Par Osire Glacier[1], Université Bishop
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Résumé
En examinant les diverses fonctions que le voile a remplies dans l’histoire des sociétés musulmanes, cet article suggère qu’il y a un écart de sens entre les perceptions du voile par le public et les médias québécois et celles de la diaspora musulmane. Ce survol historique a pour but d’éclairer les débats qui portent actuellement sur le port du voile au Québec en particulier, et en Occident en général.
Mots-Clés
voile; genre; accommodement; multiculturalisme; islam
Introduction
Le port du voile au Québec symbolise en général, aux yeux du public, le statut inférieur des femmes. En effet, à la suite des travaux de la commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles, le rapport Bouchard-Taylor relève que ces pratiques sont perçues comme une menace pour les valeurs d’égalité homme/femme. Ce rapport atteste que de nombreux Québécois ont exprimé leur crainte que la liberté de religion serve à justifier certaines inégalités à l’égard des femmes. Certes, dans la première partie de cet article, l’examen de la fonction qu’a jouée le voile dans les civilisations humaines anciennes et dans l’histoire de l’Islam prémoderne rejoint les perceptions dominantes qui considèrent le voile comme un symbole de la subordination des femmes. Néanmoins, la deuxième partie de cette étude montre qu’il s’agit d’une lecture partielle de ce phénomène, puisque le voile a joué des fonctions diverses au cours des siècles dans les sociétés musulmanes, dont la hiérarchisation des sexes, la légitimation de la domination coloniale, la contestation des injustices sociales, la libération de certaines femmes et l’affirmation identitaire. Par conséquent, cette étude suggère qu’une compréhension adéquate de ce phénomène nécessite une lecture multiple en ce qui a trait au cas du voile.