Le sport et ses pratiques de l’Antiquité à nos jours : dimensions socioculturelles et usages politiques

Olivier Bérubé-Sasseville, Pascal Scallon-Chouinard et Bernard Ducharme, responsables du dossier

La vidéo promotionnelle de la candidature de Rio pour l’obtention des Jeux olympiques de 2016 projetait l’image d’une ville paradisiaque, avec sa baie, ses collines et ses plages enchanteresses, d’une ville où la diversité culturelle typiquement brésilienne se conjugue avec harmonie, d’une ville où, finalement, la population (les Cariocas) entrevoit l’avenir avec confiance et allégresse à la cadence d’un air de samba.  Lors de l’annonce de l’obtention des Jeux en 2009, le Brésil dirigé par Luiz Inácio Lula da Silva avait toutes les raisons de s’enorgueillir de l’essor spectaculaire du géant lusophone de l’Amérique du Sud.  En effet, la huitième économie mondiale – véritable étoile montante des pays émergents et figure de proue des pays du BRICS — avait permis à des millions de Brésiliens de sortir de l’extrême pauvreté qui afflige le pays grâce à des programmes sociaux innovants (dont la célèbre Bolsa família qui a réduit drastiquement les écarts de richesse dans ce pays alors qualifié de plus inégalitaire au monde). Le Brésil était un pays qui suscitait l’admiration… et pas seulement dans les pays en voie de développement.

Mais la crise économique mondiale a finalement rattrapé le Brésil au début des années 2010. Le ralentissement de la Chine et de la demande pour les matières premières brésiliennes a lourdement précarisé les revenus de l’État; la chute marquée des cours du pétrole depuis 2012 a plombé l’économie du pays et de son entreprise pétrolière d’État, Petrobras. Le PIB du Brésil a même reculé de 3,8 pour cent en 2015, plus grande dégringolade en 25 ans. La politique s’est embourbée à son tour et le gouvernement de Dilma Rousseff qui a pris le pouvoir en janvier 2011 a été contesté par de vives manifestations dans les grandes villes du pays lors de la coupe mondiale de football de 2014. Rousseff, la candidate du Parti des travailleurs, a quand même été réélue à la présidentielle d’octobre 2014, mais la lune de miel avec le Parti que Lula avait d’abord porté au pouvoir en 2002 était bel et bien terminée. Le scandale de corruption politique lié à l’entreprise Petrobras révélé par l’opération Lava Jato (Lave-auto) ainsi que les différents scandales relevant de l’organisation des Olympiques ont accentué la crise au point tel qu’un processus de destitution a été entamé contre la présidente. En attendant le résultat final du processus de destitution fin août, Rousseff a été remplacée à la présidence par Michel Temer, dont des membres de son parti politique sont eux-mêmes au cœur du scandale Petrobras.

Le Brésil n’est pas au bout de ses peines : les Olympiques sont déjà assombris par des scandales de dopages (mettant cette fois-ci la Russie au banc des accusés), la crainte de propagation du virus Zika durant les jeux, certains délais de construction d’infrastructures qui peinent à se résorber… Mais mise à part la conjoncture politique particulière qui marque les Jeux olympiques de Rio, l’organisation de grands événements sportifs de la sorte n’est-elle pas marquée par des heurs et malheurs similaires?  Rio saura-t-elle nous en mettre plein la vue au point de nous faire oublier ces zones d’ombres associées aux Jeux?


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