Par Mauricio Correa, doctorant en histoire à l’Université de Sherbrooke et collaborateur pour HistoireEngagee.ca
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Le 15 février 2016 marque les 50 années de la mort du prêtre guérilléro Camilo Torres Restrepo. Figure importante de la théologie de la libération, ce dernier est sans aucun doute un symbole significatif de la radicalisation et du brassage idéologique qui ont caractérisé l’Amérique latine des années soixante, tout particulièrement suite à la victoire de la révolution cubaine de janvier 1959 sous la direction de Fidel Castro et d’Ernesto (Che) Guevara. Certes, les mouvements de guérillas ont été un moyen de lutte répandu dans la région pendant la Guerre froide. Ces luttes armées ont mis en évidence la persistance d’importantes contradictions sociales et économiques, mais elles ont également exprimé le désir de changements et exacerbé le processus de radicalisation de plusieurs secteurs sociaux : ouvriers, paysans, femmes, étudiants, et intellectuels ont en effet été influencés par cette vague révolutionnaire et contestataire.
À cette époque, même l’Église catholique vit des tensions polarisantes. Le concile Vatican II et les conférences épiscopales de Medellín (1968) et Puebla (1979) sont l’expression de l’expérience catholique de ces processus de radicalisation de la société à l’intérieur de la dynamique de la Guerre froide. La théologie de la libération est un bon exemple d’un phénomène politico-social et culturel particulier à l’Amérique latine où la lecture des problèmes sociaux latino-américains s’élabore à partir d’une perspective marxiste juxtaposée à la doctrine sociale de l’Église catholique de «l’option préférentielle pour les pauvres». Ce courant catholique n’est pas monolithique. Il va de la résistance pacifique jusqu’à l’appui et à la participation à la lutte armée. Les prêtres vivent des processus de conversion aux courants idéologiques du moment sans abandonner la foi en l’évangile.