Par Osire Glacier, Université Bishop
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Résumé
Les récits des droits fondamentaux restent dominés par une vision eurocentriste du monde. Aussi l’Occident tend à être associé aux valeurs progressistes, tandis que l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient tendent à être associés à l’arriération. En prenant pour cas d’étude le Maroc, je propose de montrer que l’immobilisme culturel dont souffrent les citoyens marocains est un produit politique. L’élite dirigeante s’approprie l’appareil de l’État, y compris le système de justice. Or avec une telle appropriation, cette élite viole impunément les droits culturels des citoyens. En fait, programmes délibérés de privation d’accès à l’éducation et au savoir, prohibition de la culture des droits humains et violences politiques, sous forme de censure, arrestations abusives et torture, sont quelques mécanismes qui amputent la richesse des expressions de la culture nationale, et produisent en fin de compte l’immobilisme culturel.
Mots-clés
droits culturels; droits religieux; islam; islamisation; traditionalisation; immobilisme culturel; récits droits de la personne; orientalisme; droits humains au Maroc; Maghreb; Afrique du Nord et Moyen-Orient
Introduction
Cet article soutient que les violations des droits humains au Maroc ne sont pas le résultat d’un déterminisme culturel, mais plutôt le produit des structures du pouvoir. En effet, quand les rapports internationaux portant sur la réalité des droits humains classent le Maroc parmi les pays les moins performants au monde[1], en général, cela étonne peu. Les maltraitances perpétrées par cet État à l’encontre de ses citoyens vont dans le sens des croyances populaires. Après tout, comme tous les pays de la région, le Maroc vit sous un régime autoritaire où les violations des droits humains sont la règle plutôt que l’exception. D’ailleurs, certains universitaires n’hésitent pas à expliquer cette situation par la culture arabo-musulmane[2]. Celle-ci serait intrinsèquement incompatible avec les valeurs démocratiques. En outre, d’autres vont jusqu’à diviser le globe entre un Orient despotique et un Occident démocratique[3].