Ça bouge sur Activehistory.ca

Publié le 14 juin 2011

Maurice Demers, Université de Sherbrooke

L’actualité foisonnante des derniers temps a suscité de nombreuses réflexions sur notre site partenaire Active History. Plusieurs articles pertinents y ont été publiés; nous vous encourageons à y jeter un coup d’œil et à lire le texte qui suit.

Sean Kheraj signe un texte très intéressant, intitulé « The Morning After Canada Voted », concernant la surprenante montée du Nouveau Parti démocratique et l’effondrement fracassant du Parti libéral. Kheraj met en perspective les résultats de la dernière élection fédérale en la comparant à celles de 1921 et de 1993, alors que le Parti progressiste, dans un premier temps, et le Reform Party et le Bloc Québécois, dans un deuxième temps, avaient ouvert une brèche importante dans la politique partisane traditionnelle. Tout comme pour 2011, ces élections avaient « sonnée le glas » d’un des deux grands partis et avaient été qualifiées de moment charnière. Ces précédents indiquent, selon lui, qu’une solution politique de remplacement aux deux « vieux partis » existe bel et bien au Canada. Tout est une question de mobilisation.

« Oh, jamais je ne voterai NPD » est une réponse entendue à maintes reprises par Christine McLaughlin lors de la dernière campagne électorale alors qu’elle faisait du porte-à-porte pour ce parti en Ontario. Pourquoi cette affirmation catégorique? « Bob Rae! », s’est-elle fait répondre par nombres d’électeurs. Rae, avant d’être député libéral, a été premier ministre en Ontario dans un contexte de crise économique. Le souvenir malheureux de cette administration néo-démocrate constitue encore un obstacle pour toute campagne de mobilisation dans la province, malgré le fait que Rae ait changé de parti. Ainsi, son texte, «Can Ontario Overcome Bob Rae’s Legacy?», constitue une réflexion personnelle éclairante sur les traces du passé qui structurent toujours le jugement souvent partial des électeurs des décennies plus tard.

Dans un autre ordre d’idées, dans «Technology and the Post-War Presidency», A.J. Rowley examine la désormais célèbre photographie de la « situation room » prise par Pete Souza lors du raid du 1er mai visant à assassiner le chef du réseau Al-Qaïda, Oussama ben Laden. Les membres de l’administration Obama y regardent en direct l’intervention des militaires étatsuniens. L’opération « Neptune Spear », qui fut couronnée de succès, représente un bénéfice politique indéniable pour le président qui réaffirme ainsi l’indéniable supériorité stratégico-militaire des États-Unis. Rowley utilise l’impact médiatique de cet événement pour réfléchir sur les représentations de la supériorité technologique états-unienne depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il affirme que la surexploitation d’une image omnipotente du pouvoir du président américain a des conséquences politiques paradoxales, car les électeurs, avides d’actions draconiennes produisant des résultats expéditifs et radicaux, en viennent à dévaluer un processus politique jalonné par la prévoyance et le compromis.

Les conséquences non mesurées d’un développement technologique à outrance constituent aussi le sujet du texte «Alberta’s Oil Spill History», quoique les relations entre l’État albertain et l’industrie pétrolifère soient au cœur de la sa réflexion. Sean Kheraj attire notre attention sur une nouvelle qui est apparue à la toute fin de la campagne électorale fédérale : le 29 avril 2011, la compagnie Plains Midstream Canada publiait un communiqué de presse informant le public qu’une fuite dans un de ses pipelines avait causé le déversement de 28 000 barils de pétrole en Alberta. Le gouvernement de cette province s’est empressé de réagir par l’entremise de son ministre de l’environnement, Rob Renner, affirmant qu’il ne fallait pas trop s’inquiéter de ces « incidents », car le bilan environnemental de l’industrie pétrolifère en Alberta demeure très positif. Kheraj conteste cette affirmation en effectuant un bref rappel historique des catastrophes écologiques qui ont marqué le développement de cette industrie au Canada durant les trois dernières décennies. Il en ressort une interrogation importante à l’heure où le pays envisage l’exportation à grande échelle du pétrole extrait des sables bitumineux vers la Chine : quelles implications cette production industrielle ont-elles sur les objectifs de protection de l’environnement et du patrimoine? Encore une fois, l’engagement politique des citoyens est crucial pour s’assurer que le gouvernement n’écoute pas seulement les sirènes des lobbys industriels concernant le type d’exploitation des ressources naturelles à privilégier. Avec l’annonce du « Plan nord » de l’État québécois il y a quelques semaines, ce texte met en lumière des enjeux qui sont tout aussi pertinent au Québec qu’en Alberta.

Puisque ce « Plan nord » aura des conséquences importantes sur les communautés autochtones du Québec, le texte « Active History on the Grand : Chiefswood, a Bridge Between Two World » peut aussi alimenter la réflexion collective sur le type de mise en valeur à privilégier, notamment parce qu’il soulève des questions importantes sur la préservation du patrimoine autochtone du pays. En fait, cet article retrace l’histoire du site historique de Chiefswood situé tout près de la réserve des Six Nations dans le sud de l’Ontario. Karen Dearlove esquisse le portrait de la famille du chef mohawk George Henry Martin Johnson qui fit construire, au XIXe siècle, le manoir situé au cœur du site historique actuel. L’histoire de cette famille vivant à cheval entre la tradition autochtone et la modernité britannique jette un éclairage particulièrement intéressant sur les enjeux actuels soulevés par le développement du nord, car il démystifie l’apparente contradiction entre développement industriel et préservation du patrimoine des Premières nations. Tout est une question de compréhension mutuelle dans le respect des intérêts des différentes parties en cause.

En lien avec cette thématique du respect des intérêts particuliers, le site d’Active History nous fait aussi part de différentes activités de formation qui auront lieu en Ontario dans les prochaines semaines et qui visent à former et à sensibiliser le public et les spécialistes à l’histoire des minorités ethniques au Canada, la préservation du patrimoine naturel et historique et l’analyse d’artefacts. Ainsi, nous vous encourageons à consulter les textes « Visible Minority, Invisible History? An Educational Forum about Teaching and Learning Asian Heritage », « Exploring Local Heritage Through Doors and Trails Open » et « Fun Camp for Adult Researchers: Reading Artifacts at the Canada Science and Technology Museum ». Bonne lecture!