Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

Catégorie : Micheline Dumont

Femmes et/en histoire : savoirs et combats

Par Christine Chevalier-Caron et Adèle Clapperton-Richard,  candidates au doctorat et à la maîtrise en histoire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Andrée Lévesque, historienne et professeure émérite de l’Université McGill, Micheline Dumont, historienne et professeure émérite de l’Univeristé de Sherbrooke) et Magda Fahrni, historienne et professeure  à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)

Cette table-ronde, qui s’est tenue à  la librairie Zone Libre le jeudi 8 mars 2018, dans le cadre de la Journée internationale des femmes, a réuni Christine Chevalier-Caron, candidate au doctorat en histoire à l’UQAM et coordinatrice au Groupe de recherche Histoire, femmes, genre et migrations, Adèle Clapperton-Richard, candidate à la maîtrise en histoire à l’UQAM, Micheline Dumont, historienne et professeure émérite de l’Université de Sherbrooke et Andrée Lévesque, historienne et professeure émérite de l’Université McGill. La discussion a été animée par Magda Fahrni, historienne et professeure en histoire à l’UQAM.

« La passion d’Augustine » : l’expertise musicale des religieuses

Micheline Dumont, historienne

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La Passion d'Augustine, 2015.

La Passion d’Augustine, 2015.

Un article du Devoir, le 30 mars 2015, nous apprend que le film de Léa Pool, « La passion d’Augustine », rencontre un succès populaire. Les recettes au guichet approchent du million après dix jours dans les salles. Ce film vient rappeler la réalité d’une tradition mal connue aujourd’hui : l’expertise des religieuses dans l’enseignement de la musique.

Cet enseignement s’est répandu avec le foisonnement des pensionnats de jeunes filles, lieu principal de l’instruction féminine, à partir du milieu du XIXe siècle. Rapidement, les religieuses ont ajouté la musique au programme scolaire. D’une part, parce que cela répondait à une demande expresse des parents. D’autre part, parce que cela permettait d’augmenter le prix de la pension. Des recherches ont démontré que les revenus des pensionnats étaient majorés de 15 %, grâce à l’enseignement de la musique. Dans un petit pensionnat rural, un couvent de quelques 60 pensionnaires, on dénombrait dix pianos en 1950. Or, on comptait 175 établissements en 1950, dont 55 dans des villages. Cela fait beaucoup de pianos et beaucoup de religieuses musiciennes!

Chaque congrégation a progressivement structuré cet enseignement, par l’octroi de diplômes-maison. À partir des années 1920, plusieurs congrégations se sont même dotées d’une école supérieure de musique. Le cursus musical s’est alors étendu jusqu’au baccalauréat et chaque congrégation a négocié son affiliation à une université pour faire reconnaître ses diplômes. C’est une question complexe et les archives révèlent de longues discussions entre les autorités universitaires et les congrégations religieuses. Plusieurs congrégations changent d’université quand elles ne peuvent pas s’entendre avec les responsables. La première affiliation date de 1926 et progressivement, on en compte une dizaine. Les dernières se produisent après 1950, dont l’école supérieure des Sœurs Sainte-Croix qui avait pourtant formulé sa demande dès 1922.  

« Le salaire au travail ménager. Chronique d’une lutte féministe internationale (1972-1977) » : compte rendu

Par Micheline Dumont, historienne et professeure émérite de l’Université de Sherbrooke

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TOUPIN, Louise. Le salaire au travail ménager. Chronique d’une lutte féministe internationale (1972-1977). Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2014, 451 p.

Page couverture de l’ouvrage de Louise Toupin, intitulé Le salaire au travail ménager. Chronique d’une lutte féministe internationale (1972-1977), et qui a été publié aux éditions du remue-ménage (Montréal) en 2014.

Les éditions du remue-ménage ont publié, l’automne dernier, cet ouvrage de Louise Toupin qui aurait dû susciter un grand intérêt. Tout au contraire, un grand silence médiatique a suivi, à l’image de l’absence TOTALE d’intérêt que suscite habituellement le travail ménager lui-même. Cette « revendication » du néo féminisme des années 1970 a disparu de l’écran radar des militantes. C’est pour réactiver cet important dossier que Louise Toupin nous offre cet ouvrage magistral. Commencée il y a vingt ans (1994), cette étude a pu être terminée après des recherches approfondies dans les archives des groupes internationaux, (Italie, États-Unis, Canada, Angleterre, Suisse, Allemagne) et des entrevues avec les principales militantes. Devoir de mémoire. Devoir d’analyse politique. Devoir de pertinence. Devoir de persévérance.

Louise Toupin fait partie du petit groupe de féministes qui ont lancé, en 1969, le « Front de libération des femmes du Québec ». Elle était de la « cellule » dont les membres ont fait de la prison pour la cause des femmes, en 1971, en participant à l’action du box des jurés lors du procès de Lise Balcer, lui-même relié au procès de Paul Rose[1]. Elle participe également à la fondation des éditions du remue-ménage en 1976 dont le premier ouvrage s’intitulait, prophétiquement Môman travaille pas, a trop d’ouvrage.   Elle a contribué à l’édition de trois anthologies, dans cette maison d’éditions : Québécoises deboutte (avec Véronique O’Leary) en 1982; La pensée féministe au Québec (avec Micheline Dumont) en 2003; Luttes XXX, (avec Maria Nenghe Mensah et Claire Thiboutot) en 2011.

La laïcité et les droits des femmes. Réflexions critiques

Par Micheline Dumont, historienne et professeure émérite de l’Université de Shebrooke

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Micheline Dumont lors de sa conférence à la Librairie Paulines.

Micheline Dumont lors de sa conférence à la Librairie Paulines.

Le Parti Québécois vient de dévoiler, le 10 septembre dernier, sa proposition pour une «Charte des valeurs québécoises». Une tempête de protestations a suivi, venant de tous les horizons : elle n’est pas encore terminée. Ces événements viennent couronner une décennie de discussions autour des «accommodements raisonnables.» Nous sommes en pleine tourmente idéologique et sociale. Une pétition «Pour un Québec inclusif», qui présentait quelque 200 signatures le mercredi 11 septembre était rendue à 20 000 signatures le 19 septembre. Dans la proposition québécoise, trois de ces valeurs sont : primauté du français, l’égalité entre les hommes et les femmes, la neutralité de l’État.

Le Conseil du Statut de la femme a publié en, 2011, un document : Affirmer la laïcité, un pas de plus vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. On y affirme clairement que le concept de laïcité ouverte porte atteinte à l’égalité des femmes. Une série de 9 recommandations accompagne le document. Trois de ces recommandations portent spécifiquement sur «le devoir de réserve aux manifestations religieuses nettement visibles». On ne dit pas plus clairement que ce document vise en priorité l’interdiction du port du voile, le hidjab, sur les lieux de travail, même si on a élargi le propos à divers aspects de la séparation entre l’Église et l’État. Et on proclame que le long chemin vers la laïcité (un historique est proposé) serait une garantie pour l’amélioration de l’égalité entre les hommes et les femmes. Un éditorial du Devoir a souligné la pertinence du document. Une sorte d’approbation collective tacite a semblé accompagner cette publication. J’ai fait parvenir un texte au Devoir pour critiquer le document : on ne l’a pas publié. Depuis, le gouvernement québécois a lancé sa Charte des valeurs québécoises.

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