Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

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Contracter la mort : pendant la pandémie, le Canada choisit de poursuivre ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite

David Webster, Université Bishop’s

D’un côté, le gouvernement Trudeau se démène pour sauver des vies canadiennes face à un virus implacable. De l’autre, il a choisi de poursuivre ses ventes d’armes meurtrières à l’Arabie saoudite, l’un des plus grands violateurs des droits humains au monde, pays menant actuellement une guerre au Yémen.

Jamais les paroles du gouvernement canadien sur les droits de la personne n’ont été aussi fermes. Jamais sa volonté d’armer ceux qui bafouent les droits de la personne n’a été aussi réelle.

Les autorités canadiennes entretiennent l’image d’un État qui, sans être parfait, améliore graduellement son bilan sur les enjeux des droits de la personne. Cette vision du progrès graduel est cependant erronée. Dans les années 1940 et 1950, et aussi tard que les années 1970, le Canada refusait de fournir des armes aux plus grands violateurs des droits de la personne. Or, le gouvernement de Justin Trudeau, comme celui de Stephen Harper, a changé son fusil d’épaule à l’égard de cette politique. Et ce, tout en se déclarant un porte-parole des droits humains internationaux.

Un exemple à l’appui ? Le 9 avril, jeudi saint, alors que le grand public se concentrait sur la distanciation sociale et « l’incitation à l’altruisme », le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne a révélé que le Canada reprendrait ses exportations militaires vers l’Arabie saoudite.[1]  Ce faisant, il a mis fin à une suspension provisoire autorisée par Chrystia Freeland, celle qui l’avait précédé.

Racisme et discrimination: le mythe de l’exceptionnalisme canadien

Par Brintha Koneshachandra, doctorante en histoire, Université de Montréal

Manifestation à Montréal le 7 juin 2020 (Crédit : Brintha Koneshachandra)

Aux États-Unis, les brutalités et les meurtres policiers touchant la communauté afro-américaine ont fait éclore un mouvement de protestation d’est en ouest du pays. Ce mouvement de protestation, qui dénonce aussi plus largement le racisme systémique et le statu quo, prend de l’ampleur rapidement. De Paris à Montréal, ainsi que dans de nombreux autres pays, des protestations à l’image de ce que l’on observe aux États-Unis se font entendre. Chacune clame les noms de leurs propres victimes : à Montréal, les noms de Regis Korchinski-Paquet, de Nicholas Gibbs, de Pierre Coriolan, d’Alain Magloire, de René Gallant, d’Anthony Griffin, de Preslie Leslie, d’Osmond Fletcher, de Kirt Haywood, de Marcellus François et de Trevor Kelly résonnent.

Le 1er juin 2020, les premiers ministres du Canada ont réagi. Au Québec, François Legault a affirmé lors de sa conférence de presse journalière que le racisme systémique n’existait pas dans la province : « Je pense que la discrimination existe au Québec, mais il n’y a pas de discrimination systémique. Il n’y a pas de système de discrimination[1]. » Pour sa part, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a souligné que le Canada ne possédait pas une histoire de racisme systémique ancré dans sa construction comme elle l’aurait été aux États-Unis[2].

Anne Clare Cools

Par Christine Chevalier-Caron, doctorante en histoire à l’UQAM et chercheuse à Histoire, femmes, genre et migration

À l’initiative des professeures Magda Fahrni et de Yolande Cohen, un projet de vignettes biographiques subventionné par le Réseau québécois en études féministes a été lancé. La biographie d’Anne Clare Cools s’inscrit dans ce projet visant à restituer aux femmes la place qui leur revient dans l’histoire. Cools a pris activement part aux mobilisations aujourd’hui appelées l’Affaire Sir George William. L’’occupation s’étant terminée un 11 février, nous vous proposons de rencontrer cette femme qui fut, aussi, la première sénatrice noire du Canada.

Anne Clare Cools est née le 12 août 1943 à la Barbade, alors colonie britannique. Sa mère, Rosie Gordon Miller est femme au foyer, et son père, Lucius Unique Cools, est pharmacien. Dans son milieu familial, l’éducation, le civisme et le devoir social sont valorisés[1]. En 1957, bien que l’immigration antillaise au Canada soit encore un phénomène marginal, Anne, âgée de 13 ans, et sa famille émigrent à Montréal.

Anne C. Cools intègre l’école secondaire Thomas D’Arcy McGee, située au 220, avenue des Pins Ouest, où elle est la seule étudiante noire. Après ses études secondaires, au début des années 1960, elle s’inscrit à l’Université McGill en travail social. Des mouvements sociaux, dont le Black Power, présents surtout aux États-Unis, se déploient aussi à Montréal, particulièrement au sein de groupes d’étudiants.es Noirs.es fréquentant les universités anglophones et entretenant des liens avec le reste de la diaspora. En 1965, Anne C. Cools participe à la création d’une importante organisation militante de personnes originaires des Caraïbes, le Caribbean Conference Committee[2] (CCC). Faisant partie du « noyau politique de gauche du groupe[3] », elle organise avec le Comité des conférences plusieurs fois par année pour faire connaitre l’histoire de la région, mais aussi dans le but de transformer la politique aux Caraïbes. Dans les années 1960, elle est la seule femme occupant un poste important au sein du CCC.

Lorsque le Canada a ouvert le feu sur ma Kokum Marianne avec une mitrailleuse Gatling

Affiche par Jerry Thistle, texte par Jesse Thistle et traduction par Florence Prévost-Grégoire

Avant 1870, la vie métisse s’organise autour de la colonie de la Rivière Rouge (CRR), là où se situe aujourd’hui Winnipeg. En 1869, après deux siècles de commerce réciproque entre les Premières Nations, les Métis·ses et les Européen·ne·s, la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) vend la Terre de Rupert au Canada, sans consulter les habitant·e·s autochtones de la région. La Terre de Rupert était un vaste territoire près de la baie d’Hudson et qui avait été arbitrairement cédé à la CBH en 1670 par le roi anglais Charles II. La charte de la CBH expirait en 1869, ce qui explique la vente du territoire au Canada. L’Angleterre en avait assez d’administrer la Terre de Rupert, qui, depuis les années 1860, n’était plus profitable.

Tuer l’Indien dans l’enfant : les pensionnats autochtones et le rôle de John A. Macdonald

Affiche par Sean Carleton et texte par Crystal Gail Fraser.

Traduction par Laure Henri

On a souvent célébré John A. Macdonald (1815-1891) pour son rôle en tant que l’un des « Pères de la Confédération » au Canada. Élu premier ministre à deux reprises (1867-1873 et 1878-1891), Macdonald a fait face à d’importants obstacles dans son entreprise d’édification du nouveau Dominion du Canada. La création d’une nation était une lourde tâche et Macdonald y a joué un rôle déterminant sur plusieurs plans, que ce soit dans la négociation de l’entrée des nouvelles provinces dans la Confédération, la construction du réseau ferroviaire, la domestication de l’Ouest « sauvage » ou encore l’encadrement de projets d’immigration de très grande envergure. Il est toutefois moins reconnu qu’en tant que premier ministre, Macdonald a également agi à titre de surintendant général des Affaires indiennes. Il a donc participé de manière active à la mise en œuvre d’un système destructeur qui avait pour objectif de « tuer l’Indien dans l’enfant », soit le système de pensionnats indiens. Cette affiche permet de souligner le double rôle joué par Macdonald, qui a été à la fois bâtisseur d’une nation et architecte d’un génocide commis contre les peuples autochtones.

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