffe davantage le logement. Un prix de l’essence plus bas encourage des déplacements plus longs. Tabler sur l’efficacité énergétique d’un seul point de vue technique est loin d’être une panacée. Des solutions d’ordre social existent, mais elles sont exclues de la pièce comme du débat public en général. Elles impliquent par exemple une révision des standards de confort, de température et de propreté : le chauffage à 22 °C ou le lavage quotidien sont-ils nécessaires? On peut aussi penser à une coordination différentiée des activités de la vie quotidienne pour esquiver les pics de consommation. Toutefois, les réponses sociales à la question énergétique sont souvent exclues des débats. C’est en partie parce que l’énergie est cadrée comme un enjeu d’ingénierie auquel les réponses techniques et technologiques sont les plus appropriées.[6]

J’aime Hydro succombe à l’appel du pied prométhéen quand il fait reposer son argumentation contre les barrages hydroélectriques additionnels sur une arrivée certaine et imminente de technologies disruptives dans le champ énergétique. Dans la pièce, une conférence TED d’un entrepreneur séduit Christine Beaulieu : elle semble convaincue que la nanotechnologie permettra de produire de l’énergie en collant un morceau de plastique sur sa fenêtre. Le rêve de l’autosuffisance et de la décentralisation énergétiques serait enfin réalisé. Or, les promesses constamment formulées par rapport aux nanotechnologies depuis au moins 20 ans sont inversement proportionnelles à leurs réalisations concrètes. Ces promesses, comme celles encore plus anciennes de la fusion nucléaire, tiennent plus de l’oniromancie que du réel.[7]

La pièce, qui part d’une prise de conscience critique et d’un cheminement intellectuel stimulant, termine en exposant une vision de l’histoire particulièrement préoccupante. Plusieurs fois, Christine Beaulieu insiste sur l’inutilité du passé pour appréhender le futur. Commentant son entrevue avec Éric Martel, elle affirme que « sa manière d’envisager l’avenir en fonction du passé m’apparaît dangereuse ».[8] Or, dans le secteur de l’énergie comme ailleurs, le passé conditionne les décisions futures.[9] La construction d’un barrage hydroélectrique, qui implique des investissements et des coûts irrécupérables considérables, laisse des traces profondes sur les territoires et les sociétés qu’elle investit.[10]

Penser que le futur proche énergétique sera inévitablement marqué par un progrès technique époustouflant est douteux au vu de l’histoire : pour faire simple, les innovations marquantes en matière d’électricité datent du tournant du 20e siècle et l’agencement technique du réseau reste passablement stable depuis plusieurs décennies.[11] Des changements technologiques et des nouveaux dispositifs sont en cours de développement et seront introduits dans le futur, cela est indéniable. Par contre, tenir pour parole d’évangile, comme le fait Christine Beaulieu dans la pièce, que d’ici deux décennies « notre grande Hydro nous apparaîtra complètement désuète face aux nouvelles technologies qui seront déjà bien en place »[12] est maladroit.

La valeur apposée à l’histoire est tout autre dans Transmission. L’objectif que se donne explicitement Annie Desrochers en allant jusqu’à la baie James en voiture avec trois de ses garçons est de reconnecter un passé avec un futur, son histoire familiale avec l’histoire du Québec. Le passé qu’Annie Desrochers souhaite explorer est celui de son grand-père Paul Desrochers, conseiller spécial et éminence grise du Premier ministre Robert Bourassa lors de son premier passage au pouvoir entre 1970 et 1976. Un passé contesté, marqué par des réussites politiques aux yeux de la majorité québécoise francophone comme le projet de la baie James, dans lequel il a joué un rôle important, mais aussi par une débâcle publique suite à son implication dans des scandales de corruption révélés par la commission Cliche de 1975. Il se suicida peu après.

Cette histoire familiale sert d’angle pour explorer un pan majeur de l’histoire récente du Québec, soit le développement hydroélectrique de la baie James. Se questionnant sur les motivations de son grand-père comme sur les valeurs de la société québécoise post-Révolution tranquille, Annie Desrochers se demande si ça a valu la peine d’exploiter ce « monstre du grand Nord », si ça donne un sens positif à l’engagement politique de son grand-père. Le long voyage devient l’occasion d’évaluer l’héritage du Québec développementaliste par le truchement de son grand-père.[13]

On aurait pu s’attendre à un récit qui fait de la présence autochtone une note en bas de page d’une réussite technologique sans précédent. Mais la force de cette série est justement de réserver une place importante à la nation crie (eeyou) de la baie James (Eeyou Istchee). Grâce à des archives radiophoniques, on perçoit le bouleversement civilisationnel qu’a représenté ce projet pour une population locale, d’abord aucunement consultée, dont la reconnaissance a été amèrement gagnée au tribunal et achetée à coups d’hydrodollars. Une profonde entrevue avec une personnalité de Chisasibi, Roger Orr, laisse poindre les conséquences importantes du projet de la baie James dans les communautés autochtones.[14]

La visite à la centrale Robert-Bourassa (LG2) est aussi particulièrement saisissante. Annie Desrochers et ses fils sont époustouflé·e·s par ce mastodonte de béton, fort marqueur identitaire pour le Québec. Mais la petite famille est interpellée par le récit brossé par le guide, qui vante les relations consensuelles entre Hydro-Québec et les communautés autochtones environnantes. Des paroles échappées par les autres visiteurs, qui perpétuent le mythe pernicieux d’un territoire vierge avant l’arrivée de la Société de développement de la baie James, laissent entendre combien le récit nationaliste québécois, bâti sur l’hydroélectricité, se construit encore sur l’omission des droits et revendications territoriales autochtones.[15]

La figure contrastée de Paul Desrochers témoigne bien de l’héritage mitigé de la génération des « bâtisseurs » du Québec de la Révolution tranquille grâce à la franchise des personnes interviewées. L’obsession du self-made man l’avait mené à mentir sur son âge et sur sa prétendue blessure de guerre qui, selon les aveux de son fils, viendrait plutôt d’une chute d’échelle pendant qu’il tentait de réparer la corde à linge. Extrêmement investi dans sa vie professionnelle, il délaissait sa femme et ses enfants. Allergique au Parti Québécois, il déménagea en Ontario après son accession au pouvoir. Et pourtant, il a participé à mener à bien le développement hydroélectrique de la baie James, sur lequel repose en partie la prospérité matérielle du Québec d’aujourd’hui, malgré les contradictions et la violence inhérentes à ce projet.

Le complexe du castor d’Hydro-Québec est encore vigoureux. Sa culture d’entreprise et sa redevance financière au gouvernement l’orientent vers le chemin de la croissance et du mégaprojet.[16] Pour déconstruire son culte de la croissance, J’aime Hydro et Transmission puisent dans deux registres différents. La pièce de Christine Beaulieu et d’Annabel Soutar accepte de jouer le jeu de l’économiste et de l’ingénieur·e, cadrant sa critique du développement énergétique autour de l’efficacité énergétique instrumentale et d’une vision prométhéenne du futur. À l’inverse, la baladodiffusion d’Annie Desrochers met l’accent sur les conséquences sociales du paradigme développementaliste québécois, dont l’assise repose sur l’assurance d’une croissance matérielle aujourd’hui intenable.

Le manteau de fourrure et le barrage hydroélectrique parlent finalement de notre rapport à l’histoire. On peut faire le pari que le passé n’est pas un guide pour les développements énergétiques futurs. Le manteau de fourrure est démodé. Autant le jeter puisque la mode sera aux vêtements fluorescents munis de senseurs. Au contraire, on peut se saisir du passé pour complexifier des grands récits expéditifs : de qui et de quoi sommes-nous maîtres? Chez qui? Qui fait partie du « nous »? Et choisir de garder le manteau de fourrure quelque part dans le placard. Parce que les zones d’ombre font partie intégrante de l’histoire. Même de l’histoire de l’électricité.


[1] Christine Beaulieu, J’aime Hydro (Montréal: Atelier 10, 2017).

[2] Radio-Canada, « Transmission », s. d., 2019.

[3] Atle Midttun et Thomas Baumgartner, « Negotiating Energy Futures. The Politics of Energy Forecasting », Energy Policy 14, no 3 (juin 1986): 219?41, https://doi.org/10.1016/0301-4215(86)90145-X; Roger H. Bezdek et Robert M. Wendling, « A Half Century of Long-Range Energy Forecasts: Errors Made, Lessons Learned, and Implications for Forecasting », Journal of Fusion Energy 21, no 3 (1 décembre 2002): 155?72, https://doi.org/10.1023/A:1026208113925; Jean-Thomas Bernard, Serge Bernard, et Gaétan Lafrance, « La précision de la prévision de la demande d’électricité par Hydro-Québec: une approche comparative », Energy Studies Review 8, no 2 (31 octobre 1997): 130?42, https://doi.org/10.15173/esr.v8i2.388.

[4] Roger Fouquet, éd., Handbook on energy and climate change (Cheltenham: Edward Elgar, 2013); Richard F. Hirsh, Technology and Transformation in the American Electric Utility Industry (Cambridge: Cambridge University Press, 2003).

[5] Tessa Dunlop, « Mind the Gap: A Social Sciences Review of Energy Efficiency », Energy Research & Social Science 56 (1 octobre 2019): 101216, https://doi.org/10.1016/j.erss.2019.05.026; Antoine Missemer, Les économistes et la fin des énergies fossiles (Paris: Classiques Garnier, 2017).

[6] Elizabeth Shove, « What is wrong with energy efficiency? », Building Research & Information 46, no 7 (3 octobre 2018): 779?89, https://doi.org/10.1080/09613218.2017.1361746; Jenny Rinkinen, Elizabeth Shove, et Greg Marsden, Conceptualising Demand: A Distinctive Approach to Consumption and Practice (Abingdon, Oxon?; New York, NY: Routledge, 2020).

[7] Maxime Colleret et Mahdi Khelfaoui, « D’une révolution avortée à une autre? Les politiques québécoises en nanotechnologies et en IA au prisme de l’économie de la promesse », Recherches sociographiques 61, no 1 (2020): 163?88; Kornelia Konrad et al., « Performing and Governing the Future in Science and Technology », in The Handbook of Science and Technology Studies (Cambridge: MIT Press, 2017), 465?94.

[8] Beaulieu, J’aime Hydro.

[9] Ute Hasenöhrl et Jan-Henrik Meyer, « The Energy Challenge in Historical Perspective », Technology and Culture 61, no 1 (2020): 295?306, https://doi.org/10.1353/tech.2020.0003.

[10] Christopher F. Jones, Routes of Power: Energy and Modern America (Cambridge: Harvard University Press, 2016).

[11] Thomas Parke Hughes, Networks of Power: Electrification in Western Society, 1880-1930 (Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1983).

[12] Beaulieu, J’aime Hydro.

[13] Stéphane Savard, Hydro-Québec et l’Etat québécois: 1944-2005 (Québec: Septentrion, 2014).

[14] Toby Morantz, The White Man’s Gonna Getcha: The Colonial Challenge to the Crees in Quebec (Montréal & Kingston: McGill-Queen’s University Press, 2002); voir aussi Brittany Luby, « From Milk-Medicine To Public (Re)Education Programs: An Examination Of Anishinabek Mothers’ Responses To Hydroelectric Flooding In The Treaty #3 District, 1900–1975 », Canadian Bulletin of Medical History 32, no 2 (novembre 2015): 363?89, https://doi.org/10.3138/cbmh.32.2.363.

[15] Caroline Desbiens, Power from the North: Territory, Identity, and the Culture of Hydroelectricity in Quebec (Vancouver: UBC Press, 2014); Caroline Desbiens, « Appreciating difference? A view from Indigenous rivers », The Canadian Geographer / Le Géographe canadien 63, no 4 (2019): 540?52, https://doi.org/10.1111/cag.12578; Brian Gettler, « Les autochtones et l’histoire du Québec: Au-delà du négationnisme et du récit «?nationaliste-conservateur?» », Recherches amérindiennes au Québec 46, no 1 (10 février 2017): 7?18, https://doi.org/10.7202/1038931ar; pour le contexte ontarien, voir Daniel Macfarlane et Andrew Watson, « Hydro Democracy: Water Power and Political Power in Ontario », Scientia Canadensis: Canadian Journal of the History of Science, Technology and Medicine 40, no 1 (2018): 1?18, https://doi.org/10.7202/1048923ar.

[16] James Maxwell et al., « Locked on Course: Hydro-Québec’s Commitment to Mega-Projects », Environmental Impact Assessment Review 17 (1997): 19?38.