Harold Bérubé, professeur au département d’histoire de l’Université de Sherbrooke

The history that lies inert in unread books does not work in the world. 

Carl Becker, président de l’American Historical Association (1931)

Les mythes et mensonges de nature historique abondent dans la sphère publique. Il y en a des petits et des grands. Ce sont ces nombreux coins que l’on tourne rond pour défendre une cause, un récit national, une politique particulière. La droite n’en a pas le monopole, mais les mouvements conservateurs se caractérisant généralement par une survalorisation du passé, il n’est pas étonnant de retrouver plus fréquemment ce genre de manipulation de ce côté du spectre idéologique. Cela dit, le phénomène connaît une ampleur nouvelle aux États-Unis depuis quelques années et il est clair que la présidence Trump a contribué à son accélération et à son intensification. On a assisté non seulement à une multiplication des mensonges et mythes historiques, mais ils ont eu des échos sans précédent dans la société américaine et, surtout, le fossé qui sépare ces légendes des consensus qui règnent au sein de la discipline historique est devenu parfois abyssal. Comme le résument bien les directeurs de l’ouvrage recensé ici, il ne s’agit plus de débattre des interprétations, mais des faits mêmes dont il est question (p. 7-8).