Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

Étiquette : Transnationalisme

Aux origines du 8 mars

Par Camille Robert, étudiante au programme court de 2e cycle en pédagogie de l’enseignement supérieur de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), membre étudiante du Centre d’histoire des régulations sociales (CHRS) et collaboratrice pour HistoireEngagee.ca[1]

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Le travail "Tu te plains, mon pauvre mari, de tes dix heures d'ouvrage; voici quatorze heures que je travaille, moi, et je n'ai pas encore fini ma journée." L'Opinion publique, Vol. 2, no 44 (2 novembre 1871), p. 532 (BANQ numérique)

Le travail « Tu te plains, mon pauvre mari, de tes dix heures d’ouvrage; voici quatorze heures que je travaille, moi, et je n’ai pas encore fini ma journée. » L’Opinion publique, Vol. 2, no 44 (2 novembre 1871), p. 532 (BANQ numérique)

Chaque année, la date du 8 mars vise à souligner la journée internationale des droits des femmes. Il faut dire qu’on perd un peu de vue l’origine de cette journée. D’année en année, ça devient un peu comme une deuxième fête des Mères ; on peut fréquemment voir des publicités qui visent à gâter les femmes en produits de beauté, en bouquets de fleurs, en forfaits au spa. Il n’est pas étonnant que dans ces publicités on parle souvent de la journée de la femme. En général, le fait d’utiliser la femme au singulier essentialise un peu l’identité des femmes et ne rend pas compte de la diversité des origines, des expériences et des points de vue des femmes.

L’origine de cette journée a longtemps été attribuée à un évènement fictif. Selon plusieurs sources, surtout françaises, ce serait une manifestation de couturières à New York, qui aurait eu lieu le 8 mars 1857, qui serait à l’origine du choix de cette date. Par contre, les travaux de l’historienne Françoise Picq révèlent que cet évènement n’a en fait jamais eu lieu. Ce mythe continue tout de même de circuler dans l’histoire des mouvements des femmes.

« La fachosphère. Comment l’extrême droite remporte la bataille du net » : compte rendu

Par Siegfried L. Mathelet, chercheur associé à la Chaire UNESCO d’études des fondements philosophiques de la justice et de la démocratique de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM)

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Après leur Histoire du Front national (Talandier, 2014), Dominique Albertini et David Doucet nous proposent d’explorer la « fachosphère »[1].  Dans ce deuxième ouvrage écrit en commun, ils abordent ce phénomène récent dont ils prennent la peine de détailler la naissance et l’évolution dans le monde francophone depuis ses débuts, à la fin des années 1990. Ils relèvent d’entrée de jeu l’impact grandissant de certains sites militants sur l’actualité politique, de la controverse sur la pédophilie alléguée du ministre Frédéric Mitterrand vers 2008-09 à l’annulation du concert de Black M. en 2016. Si l’on ne recensait qu’un seul site internet dédié à la haine en 1995, il y en avait plus de 2000 en 1999. Dans ce livre, Domique Albertini et David Doucet entreprennent de raconter l’histoire de ces développements contemporains en s’appuyant sur une série d’entrevues avec les principaux acteurs de l’époque, ceux-là mêmes qui ont tissé ce réseau sur la Toile.

Les auteurs reconnaissent d’emblée que la définition de ce secteur d’activisme en ligne n’est pas aisée. Il recouvre toute la diversité des droites extrêmes, avec pour principale caractéristique, retenue par Nicolas Lebourg, d’entretenir une conception organiciste de la société, assortie d’un rejet de la modernité libérale et de son « idéal de société ouverte » ; un idéal déclaré en rupture avec un ordre naturel à restaurer et, de ce fait, tenu responsable de la décadence des sociétés européennes (p. 15). Ces droites se concentrent sur un ennemi commun, le « système » formé par des élites financières et politiques, ainsi que des médias jugés complices. Cette méfiance envers les médias traditionnels, voire leurs difficultés à les investir, expliquent probablement que ces droites extrêmes aient vu l’internet comme une possibilité de communiquer directement avec leur audience et une opportunité à exploiter. Très tôt, nous disent les auteurs, les activistes d’extrême droite voient le Web comme une arme.     

Sénégal-Israël : une relation complexe

Par Bocar Niang, doctorant en histoire à l’Université de Sherbrooke et collaborateur pour HistoireEngagee.ca

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Mosquée de la Divinité, Dakar. Crédit : Pascal Scallon-Chouinard.

Le 23 décembre 2016, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) adoptait la résolution 2334 condamnant la politique de colonisation de terres palestiniennes par Israël. Rendu possible par l’abstention de l’allié américain qui n’a pas usé de son droit de véto, le vote de cette résolution a provoqué la colère du gouvernement Netanyahou mais également celle d’une partie de la société israélienne[1].  Cet évènement a mis en lumière un autre échec diplomatique de l’État hébreu. Alors qu’au mois de juillet 2016 le premier ministre Benjamin Netanyahou entreprenait un voyage dans quatre pays africains et clamait qu’Israël était de retour sur le continent noir, le rôle joué par le Sénégal dans le vote de la résolution 2334, puisqu’il en était un des quatre parrains, démontrait les limites de cette embellie diplomatique avec l’Afrique subsaharienne[2]. La position du Sénégal dans cette affaire a particulièrement irrité le gouvernement israélien comme l’illustrent les sanctions diplomatiques et économiques prises contre Dakar au lendemain du vote[3].

Comment expliquer cet engagement du Sénégal sur un sujet diplomatique aussi sensible? La réponse à cette question comporte certainement plusieurs ressorts qui tiennent à la fois à la géopolitique, à l’histoire et à l’héritage religieux du pays. Terre de transition et de synthèse culturelles entre le Maghreb et l’Afrique bantoue, la bande sahélienne dans laquelle s’insère le Sénégal affiche depuis longtemps, une proximité affective, spirituelle et politique avec le monde arabe[4]. Ce paramètre fait du Sénégal un terreau fertile à l’expression de positions pro-palestiniennes. Socialement dominé par des confréries religieuses soufies dont certaines tirent leur origine du Maghreb et du Machrek[5], puis doté d’une élite arabophone très active et formée dans les meilleures universités du Moyen-Orient, le Sénégal a tout naturellement fait de sa coopération avec le monde arabo-musulman un axe prioritaire de sa diplomatie[6].

L’unicité des Jeux olympiques : une perspective sportive

Par Serge Gaudreau, chargé de cours à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke

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Pourquoi s’intéresse-t-on autant aux Jeux olympiques ? La question revient inévitablement tous les quatre ans, ou plutôt tous les deux ans depuis que la formule de l’alternance entre Jeux d’été et Jeux d’hiver a été adoptée au début des années 1990.

La diversité des réponses reflète les multiples facettes du phénomène. Pour les uns, plus curieux que passionnés, le faste de l’événement en constitue l’attrait principal. L’impressionnante logistique l’entourant – coûts, participation, envergure des sites de compétition, etc. – frappe l’imaginaire, même de ceux qui s’intéressent peu au sport. La magnitude et l’omniprésence médiatique des Jeux les rendent même incontournables pour ceux qui cherchent à les ignorer ou qui considèrent ce déploiement pompeux comme une distraction futile et coûteuse.

Il va de soi que, pour d’autres, l’enjeu sportif prédomine, la perspective de voir les meilleurs à l’œuvre dans un contexte compétitif poussé à son paroxysme. L’athlète est au cœur de tout, par la dimension humaine de son parcours certes – ce dont les médias font le point focal de leurs reportages –, mais surtout par la performance qu’il va livrer. À leurs yeux, les olympiques sont d’abord et essentiellement une célébration sportive, une sélection à la carte originale dont la diversité et le niveau n’a pas d’équivalent.

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