Par Étienne Lapointe, candidat au doctorat en sciences des religions, UQAM
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Depuis la parution en 1993 de Hockey Night in Canada : Sport, Identities and Cultural Politics[1], la plupart des chercheur.e.s canadien.ne.s s’intéressant au hockey en tant que phénomène culturel ont cherché à déconstruire le mythe tenace qui fait de ce sport d’hiver le ferment de l’identité canadienne[2]. C’est dans cette perspective que s’inscrit Hockey : Challenging Canada’s Game – Au-delà du mythe national, un ouvrage collectif, bilingue et pluridisciplinaire dirigé par les historiennes Jenny Ellison et Jennifer Anderson. C’est en faisant appel à des chercheur.e.s issus d’horizons disciplinaires variées que les co-directrices espèrent explorer les différentes « experiences of class, gender, race/ethnicity, language, ability, sexual orientation, and region [3] » en lien avec la pratique du hockey.
Outre l’introduction signée par Ellison et Anderson, l’ouvrage est divisé en cinq parties composées de sept « documents[4] » et de quinze chapitres qui offrent un regard critique sur un aspect particulier du hockey. Ainsi, la première partie est consacrée aux origines et à l’histoire du hockey. Dans le premier chapitre, Andrew Holman est d’avis que l’étude historique du hockey pourrait servir à approfondir les connaissances sur la société canadienne notamment en regard des divisions régionales, linguistiques, raciales et de genre. En effet, selon lui l’histoire de ce sport d’hiver est le reflet de la volonté d’unir une population hétérogène à partir d’un phénomène culturel commun. Paul W. Bennett et Michael Robidoux quant à eux se montrent favorables à une révision du récit « créationniste » du hockey qui serait le reflet des rapports de domination en vigueur dans une société qui n’aurait pas su se défaire de son héritage colonialiste. En somme, ces trois auteurs proposent une révision des mythes fondateurs du hockey afin de mieux rendre compte de son apport à la complexité de la société canadienne.