Des poussières et des femmes : Santé, militantisme et rapports de genre lors de la grève de Thetford Mines (1975)

Publié le 17 septembre 2019

Par Sandrine Labelle, Université du Québec à Montréal

Le 18 mars 1975, 3000 travailleurs des mines d’amiante de la région de Thedford Mines déclenchent une grève. Les enjeux principaux du conflit sont les risques environnementaux et sanitaires que pose l’exposition à la poussière d’amiante pour les travailleurs. Cette grève est marquée par l’importante mobilisation des épouses de mineurs. Elles s’organisent notamment à travers le Comité des femmes d’appui aux mineurs (CFAM). L’analyse des activités du CFAM permet de mieux comprendre la manière dont ces militantes politisent leur expérience en tant que femmes d’ouvrier au cours de cette lutte. Cet article met en lumière les préoccupations propres à ces femmes d’ouvriers et vise à cerner les motifs qui les amènent à se mobiliser. Il souhaite également valoriser le travail de ces femmes qui, par leur militantisme, réinterprètent le sens de leur identité féminine et ouvrière. Ainsi, elles se positionnent comme des actrices clés de leur communauté.

Mots-clés : Thetford Mines; militantisme féminin; grève; femmes; mines; amiante; santé; rapports de genre; familles ouvrières

Ancré dans une perspective matérialiste, le concept de consubstantialité des rapports sociaux développé par Danièle Kergoat invite à analyser la manière dont les différents rapports sociaux s’articulent entre eux[1]. Lorsqu’elle étudie les mobilisations de femmes de la classe ouvrière, la chercheuse démontre que leurs luttes ne peuvent être réduites à des revendications « de femmes » ou « d’ouvrières ». Leurs mobilisations sont le résultat de la manière dont ces catégories s’articulent et se construisent mutuellement pour façonner l’existence de ces femmes[2]. Le concept de consubstantialité des rapports sociaux insiste également sur l’importance d’historiciser ces catégories d’analyse. Notamment, l’identité « femme » n’est pas naturelle et fixe. Elle est en mouvement, et sujette à des redéfinitions constantes[3]. De tels constats nous invitent à porter une attention particulière aux procédés par lesquels les groupes dominés en viennent à « réinterpréter et subvertir le sens des catégories » par lesquels ils se définissent[4].

C’est à la lumière de cette perspective que nous proposons d’aborder les mobilisations des femmes de mineurs lors du conflit de travail qui se déroule dans la région de Thetford Mines en 1975. L’histoire de ces mobilisations a été largement passée sous silence par une historiographie qui, en se concentrant sur les luttes syndicales, oblitère trop souvent les importantes mobilisations de la société civile qui accompagnent les luttes ouvrières[5]. Par cet article, nous cherchons à revaloriser l’apport de ces femmes et à mettre de l’avant leur capacité à s’organiser comme actrices politiques. Nous nous intéresserons ici plus particulièrement au militantisme d’une organisation féminine : le Comité des femmes d’appui aux mineurs (CFAM). Ce comité, composé d’épouses de travailleurs syndiqués de la CSN et des Métallos, est fondé en 1974 afin d’informer les travailleurs et leurs épouses sur les risques posés par la poussière d’amiante sur la santé. Les militantes déplorent le fait que « La majorité des travailleurs ne s’intéresse à leurs syndicats que lorsqu’il est question de salaires[6] ». Elles fondent donc le CFAM dans le but de faire de la question de la santé un enjeu de premier plan. Le CFAM n’est affilié à aucun syndicat et revendique son autonomie vis-à-vis ces derniers. Le comité devient rapidement un groupe de mobilisation qui incite les femmes à prendre part aux luttes syndicales. L’exécutif du comité, composé d’une quinzaine de femmes, affirme avoir réussi à organiser entre 150 et 200 femmes lors de la grève autour d’activités de sensibilisation et de mobilisations diverses[7].

 Les documents produits par ce comité – notamment les procès-verbaux du comité, la correspondance de ses membres, le matériel de mobilisation produit lors du conflit, ainsi que des entrevues accordées par les militantes dans différents médias – éclairent la manière dont elles ont politisé leur expérience en tant que femmes d’ouvriers lors du conflit. D’une part, ils nous permettent de comprendre que les préoccupations qui les amènent à se mobiliser sont le résultat de la façon toute particulière dont elles s’inscrivent dans les rapports de classe, mais également dans les rapports de genre[8]. D’autre part, ils nous fournissent un excellent exemple de la capacité des femmes à subvertir le sens de ces catégories. À travers leur lutte, les femmes en viennent à redéfinir ce que signifie le fait d’être « femme » et « membre de la classe ouvrière ».

La grève de 1975 : Contexte et historiographie

Le début des années 1970 est marqué par une effervescence des mouvements ouvriers et syndicaux, dont un moment marquant est la grève du front commun de 1972[9]. Inspirés par cette stratégie, les mineurs de la région de l’amiante associés à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et au syndicat des Métallos décident de négocier de concert le renouvellement de leur convention collective. Le 18 mars 1975, les négociations achoppent et mènent à une grève de sept mois et demi impliquant plus de 3000 travailleurs de la région de Thedford Mines[10]. C’est notamment lors de ce conflit qu’est remise à l’avant-plan la question des risques sanitaires posés par l’omniprésence de la poussière d’amiante dans les mines et dans leurs environs. Entre autres, l’exposition à la poussière cause l’amiantose. Cette maladie résulte de l’inhalation de microparticules d’amiante sur une longue période. Les particules s’accumulent dans les poumons, les empêchent de fonctionner adéquatement et entraînent éventuellement une mort par suffocation[11]. Au Québec, aucune norme ne protège alors les travailleurs contre cette exposition[12]. La province accuse d’ailleurs un retard en matière de protection des travailleurs par rapport aux autres États producteurs d’amiante – notamment la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Danemark – qui encadrent tous l’exposition à la poussière d’amiante sur les lieux de travail.

L’enjeu de la poussière d’amiante n’est pas nouveau; la lutte pour une meilleure reconnaissance des maladies industrielles est également au cœur du conflit de 1949[13]. Cependant, au début des années 1970, les travailleurs ont accès à une meilleure documentation au sujet des risques que pose l’exploitation de l’amiante pour la santé[14]. Les premières études médicales qui démontrent un lien clair entre l’exposition à l’amiante et l’apparition de maladies pulmonaires sont publiées au Canada à partir de 1965[15]. En 1974, le service de recherche de la CSN met en place à Thetford Mines la Clinique de Mont-Sinaï. Cette clinique mène la première étude sur l’amiantose qui n’est pas financée par l’industrie de l’amiante[16].  Les résultats sont catégoriques : sur les 995 mineurs participant à l’étude, 61% souffrent de maladies pulmonaires liées à la présence de fibres d’amiantes dans l’organisme[17]. C’est suite à ces résultats que le front commun décide d’inclure les revendications liées à la santé au travail dans les négociations.

Malgré l’existence de nombreuses études portant sur le mouvement ouvrier dans le secteur des mines d’amiante, la plupart de ces travaux se penchent sur la grève de 1949[18]. Les luttes plus récentes, et notamment la grève de 1975, sont quant à elles beaucoup moins étudiées. L’important ouvrage de Jessica Van Horssen –qui s’intéresse justement à la question de la santé des travailleurs et travailleuses– aborde peu la grève de 1975. L’auteure se concentre sur l’histoire de la ville d’Asbestos, où il n’y a pas eu de débrayage. La seule recherche récente qui s’intéresse spécifiquement à ce conflit et y consacre un chapitre complet est le mémoire de maîtrise de Micheline Marier. Elle en fait cependant une histoire très institutionnelle et étudie l’action des grands syndicats et leur relation avec l’État. Le présent article s’intéresse quant à lui à l’expérience quotidienne des membres de la communauté, et plus précisément, des femmes. Il souhaite mettre en lumière les éléments qui poussent certaines d’entre elles à prendre part à la lutte.

Santé et rapports de genre dans les familles ouvrières

La question de la poussière est un enjeu au cœur des revendications du CFAM. Dans un document qui présente le comité et explique les raisons de sa fondation, les militantes abordent plusieurs enjeux liés aux problèmes de pauvreté, de chômage, et aux conditions de travail des mineurs en général. Cependant, la majorité des préoccupations formulées sont liées aux enjeux de santé. Dans un de leurs tracts, les militantes posent la question « Pourquoi faire la grève? ». En réponse à cette interrogation, près de la moitié de raisons déclinées sont liées à la poussière d’amiante. On peut notamment lire dans le document qu’elles sont : « écœurées […] de manger de la poussière, de voir mourir les hommes trop jeunes, de boire de l’eau contaminée, de la neige même en été[19] ».

L’importance qu’elles accordent à cet enjeu s’explique par le fait que les femmes, à travers les rôles sociaux qui leur sont attribués, sont particulièrement affectées par les questions qui touchent au bien-être et à la sécurité des membres de leur famille et de leur communauté. Entre autres, c’est à elles que revient la tâche de prendre soin de leur époux malade. De plus, selon Nancy Forestell, les problèmes de santé ont des impacts significatifs sur les familles de mineurs; en rendant l’époux incapable d’assumer son rôle de pourvoyeur, l’invalidité déstabilise l’équilibre économique du ménage ainsi que la vie familiale affectant ainsi directement le travail des ménagères [20]. En conséquence, la prise en compte de la question du genre est essentielle pour comprendre les préoccupations et les réponses formulées par les acteurs et actrices face aux risques sanitaires posés par l’amiante.

Sur le plan matériel, la maladie d’un travailleur vient déstabiliser considérablement l’économie familiale. Dans la plupart des ménages ouvriers de Thetford Mines, les familles ne semblent compter que sur une seule source de revenus, soit le salaire de l’homme. La main-d’œuvre employée dans les mines est exclusivement masculine depuis les années 1950; le poste de « gobeuse », seul emploi offert aux femmes, a été aboli puisqu’il est désormais effectué par des machines[21]. Les femmes de mineurs qui s’impliquent dans le comité affirment quant à elles toutes être ménagères. Elles considèrent cependant avoir un rôle clé à jouer dans l’économie domestique. Comme en témoigne cette chanson des épouses de mineurs rédigées par les militantes du CFAM, ce sont les femmes qui prennent la responsabilité d’assurer la gestion du budget. Leur travail est donc particulièrement affecté par la précarité de leur époux : « On peut pas faire de miracles avec les salair’, Les prix montent la vie est chère, On sort pas de la misère[22] ». Le discours des ménagères fait ici écho aux préoccupations des syndicats qui dénoncent les bas salaires dans l’industrie de l’amiante. En effet, en 1974, un travailleur de l’amiante reçoit un salaire moyen de 3,73$/h, soit 0,75$ de moins qu’un mineur travaillant dans l’industrie du cuivre et du fer[23]. Comme l’a souligné Katerina Stavrides dans son mémoire de maitrise portant sur la grève de 1975, les salaires des mineurs de Thetford Mines ont pratiquement stagné dans les 20 années précédant le conflit de travail[24]. Le contexte d’inflation galopante, qui entraîne une augmentation du coût de la vie de 30% entre 1973 et 1975, explique la colère des familles ouvrières face à la perte de leur pouvoir d’achat. Cette précarité est accentuée par le fait que l’équilibre économique est constamment menacé par la potentielle invalidité du travailleur; les allocations financières allouées aux travailleurs atteints d’amiantose qui ne peuvent plus travailler sont de loin inférieures au salaire des mineurs[25]. Le mineur étant le seul pourvoyeur du ménage, son invalidité a donc d’importantes conséquences sur la situation matérielle des familles. Ces inquiétudes constituent un premier élément explicatif des préoccupations féminines sur les conditions sanitaires de travail.

Les préoccupations des épouses de mineurs liées à la santé des travailleurs vont cependant au-delà des considérations matérielles. La maladie et la fatigue qui découlent des mauvaises conditions de travail sont perçues comme des causes importantes de la dégradation de la vie familiale. Dans un tract intitulé Journal intime d’une épouse d’amiantosé produit par le CFAM, une femme écrit :

« Après 20 ans de mariage, mon mari […] n’a plus de souffle, il est toujours fatigué, il manque de patience, il désire la paix, il est sourd, tout lui demande un effort même pour la sacrée chose, il veut, mais… il ne peut plus… malheureusement. Il est amiantosé[26] ».

Le lien que les femmes dressent entre le milieu malsain où travaille leur mari et la dégradation de leur vie familiale apparaît clairement lorsque celles-ci, au terme du conflit, dressent la liste des avantages d’une grève : « Étant libéré de ces conditions qui nuisent à leur épanouissement, du milieu poussiéreux qui les rend malades, ces hommes ont redécouvert la vie de famille, la vie sociale, ont appris à vivre avec leurs femmes et leurs enfants[27] ».

En bref, les risques liés à l’amiante touchent directement les femmes en déstabilisant la vie familiale, ce qui contribue à en faire un enjeu féminin. De telles préoccupations sont au cœur de l’expérience des femmes de la région depuis bien longtemps; dès 1943, les femmes de Black Lake tentent de s’organiser en adressant une pétition signée par les femmes du village qui réclame de « faire disparaître la poussière que déverse leur moulin sur la ville »[28]. Au cours des années 1970, l’accès à une documentation plus étayée sur les risques sanitaires que pose la poussière d’amiante stimule un regain de mobilisation féminine. Le parcours militant de la plupart des membres fondatrices du CFAM débute d’ailleurs avec leur implication en tant que bénévoles à la clinique de Mont-Sinaï[29].

Bien que le syndicat décide de faire de la question de la santé un enjeu central lors de la grève, un certain tabou demeure autour de l’amiantose chez les mineurs. La plupart des syndiqués nient être eux-mêmes atteints de maladies liées à la poussière d’amiante[30]. Marcel Pépin, dirigeant de la CSN durant la grève de 1975, témoigne du déni des travailleurs quant à leurs conditions de santé : « c’est bien important de se rappeler que les mineurs […] ne se considèrent jamais malades parce que c’étaient toujours les autres qui étaient atteints et jamais eux[31] ».  Les travaux d’historiennes qui se sont penchées sur les conséquences de l’invalidité des travailleurs et sur les rapports de genre dans les communautés minières nous permettent d’appréhender les raisons qui expliquent la présence d’un tel tabou. Ces autrices nous rappellent que, puisque les travailleurs exercent un métier particulièrement dangereux et exigeant physiquement, le monde minier renforce la construction d’identités masculines qui valorisent la force physique et le fait d’être un « dur à cuire »[32].  Dans les secteurs où le travail est presque exclusivement réservé aux hommes, l’association entre la masculinité et le fait d’être un pourvoyeur est également renforcée[33]. Lorsque les hommes sont frappés d’invalidité, c’est l’ensemble de cette identité viriliste qui s’effondre. Le travailleur amiantosé perd le privilège que lui confère le rôle de pourvoyeur de la famille, est confiné à son domicile et devient dépendant des maigres allocations financières. Comme nous l’avons vu dans l’extrait du tract « Journal intime d’une épouse d’amiantosé », certaines épouses de mineurs soulignent que l’affaiblissement de leur époux malade peut les amener à être incapables d’avoir des relations sexuelles[34]. Cela peut être vécu par les hommes comme le symbole suprême de la perte de leur virilité.

La réticence des hommes à aborder cet enjeu permet d’expliquer la décision des femmes de s’organiser collectivement autour de la question de la poussière. Frustrées de constater que les ouvriers et leurs épouses sont rares à présenter aux ateliers qu’elles organisent afin de diffuser les résultats de l’étude du Mont-Sinaï, les militantes dénoncent l’inaction des hommes face à leurs conditions sanitaires de travail : « On est écœurées…de voir l’indifférence des gars […] De voir les gars se ficher des conditions de travail », écrivent-elles dans un de leur premier tract.

Militantisme au féminin

« Paraîtrait que c’est pas d’leurs affaires, les femm’d’ouvriers [bis]

À se mêler de ces histoires, du travail pis des salaires,

WoWoWo . . .  Parlons en mon Joe.

Si on frotte pis on balaye dans notre maison,

C’est pour faire la vie belle,

Recrinquer la manivelle,

Oh, oh oh, de nos travailleurs[35] »

Cette « Chanson des femmes d’ouvriers », rédigée au début du conflit par les militantes du CFAM, est chantée par les femmes dans les manifestations et sur les lignes de piquetage. Par cette chanson, elles revendiquent leur droit à être impliquées dans la lutte. Elles s’appuient sur les rôles qui leur sont traditionnellement attribués – ici le travail ménager – afin de légitimer leur implication sociale et politique. Un tel discours imprègne les premiers écrits du comité. Si elles ressentent le besoin de se justifier de la sorte, c’est entre autres parce que ce nouveau type d’engagement dérange. Les militantes se heurtent à une certaine résistance face à leur implication. Dans son bilan de la grève rédigé au mois de décembre 1975, l’exécutif du CFAM se rappelle :

« Parfois, le mari s’opposait à la participation de sa femme. Tous les mineurs comptaient sur l’appui de leurs femmes, mais plusieurs le préféraient plus conforme à la féminité traditionnelle. L’engagement social et politique des femmes rompait avec des habitudes solidement enracinées[36] ».

C’est donc au départ en s’appuyant sur leur rôle d’épouses et de mères que les femmes justifient leur implication et fondent leur militantisme.

Cependant, la manière dont les militantes perçoivent leur rôle au sein de la communauté évolue rapidement au cours du conflit. Comme l’a rappelé Andrée Lévesque dans son étude sur les midinettes, les grèves sont des moments de politisation importants pour les femmes[37]. En prenant part à des actions collectives et en développant un sentiment d’appartenance au sein de leur association, les femmes développent leur conscience politique et prennent confiance en leur capacité d’agir. Notamment, les femmes du CFAM sont amenées à développer de nouvelles compétences qui rompent avec les rôles qui leur sont traditionnellement attribués. Elles apprennent notamment à prendre la parole en public. Lors de la rédaction de leur bilan, elles accordent une grande importance à un événement survenu près d’un an auparavant lors d’un atelier de préparation à la grève : « À cette première assemblée publique, une femme de mineur, Gisèle Fillion, prit la parole pour la première fois en public. […] C’est très difficile et Gisèle prouvait aux autres femmes qu’elles pouvaient aussi le faire », écrivent-elles[38].  De tels succès semblent cruciaux pour les militantes. Elles prennent conscience de leurs capacités en tant que femmes et gagnent collectivement du pouvoir à travers cette expérience. Au cours du conflit, d’autres militantes en viennent à prendre la parole publiquement ; elles publient des lettres ouvertes dans les journaux, s’expriment à la radio et à la télévision. Trois d’entre elles organisent une tournée à travers le Québec dans le but d’informer la population au sujet de la grève[39].

Rapidement, le CFAM cesse d’être un simple réseau de soutien et d’information pour devenir un véritable mouvement de la base. Les militantes organisent un service de garderie gratuite. Elles favorisent ainsi l’implication des femmes en assurant la garde des enfants pendant que les mères prennent part aux activités militantes[40]. Elles assument par ailleurs un rôle de leadership en organisant les premiers postes de péage le 1er juin afin d’amasser des fonds pour venir en aide aux grévistes[41]. Cette initiative est par la suite récupérée par le Comité central d’appui aux grévistes, qui organise plusieurs autres postes de péage en collaboration avec les membres du CFAM. Ces dernières exercent également un rôle de vigilance envers les différents acteurs de la communauté. Elles organisent par exemple une campagne de boycottage de la chambre de commerce de Thetford lorsqu’elles jugent que ses positions sont antisyndicales[42]. Le CFAM n’hésite pas non plus à mener à bien des actions de mobilisation, même lorsque ces actions sont dénoncées par les leaders syndicaux et par l’Église. Ainsi, le comité revendique fièrement le fait d’avoir organisé une fête à l’occasion du 6e mois de la grève. Pour le CFAM, l’événement permet de souligner la solidarité de la communauté et donne aux travailleurs l’occasion de fraterniser par-delà les barrières syndicales. Les militantes ne semblent pas prendre ombrage des critiques du curé Joseph Bélanger et du leader de la CSN, George Dionne, qui condamnent « ces réjouissances qui n’ont pas leur raison d’être en cette période de difficultés[43] », puisqu’elles qualifient ces critiques de « commérage »[44].

Plus encore, les militantes en viennent à se percevoir comme des vecteurs de radicalisation de la lutte : « pas de femmes, pas de piquants », écrivent-elles dans leur bilan[45]. Elles y expliquent que, selon elles, le syndicalisme est une entrave à la radicalité des hommes qui, « étant syndiqués, ne criaient pas trop fort », tandis que les femmes, plus « libres de leurs actions », peuvent organiser des mobilisations originales et subversives. C’est ce qu’elles font lorsqu’elles remplacent sur les piquets de grève les travailleurs frappés d’une injonction[46]. Elles n’hésitent pas non plus à critiquer « l’immobilisme » des syndicats et leur incapacité à développer « la solidarité et la combativité des travailleurs »[47].

Ainsi, à travers leur expérience de lutte, les militantes gagnent confiance en elles et développent de nouvelles expertises. Elles en viennent à se positionner comme de véritables actrices de la lutte dont le rôle social et politique va bien au-delà de celui d’épouse. Les femmes ne font pas que suivre leur mari, elles se posent également comme sujet politique indépendant, qui peut critiquer les travailleurs et exiger d’eux qu’ils transforment leurs pratiques politiques afin de faire une plus grande place aux femmes. C’est ce qu’elles font lorsqu’elles incluent des textes de ce genre dans le cahier de slogans chantés par les travailleurs en manifestation :

« Nous nous engageons […] À amener nos femmes aux assemblées syndicales. De renseigner nos femmes [sic]. D’accepter les femmes partout. D’amener notre femme au piquetage. De dire à notre femme quel est notre travail. Je m’engage, je m’engage, Je m’engage aujourd’hui[48] ».

Les militantes réclament d’être admises dans les assemblées et réunions syndicales – malgré le fait qu’elles ne soient pas membres – et obtiennent le droit de vote dans différents comités syndicaux[49]. Elles appuient cette demande sur l’idée que les hommes et les femmes doivent travailler de concert « en vue de l’avancement de la classe ouvrière ». Ce faisant, les militantes rendent visible le fait que la classe ouvrière n’est pas composée que d’hommes salariés; les femmes, même ménagères, en font également partie. C’est dans le même ordre idée que peut être interprété le refus des militantes de se dire féministes. En effet, elles se plaignent d’être associées à tort au mouvement féministe : « Nous croyons que les hommes et les femmes se libéreront ensemble, ou pas du tout », expliquent-elles[50].  Dans un contexte où elles doivent se battre pour être incluses dans la lutte, les femmes choisissent de mettre l’accent sur une identité commune d’une « classe ouvrière » plutôt que sur l’identité de « femmes » qui, selon elles, les condamne à jouer un rôle marginal dans le conflit de travail.

Outre le caractère stratégique d’un tel positionnement, ce discours est manifestement influencé par la rhétorique maoïste, très en vogue dans les syndicats dans les années 1970[51]. L’une des militantes les plus radicales du CFAM se revendique d’ailleurs du « marxisme-léninisme » et de « la pensée de Mao Tsé Toung ». Quelques mois après la fin de la grève, dans une lettre adressée aux autres membres du comité, elle met de l’avant un argumentaire typiquement maoïste. Elle affirme que : « La source de l’oppression des femmes est la propriété privée des moyens de production. L’ennemi des femmes est le système capitaliste, donc le même ennemi que les hommes »[52]. Le développement d’un discours influencé par la pensée marxiste-léniniste semble s’être opéré au courant du conflit. En effet, les références à la « classe ouvrière » et à la « révolution socialiste » sont absentes des premiers écrits des militantes. Elles se multiplient cependant dans les écrits plus tardifs. Tout porte à croire que les militantes, à travers leur expérience de lutte et les relations qu’elles développent avec d’autres groupes de gauche, développent des outils d’analyse marxistes-léninistes et se radicalisent. Malgré cette influence idéologique manifeste, le comité insistera toujours sur sa volonté de demeurer « autonome » par rapport à toute organisation ou syndicat[53].

Conclusion

 L’évolution du discours des militantes tout au long du conflit est frappante. Lors de sa formation à la fin de l’année 1974, le regroupement se veut un comité « d’appui au mineur » qui se fonde sur les rôles traditionnellement attribués aux femmes. Moins d’un an plus tard, lorsque les militantes effectuent une rétrospection sur leur expérience de lutte, elles se perçoivent comme des partenaires qui luttent d’égales à égales avec les travailleurs, et qui ont un rôle clé à jouer dans les transformations sociales au sein de leur communauté. Elles revendiquent leur appartenance à la classe ouvrière, puisque c’est cette identité qui justifie leur participation à la lutte. Les épouses de mineurs sont conscientes qu’elles transgressent les attentes que l’on a envers elles en tant que femmes, et revendiquent bruyamment le droit d’assumer ces nouveaux rôles. Ainsi, elles parcourent les piquets de grève en brandissant chaudrons et ustensiles de cuisson et en scandant : « On est pas bonnes que pour ces tâches-là[54]! » Ces femmes assument donc complètement que, par leur militantisme, elles sortent des codes de la féminité imposée et développent de nouvelles manières de penser, d’agir et de s’organiser qui bouleversent l’ordre social.

Ainsi, si leur mobilisation émerge de la position particulière qu’elles occupent dans le champ social en tant que femmes d’ouvriers, ces dernières en viennent à subvertir le sens de cette catégorie[55]. Elles espèrent, à travers la lutte, avoir ouvert de nouveaux horizons aux groupes « femmes d’ouvriers » en les invitant à se voir comme des actrices ayant un rôle clé à jouer dans les transformations de leur communauté. Elles en tirent une grande fierté et sont bien déterminées à ce que ces changements soient permanents. À la fin du conflit, Gisèle Fillion, une des leaders du CFAM, lance en entrevue au journal La Presse : «Nous allons nous battre pour que les autres ne retournent pas exclusivement à leurs chaudrons, à présent que leur homme est rentré»[56].

Pour en savoir plus

  1. Sources

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FERLAND, Marie-France, « Les Femmes de Thetford Mines dans la mêlée », La Presse, 13 décembre 1975, p. 20

Centre d’archives de la région de Thetford, P188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs

  • « Amies du C.F.A.M » (1976)
  • Carnet de chansons (1975)
  • « Comité de femmes d’appui aux mineurs » (1975)
  • « Historique 1975 » (1976)
  • « Journal intime d’une épouse d’amiantosé » (1975)
  • « Lettre aux épouses des grévistes de l’amiante » (septembre 1975)
  • FILLION, Gisèle, « Le comité des femmes d’appui aux mineurs » (1975)
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WARREN, Jean-Philippe, Ils voulaient changer le monde. Le militantisme marxiste-léniniste au Québec, Montréal, VLB éditeur, 2007, 252 p.


[1]Danièle Kergoat, « Dynamique et consubstantialité des rapports sociaux », dans Elsa Dorlin (dir.), Sexe, race, classe. Pour une épistémologie de la domination, Paris, Presses Universitaires de France, 2009, p. 114.

[2] Le concept de consubstantialité est ici préféré à celui d’intersectionnalité, puisque ce dernier se veut profondément ancrer dans la perspective du « Black feminism » et est difficilement dissociable de l’analyse des questions raciales. L’analyse en termes de rapports sociaux proposée par Kergoat apparaît donc plus appropriée dans le contexte d’une étude qui s’intéresse aux questions de genre et de classe, et laisse de côté l’analyse des rapports de race. À ce sujet, voir les critiques de Fatima Ait Ben Lmadani et Nasima Moujoud, « Peut-on faire de l’intersectionnalité sans les ex-colonisé-e-s?», Mouvements, n°72, 2012,  p. 11-21; Sirma Bilge, «Le blanchiment de l’intersectionnalité», Recherches féministes, vol. 28, n° 2, 2015, p. 25.

[3] Joy Parr, The gender of breadwinners women, men, and change in two industrial towns : 1880-1950, Toronto, University of Toronto Press, 1990,  p. 9

[4] Danièle Kergoat, Op. cit., p. 119.

[5] Entre autres : Suzanne Clavette, Les dessous d’Asbestos : une lutte idéologique contre la participation des travailleurs, Québec, Presses de l’Université Laval, 2005, 566 p., Fernand Harvey (dir.), Le mouvement ouvrier au Québec, Montréal, Boréal Express, 1980, 336 p., Jacques Rouillard, Histoire du syndicalisme au Québec des origines à nos jours, Montréal, Boréal Express, 1989, 535 p.

[6]« Historique 1975 », Op.  cit.

[7] Gisèle Fillion, « Le comité des femmes d’appui aux mineurs », P188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs, Centre d’archives de la région de Thetford.

[8] En ce sens, notre recherche arrive aux mêmes conclusions que l’historienne Andrée Lévesque. Dans son étude sur les midinettes, elle argue que l’articulation de différentes identités –de genre, de classe, d’ethnicité – « forge le militantisme et l’expérience quotidienne […] » des femmes qui entrent en lutte. Andrée Lévesque, « Les midinettes de 1937 : culture ouvrière, culture de genre, culture ethnique » dans Yvan Lamonde et Denis Saint-Jacques (dir.), 1937 : un tournant culturel, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, p. 87.

[9] Sean Mills, « Chapitre 8 : Le mouvement ouvrier, l’empire, et mai 1972 », Contester l’Empire…  p. 228-246.

[10] Micheline Marier, « De la grève de l’amiante au lobby pro-chrysotile, La question de l’amiante chez les syndicats québécois de l’amiante, 1973-1983 » (Mémoire de maîtrise), Université de Montréal, avril 2016, p. 52.

[11] Ibid.

[12]  Micheline Marier, « De la grève de l’amiante au lobby pro-chrysotile », Op. cit., p. 45.

[13] Esther Deslile et Pierre K. Malouf, Le quatuor d’Asbestos : autour de la grève de l’amiante, Montréal, Éditions Varia, 2004, 572 p.

[14]Stéphane Savard, « Débats politiques et prise de parole citoyenne : la création de la Société nationale de l’amiante », Journal of the Canadian Historical Association, vol. 28, no 1, 2017, p. 157–191.

[15] Jessica Van Horssen, A town called Asbestos : environmental contamination, health, and resilience in a resource community, Vancouver, UBC Press, 2016, p. 135-162.

[16] Micheline Marier, « La revanche de la deuxième grève de l’amiante » Op. cit., p. 7

[17]Micheline Marier, « De la grève de l’amiante au lobby pro-chrysotile », Op. cit., p.61.

[18]Entre autres, sur la question de la poussière d’amiante: Esther Deslile et Pierre K. Malouf, Op. cit.

[19]CFAM, « Comité de femmes d’appui aux mineurs », p. 188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs, Centre d’archives de la région de Thetford.

[20]Nancy M. Forestell, « “ And I Feel Like I’m Dying from Mining for Gold”: Disability, Gender, and the Mining Community, 1920–1950», Labour/Le travail, vol. 3, 2006, p. 80

[21] Le travail des « gobeuses» consiste à trier à la main l’amiante ramassée dans les mines afin de séparer la fibre de la pierre. Maryse Bilodeau, « Des femmes dans les mines d’amiante », Histoire Québec, vol. 8 no. 1, 2002, p. 22; Thetford Mines à ciel ouvert : histoire d’une ville minière, 1892-1992, Thetford Mines, Ville de Thetford Mines, 1994, p. 494

[22]Carnet de chansons, P188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs, Centre d’archives de la région de Thetford.

[23] Micheline Marier, Op. cit., p. 51.

[24] Katerina Stavrides, La grève de l’amiante de 1975 au Québec, Mémoire de M.A. (Histoire), Université de Montréal, 1986, 64 p.

[25] En effet, la Commission des accidents de travail calcule la prestation allouée au travailleur en fonction de son niveau d’invalidité. Lorsque la commission juge qu’un mineur a perdu 10% de ses capacités, elle lui octroie 10% de 75% de son salaire. S’il souffre de 20% d’invalidité, il recevra 20% de 75% de son salaire. « L’amiantose tue, les assassins sont en liberté », Bulletin Populaire, 7 novembre 1974.

[26]« Journal intime d’une épouse d’amiantosé», P188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs, Centre d’archives de la région de Thetford.

[27]CFAM, « Bilan 1975 », P188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs, Centre d’archives de la région de Thetford.

[28]  Pétition des femmes de Black Lake, 29 juin 1943, Centre d’archives de la région de Thetford.

[29]CFAM, « Comité de femmes d’appui aux mineurs»,Op. cit.

[30]Micheline Marier, Op. cit.,, p. 65.

[31]Marcel Pépin, cité dans Ibid., p. 61.

[32]Angela Turner, « Corps meurtris. Genre et invalidité dans les mines de charbon d’Écosse au milieu du XIXe siècle », dans Judith Rainhorn (dir.) Santé et travail à la mine XIXe-XXIe siècle, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2014, p.253.

[33]Nancy Forestell, Op. cit., p. 87.

[34]« Journal intime d’une épouse d’amiantosé», Op. cit.

[35]Carnet de chansons, Op. cit.

[36] « Historique 1975 », Op. cit., p.5.

[37] Andrée Lévesque, Op. cit., p. 82.

[38] Ibid., p. 2.

[39]Thetford Mines à ciel ouvert : histoire d’une ville minière, 1892-1992, Op. cit., p. 496.

[40] « Comité de femmes d’appui aux mineurs », Op. cit.

[41] « Lettre aux épouses des grévistes de l’amiante », septembre 1975, P188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs, Centre d’archives de la région de Thetford.

[42] « Historique 1975 »,  Op. cit.

[43]Georges Dionne, 43 ans dans leur trou, Montréal, Confédération des syndicats nationaux, 1979, p. 84

[44] « Historique 1975 »,  Op. cit.

[45]Ibid.

[46] « Nous mangeons, un point c’est tout; le reste c’est du luxe », La Presse, 9 aout 1975.

[47] « Amies du C .F.A.M», P188 : Fond Comité des femmes d’appui aux mineurs, Centre d’archives de la région de Thetford.

[48]Carnet de chansons, Op. cit.

[49]Parmi ces comités, on retrouve : Unité de grève, Comité central d’appui aux grévistes, Comité d’action populaire. « Lettre aux épouses des grévistes de l’amiante», Op. cit.

[50]Marie-France Ferland, « Les Femmes de Thetford Mines dans la mêlée»,La Presse, 13 décembre 1975, p. 20

[51] Dans les années 1970, les marxistes-léninistes qui se revendiquent de la pensée de Mao affirment que l’émancipation des femmes passe par l’abolition du capitalisme. Les femmes sont invitées à rejoindre la lutte prolétarienne aux côtés de leurs « frères de classe », mais l’idée qu’elles puissent subir une oppression distincte de celle du capital est exclue. Jean-Philippe Warren, Ils voulaient changer le monde. Le militantisme marxiste-léniniste au Québec, Montréal, VLB éditeur, 2007, p. 104-108.

[52] « Amies du C .F.A.M », Op. cit.

[53] « Historique 1975 »,  Op. cit

[54] Marie-France Ferland, Op. cit.

[55] Danièle Kergoat, Op. cit., p. 114.

[56] Marie-France Ferland,«Op. cit.», p. 22.