Par Julien Massicotte, Université de Moncton
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L’Assemblée nationale du Québec, dont la façade est couverte de personnages marquants de l’histoire du Québec. Crédit : OZinOH (Flickr).
Visiblement, la question de l’histoire nationale, que l’on assimile vite et automatiquement, mais à tort, à l’histoire politique, demeure une corde sensible suscitant facilement les émois. L’une des conséquences flagrantes du déclin de l’histoire politique/nationale (si l’on accepte provisoirement 1-l’amalgame rapide des deux, et 2- la conclusion de son déclin) est la réappropriation par des acteurs provenant d’autres champs, notamment du champ politique, d’enjeux historiens et mémoriels.
En parallèle, un autre débat se déroule où l’enjeu central est l’importance que l’on doit accorder à la date de 1812 : les acteurs politiques, menées par le gouvernement conservateur, cherchent à faire de la date un moment important de l’histoire canadienne. Ces démarches s’inscrivent dans des efforts politiques de renouvellement du nationalisme canadien. Plusieurs historiens ont décrié la manœuvre, mais il faut tout de même tirer certaines conclusions de ce débat : si les historiens cessent complètement de s’intéresser à l’histoire politique (ou nationale), d’autres le feront à leur place; ils le feront sans l’obligation de méthode, de rigueur et de distance qui vient avec la profession d’historien, avec d’autres intentions que celle de mieux comprendre le passé. Délaisser complètement l’histoire politique, ou s’y intéresser par la bande, un peu comme le clament les tenants de l’histoire sociale dans ce débat, n’est pas sans conséquence.