Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

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15 février 2016 : commémoration des 50 ans de la mort de Camilo Torres, pionnier de la théologie de la libération

Par Mauricio Correa, doctorant en histoire à l’Université de Sherbrooke et collaborateur pour HistoireEngagee.ca

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Représentation de Camilo Torres en couverture arrière de la revue OCLAE, no 38, 1970.

Représentation de Camilo Torres en couverture arrière de la revue OCLAE, no 38, 1970.

Le 15 février 2016 marque les 50 années de la mort du prêtre guérilléro Camilo Torres Restrepo. Figure importante de la théologie de la libération, ce dernier est sans aucun doute un symbole significatif de la radicalisation et du brassage idéologique qui ont caractérisé l’Amérique latine des années soixante, tout particulièrement suite à la victoire de la révolution cubaine de janvier 1959 sous la direction de Fidel Castro et d’Ernesto (Che) Guevara. Certes, les mouvements de guérillas ont été un moyen de lutte répandu dans la région pendant la Guerre froide. Ces luttes armées ont mis en évidence la persistance d’importantes contradictions sociales et économiques, mais elles ont également exprimé le désir de changements et exacerbé le processus de radicalisation de plusieurs secteurs sociaux : ouvriers, paysans, femmes, étudiants, et intellectuels ont en effet été influencés par cette vague révolutionnaire et contestataire.

À cette époque, même l’Église catholique vit des tensions polarisantes. Le concile Vatican II et les conférences épiscopales de Medellín (1968) et Puebla (1979) sont l’expression de l’expérience catholique de ces processus de radicalisation de la société à l’intérieur de la dynamique de la Guerre froide. La théologie de la libération est un bon exemple d’un phénomène politico-social et culturel particulier à l’Amérique latine où la lecture des problèmes sociaux latino-américains s’élabore à partir d’une perspective marxiste juxtaposée à la doctrine sociale de l’Église catholique de «l’option préférentielle pour les pauvres». Ce courant catholique n’est pas monolithique. Il va de la résistance pacifique jusqu’à l’appui et à la participation à la lutte armée. Les prêtres vivent des processus de conversion aux courants idéologiques du moment sans abandonner la foi en l’évangile.

Ayotzinapa : quand la violence de l’État et celle des groupes criminalisés ont les mêmes fins

Par Javier Buenrostro, candidat au doctorat d’études politiques à l’EHESS

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Crédit : Mario Acosta Garcia (Flickr).

En 2000, le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), parti qui a gouverné le Mexique pendant 70 ans, a perdu le pouvoir au profit de la droite, concédant la présidence à Vincente Fox du Parti de l’Action Nationale (PAN). L’alternance démocratique devait mettre fin à un type de régime que l’écrivain Mario Vargas Llosa avait qualifié de « dictature parfaite ». Somme toute, cette transition n’a pas réellement amélioré la vie des gens, ni même celle des institutions, le Mexique conservant certaines caractéristiques d’un État policier. La corruption et l’impunité continuent d’être monnaie courante et le crime organisé n’aspire plus seulement à monopoliser le trafic de la drogue, mais il poursuit désormais l’objectif de prendre le pouvoir local – soit de mettre la main sur les municipalités et leurs ressources financières et s’accaparer la richesse locale à travers l’imposition forcée. Selon Guillermo Trejo, à Michoacán, par exemple, le crime organisé s’est approprié 30 % du budget annuel des travaux publics des municipalités, exigeant que les contrats des œuvres publiques soient attribués à des promoteurs sous son contrôle, et a détourné 20 % des salaires de l’administration locale. L’État de Guerrero, voisin de celui de Michoacán, vit une situation similaire. C’est donc dans un contexte de violence endémique lié à l’infiltration de l’État par les groupes criminalisés qu’ont eu lieu les dramatiques événements de septembre dernier menant à la disparition de 43 étudiants de la Normale de Ayotzinapa, Guerrero.

Élections et processus de paix en Colombie

Mauricio Correa, candidat au doctorat en histoire à l’Université de Sherbrooke et collaborateur pour HistoireEngagee.ca

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Le président colombien Juan Manuel Santos
Crédit : Fabio Rodrigues Pozzebom/ABr.

La Colombie se retrouve, en 2014, en plein processus d’élections présidentielles et législatives. L’actuel président de la République, Juan Manuel Santos, a été élu en 2010. Celui-ci sollicite auprès de ses citoyens un deuxième mandat et les sondages, jusqu’à maintenant, semblent lui donner l’avance. L’importance de cette campagne électorale dépasse toutefois largement l’enjeu de la réélection – ou de la non-réélection – de Santos. Depuis novembre 2010, le gouvernement sortant a entamé un processus de paix avec les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC). Cette guérilla confronte le pouvoir étatique depuis le milieu des années soixante.

Ce groupe armé émerge dans le contexte sociopolitique des années soixante afin de confronter le gouvernement par la lutte armée et exiger des transformations d’ordres politique, économique et social. Certes, il faut souligner deux éléments fondamentaux pour comprendre l’émergence de cette organisation. Le premier est lié à la question de la possession et de la distribution de la terre. En effet, durant les années soixante, 54,9 % des terres arables sont aux mains de propriétaires qui ne représentent pourtant que 1,7 % de la population du pays[1]. Cela explique les revendications des FARC en faveur d’une réforme agraire ainsi que l’origine paysanne de la majorité de ses membres. Le deuxième élément important concerne la participation politique. Suite à la chute du général Rojas Pinilla en 1957, la restauration de la démocratie colombienne s’est d’abord planifiée à travers un pacte fondé sur une conception bipartite de la vie politique du pays. Connu sous le nom de Frente Nacional, celui-ci organise l’alternance du pouvoir politique entre les partis libéral et conservateur (partis qui s’étaient jusqu’alors opposés violemment[2]). L’objectif de cette alliance était de mettre fin à la violence entre les deux groupes politiques. Or, cette réconciliation exclut la participation d’autres partis comme le Partido Comunista Colombiano (PCC), et cela n’était pas sans danger. En effet, la violence prendra d’autres formes et couleurs idéologiques, sociales, culturelles et politiques; ce sera la naissance de mouvements des guérillas qui maintiendront la Colombie dans une guerre civile qui persiste encore à ce jour.

Un « coup d’État parlementaire » au Paraguay*

Par Claude Morin, professeur retraité de l’Université de Montréal

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Crédit : Tetsumo (Flickr).

Le 22 juin dernier, le Sénat paraguayen a destitué le président Fernando Lugo après que la Chambre des députés l’eut accusé la veille de mauvaise gestion. En moins de 36 heures, les deux chambres avaient complété la procédure et le vice-président, Francisco Franco, était assermenté comme président moins de trois heures après le vote des sénateurs.

La démarche s’appuyait sur l’article 225 de la Constitution paraguayenne. Celle-ci autorise un « procès politique » contre une autorité qui aurait mal rempli ses fonctions, sans préciser la manière dont le procès doit se dérouler. La cause a été entendue tambour battant. Le président Lugo n’a même pas eu une journée pour préparer sa défense et ses avocats ne disposaient que de deux heures pour exposer leurs arguments. La Cour suprême a refusé d’appuyer une demande de délai.

L’accusation n’a d’ailleurs fourni aucune preuve, prétendant que les cinq motifs allégués étaient de « notoriété publique » et ne requéraient pas une démonstration. Face à une procédure aussi expéditive qui ne respectait pas les droits de l’accusé à une défense pleine et entière, nombre d’observateurs informés ont qualifié la destitution de « coup d’État parlementaire ».

La violence des pacifiques

Maurice Demers, Professeur d’histoire à l’Université de Sherbrooke

Nous vous présentons aujourd’hui une conférence publique prononcée par Maurice Demers à l’Université de Sherbrooke le 30 mars 2012. Cette conférence, intitulée « La violence des pacifiques » et portant sur la prise de parole militante des missionnaires québécois et franco-canadiens en Amérique latine durant la guerre froide, rejoint plusieurs des questionnements actuels sur l’engagement, l’indignation et l’occupation de l’espace public.

Qu’est-ce qui incite des gens du Nord à s’indigner des violences faites aux gens du Sud?  En abordant, entre autres, la question de la politisation des religieux influencés par la théologie de la libération, M. Demers analyse les réactions publiées dans la presse francophone en réaction aux assassinats des missionnaires Maurice Lefebvre et Raoul Léger. Ceci éclaire comment la militance pour les droits de la personne dans le contexte schizophrénique de la guerre froide pouvait être considérée comme « violente » par les dictatures latino-américaines d’extrême droite. Il avance que leur prise de parole a instauré une brèche significative dans le discours dominant – au dam des autorités – permettant l’articulation de nouvelles formes de solidarité échafaudées sur des rapports Nord-Sud priorisant la justice sociale plutôt que la « sécurité nationale ».

Durée : 47:04 minutes.

Pour visionner la conférence de Maurice Demers, il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous en utilisant le bouton droit de votre souris.

« La violence des pacifiques », du 14 juin 2012.

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