Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

Catégorie : Louise Bienvenue Page 1 of 2

Une pénurie d’enseignant.e.s? Des solutions existent!

Par Brigitte Caulier, présidente de l’Institution d’histoire de l’Amérique, Karine Hébert, vice-présidente et Louise Bienvenue, membre régulière

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*Cette lettre a été publiée dans Le Devoir le mercredi 27 février 2019.

Il est temps de diversifier les voies d’accès à la profession

Ces dernières semaines, les médias d’information ont publié quantité d’articles et d’éditoriaux annonçant une pénurie de main-d’œuvre dans le monde de l’enseignement primaire et secondaire au Québec. Données à l’appui, on nous apprend que les banques de suppléant.e.s fondent à vue d’œil et que les rangs réguliers sont de plus en plus clairsemés. Les vagues de départs à la retraite chez les baby-boomers n’expliqueraient pas tout; ce déséquilibre n’a rien de temporaire si l’on en croit les Facultés d’éducation universitaires qui observent des baisses importantes d’inscriptions.

On invoque différents facteurs pour expliquer cette situation préoccupante, surtout dans la filière de l’enseignement secondaire (Radio-Canada, 25 janvier 2019). Au premier chef, le manque d’attractivité d’un métier qui a eu la vie dure ces dernières années : salaires parmi les plus bas au Canada, hausse du nombre d’élèves en difficulté dans les classes, alourdissements de tâches depuis le vent d’austérité, instabilité chronique, infrastructures scolaires en désuétude, parents peu solidaires lorsque vient le temps de valoriser l’autorité des enseignant.e.s auprès de leurs enfants, etc.

Entretien avec Louise Bienvenue à l’occasion du lancement du site Mémoires de Boscoville

Par Cory Verbauwhede

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Cette entrevue porte sur le projet de recherche dirigé par l’historienne Louise Bienvenue sur l’histoire de Boscoville, un centre de rééducation pour jeunes délinquants. Le nouveau site, Mémoires de Boscoville[1], met en valeur une trentaine de témoignages récoltés dans le cadre d’une enquête orale menée entre 2012 et 2015. Formulés plusieurs années après la fermeture de l’internat, ces récits nous éclairent sur l’expérience de Boscoville et sur les traces mémorielles qu’elle a laissées. En plus de soupeser les effets à long terme des innovations thérapeutiques mises de l’avant au sein du centre de la Rivière des Prairies, l’enquête vise à consigner pour les générations à venir la mémoire d’une institution québécoise unique de la seconde moitié du XXe siècle[2].


Cory Verbauwhede : Parlez-nous du projet derrière le site.

Louise Bienvenue : L’enquête orale qui a donné jour au site Web Mémoires de Boscoville fait partie d’une plus vaste recherche sur cette institution qui a marqué l’histoire de la justice des mineurs au Québec. En lisant les travaux historiques sur les premières institutions sociojudiciaires pour jeunes qu’étaient les écoles de réforme et la Cour des jeunes délinquants, dont plusieurs ont été signés par des membres du CHRS (Véronique Strimelle, Sylvie Ménard, Jean Trépanier, David Niget, Lucie Quevillon, Jean-Marie Fecteau, etc.), j’ai voulu savoir comment les choses avaient évolué dans l’après-guerre. J’avais croisé le nom de Boscoville dans un ouvrage dirigé par Marie-Paule Malouin, L’univers des enfants en difficulté, et ça m’avait beaucoup intriguée. Cette institution avait bousculé de bord en bord les manières de faire. Elle avait misé sur les sciences du psychisme et de la pédagogie pour réinventer la rééducation des adolescents délinquants. Dans les années 1950, mais surtout dans les trois décennies qui ont suivi, Boscoville s’est imposé comme un espace thérapeutique moderne. Ce fut un important chantier d’interprétation du phénomène délinquant en Amérique du Nord. Plusieurs visiteurs et stagiaires de l’étranger y étaient reçus, alors que les nouveaux théoriciens canadiens de la psychoéducation étaient accueillis dans les congrès spécialisés à travers le monde.

Capture d’écran du site Mémoires de Boscoville.

Il y a cent ans, une première femme entrait à la Société historique de Montréal : Marie-Claire Daveluy
(1880-1968)

Par Louise Bienvenue, professeure au département d’histoire de l’Université de Sherbrooke

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Remise de la médaille annuelle, dite du Centenaire, pour le meilleur travail historique de l’année, offerte à Marie-Claire Daveluy, par la Société historique de Montréal, le 12 avril 1958. Source : Bibliothèque et Archives Canada (BAC), LMS-0009-1967-09, boîte 56.

L’année 2017 a marqué le centième anniversaire de l’entrée d’une première femme à la Société historique de Montréal : Marie-Claire Daveluy (1880-1968). À cette époque, devenir membre de cette société savante n’était pas le moindre des accomplissements. L’histoire comme discipline universitaire n’en étant qu’à ses balbutiements et c’est grâce à de tels regroupements d’érudits que circulaient les connaissances archivistiques et méthodologiques. En stimulant l’intérêt pour la défense du patrimoine et le développement de la recherche, la Société historique de Montréal, fondée en 1858 par Jacques Viger, avait permis « une première forme de gestion collégiale de la production historique », comme l’a souligné Patrice Régimbald[1].

Au moment de prononcer son discours d’intronisation devant l’assemblée des sociétaires en octobre 1917, la Montréalaise de 37 ans se disait bien consciente de bousculer les habitudes d’une confrérie jusqu’alors uniquement masculine. Elle savait, cependant, qu’en poussant les portes du cénacle, elle ouvrait la voie à d’éventuelles consœurs :

De quelle belle largeur d’esprit et d’accueil, vous faites preuve aujourd’hui, Messieurs, en recevant pour la première fois à vos séances, une femme, et avec elle, en principe, d’autres femmes qui témoigneraient à l’avenir, du même désir, et manifestement le même culte pour notre histoire[2].

À l’évidence, Marie-Claire Daveluy était ravie de se retrouver parmi des collègues érudits auprès de qui elle pourrait perfectionner son savoir et ses méthodes : « Cette possibilité de devenir membre de Sociétés sérieuses, savantes, bien organisées, comporte pour les femmes de grands avantages. J’avoue, pour ma part, avec une certaine confusion, avoir beaucoup songé au profit que je retirerais de vos séances d’études[3]. »

Entrevue avec Louise Bienvenue et Andréanne LeBrun

Par Noémie Charest-Bourdon

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Le colloque "Question sociale et citoyenneté" se tiendra à l'UQÀM du 31 août au 2 septembre 2016. Plus de détails ici.

Le colloque « Question sociale et citoyenneté » se tiendra à l’UQÀM du 31 août au 2 septembre 2016. Plus de détails ici.

Professeure titulaire au département d’histoire de l’Université de Sherbrooke et chercheure au Centre d’histoire des régulations sociales, Louise Bienvenue est spécialiste de l’histoire du Québec contemporain. Ses publications récentes abordent l’histoire du réseau de protection de la jeunesse aux XIXe et XXe siècles ainsi que l’histoire des collèges classiques. Elle complète présentement une enquête d’histoire orale auprès des anciens de Boscoville (1941-1997), un centre de rééducation pour mineurs. Depuis 2013, elle est aussi directrice de la Revue d’histoire de l’Amérique française.

Andréanne LeBrun est candidate au doctorat en histoire et chargée de cours à la Faculté d’Éducation de l’Université de Sherbrooke. Son mémoire de maîtrise analysait les différents modèles de citoyenneté et de participation politique enseignés dans les écoles du Québec entre 1943 et 1967. Avec le soutien du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et de la Fondation Trudeau, ses recherches doctorales explorent les représentations collectives de la fonction sociale de la jeunesse, et plus particulièrement de l’adolescence, dans les discours psychopédagogiques, médiatiques et politiques entre 1943 et 1985 au Québec[1].


Noémie Charest-Bourdon : Avant 1963, quelles sont les transformations du droit de vote au XXe siècle?

Louise Bienvenue : L’accès au suffrage avait connu un certain nombre d’élargissements depuis les débuts du système parlementaire. L’un des plus remarquables concerne sans doute l’abolition progressive du cens électoral, qui limitait l’accès aux ouvriers et autres petits salariés n’ayant pas de propriété foncière suffisante pour prouver leur compétence économique. Et puis, bien sûr, il y a le vote féminin qui survient, au Québec, assez tardivement en 1940. À bien des égards d’ailleurs, le débat sur le vote à 18 ans rappelle celui sur le suffrage féminin : nos recherches font ressortir plusieurs arguments qui se recoupent.

Andréanne LeBrun : Cela dit, malgré cette tendance générale à agrandir le corps électoral au cours du 20e siècle, l’histoire du vote au Québec et au Canada n’est pas toujours, vous vous en doutez, celle d’une marche irréversible vers une plus grande démocratie… Nous n’avons qu’à penser à la Loi des élections en temps de guerre qui retire en 1917 le droit de vote aux « objecteurs de conscience » (Mennonites, Doukhobors et néo-Canadiens originaires de pays non anglophones). Dans un autre ordre d’idées, lorsque le critère de possession est aboli au Québec en 1936, on observe toujours une certaine opposition au droit de vote des chômeurs. Le bien-fondé du suffrage universel est d’ailleurs remis en question dans les programmes scolaires officiels dans la province jusqu’en 1956, quoiqu’il s’agisse d’un courant qui appartient surtout aux années d’avant-guerre. C’est en raison de ce caractère dynamique et multidirectionnel du processus de négociation de la capacité citoyenne qu’il importe à notre sens de nous intéresser aux débats de société derrière les législations électorales et de faire ressortir l’action des individus pour conquérir ou préserver ce droit.

Sœur Ghislaine Roquet, artisane de la Révolution tranquille (1926-2016)

Par Louise Bienvenue, professeure au département d’histoire de l’Université de Sherbrooke

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Commission Parent.

Commission Parent.

Ghislaine Roquet, c.s.c, est décédée le 31 mai dernier à l’âge vénérable de 90 ans. Trop peu connue du large public, cette femme réfléchie à la voix veloutée a joué un rôle important dans la modernisation de notre système d’éducation. Elle fut, en effet, au cœur des travaux de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement (1961-1966), mieux connue sous le nom de Commission Parent. Cet exercice emblématique de la Révolution tranquille donna lieu, on le sait, aux grandes réformes éducatives dont nous sommes aujourd’hui héritiers : ministère de l’Éducation, écoles polyalentes et Cégeps, gratuité scolaire de la maternelle au niveau collégial, formation universitaire des maîtres, accès élargi pour les filles aux filières éducatives, etc.

Parmi les commissaires laïques, en cravate et veston sombre, qui entouraient le président Mgr Alphonse-Marie Parent, Sœur Marie-Laurent de Rome — de son nom de religieuse — était assurément une figure contrastante avec sa large cornette et son col blanc immaculé, typiques du costume des dames de Sainte-Croix. À l’aube des années soixante, sa participation à une émission télévisée portant sur « la liberté en éducation » fut remarquée par Jean Lesage lui-même qui cherchait un représentant des collèges pour compléter l’aréopage de commissaires. On prenait alors soin d’écarter les Jésuites, trop partiaux en raison de leur ambition de diriger la deuxième université francophone du Québec. Avec ses propos intelligents et mesurés, cette jeune enseignante de philosophie au collège Basile-Moreau de Ville Saint-Laurent apparut comme la candidate idéale.

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