Véronique Dupuis, géographe, chargée de projet au Site historique maritime de la Pointe-au-Père et collaboratrice pour HistoireEngagee.ca
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Pot à l’Eau-de-vie, Cap-des-Rosiers, Cap-au-Saumon, Cap-de-la-Table, Haut-fond Prince, Île du Grand Caouis, Pointe de la Prairie, Île du Corossol… Au XXe siècle, pas moins de 43 phares étaient en service sur les côtes du golfe et du fleuve Saint-Laurent et de la Baie-des-Chaleurs. De Mingan jusqu’aux portes de Charlevoix, en passant par Anticosti, les Îles-de-la-Madeleine et la rive sud gaspésienne, ces sentinelles ont longtemps été les repères de milliers de navigateurs. Pour plusieurs d’entre eux, ces phares étaient le signe d’un certain salut dans la tempête. À peine quelques décennies après leur déclassement, la survie de ces lieux de mémoire qui subliment nos paysages côtiers est pourtant bien incertaine. Les phares du Québec; chronique d’un patrimoine maritime en péril.
Il était une fois le Saint-Laurent
Que l’on se sente ou non concerné par le fleuve, cette porte d’entrée de l’Amérique du Nord est au cœur du développement historique, démographique et économique du Québec et du Canada. Ensemble géostratégique primordial pour des fins commerciales, logistiques, militaires et de transport, le fleuve Saint-Laurent revêt depuis des siècles une importance capitale. Les Premières Nations ne l’ont-elles pas utilisé pour assurer leur survie, leurs déplacements et l’établissement de leurs liens commerciaux? Vigies, gabiers et capitaines anglais n’ont-ils pas profité de cette voie navigable pour gagner les rives de Québec? Sans oublier qu’il a également porté les espoirs de centaines de milliers d’immigrants arrivant du Vieux Continent à la recherche d’une vie meilleure. Pendant des siècles il fut le gagne-pain d’autant de draveurs, de pêcheurs et de marchands transportant mille et une cargaisons sur les « voitures d’eau » cabotant sur ses rivages.