Par Patrick Lacroix, candidat au doctorat à la University of New Hampshire
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Carte du chemin de fer du Grand Tronc, 1885. Source : Wikimedia Commons.
Lors d’une session spéciale du dernier congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, un groupe de jeunes leaders québécois.es réuni.es par Gérard Bouchard ont exprimé de très différentes visions du passé et de l’avenir du Québec[1]. Or ces jeunes ont fait consensus en déplorant, ensemble, le triomphe de « l’économisme » dans les dernières décennies. Les historien.nes de l’auditoire auraient pu leur souffler les exemples nécessaires : une stricte politique budgétaire introduite au cours des années 1990, l’approche néolibérale sous-entendue dans la « réingénierie de l’État » de 2003, puis l’arrivée des « Lucides », dont les injonctions sont encore avec nous. À ceci, on pourrait ajouter, plus récemment, la collusion dans le secteur de la construction, indice d’une trop grande proximité des autorités civiles aux agents de développement économique.
Selon certain.es militant.es nationalistes et sociaux-démocrates, ce sont là les signes d’un nouveau conservatisme – né d’une apathie politique croissante – qui tend à réduire les grandes questions de société à leur aspect économique, voire fiscal. Il y a, déclarèrent les jeunes leaders réuni.es par l’IHAF, le déclin d’un militantisme politique qui mènerait de grands projets nationaux et sociaux à terme. Suite au plus récent moment-charnière du Québec, le référendum de 1995, il s’est produit une « repriorisation » des enjeux économiques.