La « grève du chocolat » de 1947 : une mobilisation enfantine d’un océan à l’autre

Publié le 10 septembre 2020

Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et membre du Collectif de recherche Action et politique et démocratie (CAPED)

Les grèves de la jeunesse pour le climat, interrompues par la pandémie de la COVID-19, reprendront sans doute très prochainement. Cette mobilisation a débuté en 2018 lorsque la jeune suédoise de 15 ans Greta Thunberg a commencé à faire la grève de l’école, tous les vendredis après-midi, pour manifester devant le parlement. Un peu partout dans le monde, d’autres jeunes — surtout des filles — ont répondu à son appel et organisé à leur tour des grèves de l’école, puis des manifestations de masse. À Montréal, par exemple, une élève de 5e secondaire, Sara Montpetit, a lancé le mouvement Pour le futur Montréal. En 2019, les journées mondiales de manifestation pour le climat ont été exceptionnelles par leur ampleur et celles de Montréal ont été qualifiées des plus importantes de l’histoire du Canada, par le nombre de personnes y participant. Or les gouvernements ont décrété le confinement et la fermeture des écoles en réaction à la pandémie, mesure qui a interrompu ce mouvement de la jeunesse. Des élèves au Japon ont même manifesté contre la réouverture des classes, de crainte que les mesures sanitaires prévues ne soient pas adéquates[1].

Aussi exceptionnelle soit-elle, cette mobilisation de la jeunesse marquée par des grèves d’élèves s’inscrit dans l’histoire longue des grèves scolaires, un phénomène relativement peu connu et peu étudié, à l’exception du cas britannique[2] et, dans une moindre mesure, du Chili[3]. Au Canada et au Québec, l’histoire est également marquée par des grèves dans les écoles, entre autres contre l’antisémitisme, contre la misère économique, contre des réformes pédagogiques, etc[4]. Plusieurs raisons peuvent expliquer que cette histoire reste dans l’ombre, notamment le fait que les ex-enfants maintenant adultes ne considèrent pas les jeunes qui n’ont pas encore atteint l’âge de majorité civique comme une force politique et sociale dotée d’une capacité d’action autonome. Au mieux cherche-t-on à expliquer leur action par l’influence et même la manipulation qu’exerceraient des adultes mal intentionnés.

Heureusement, quelques anciens enfants devenus adultes mènent des recherches qui prennent les jeunes au sérieux, en tant qu’acteurs et actrices politiques ayant des intérêts, une volonté et une capacité d’agir individuellement et collectivement. La sociologue Caroline Caron, par exemple, défend l’approche « différentialiste » de la citoyenneté qui reconnaît aux jeunes la capacité autonome de participer à leur manière aux débats et aux conflits sociaux, en fonction de leur identité, de leur le besoin de reconnaissance, de la défense de leur dignité, etc.[5]. Plus généralement, la « nouvelle sociologie de l’enfance » — ou les Childhood Studies — s’intéresse à la capacité d’agir des jeunes[6], tout comme de nombreuses études historiques.  

Certes, les jeunes participent depuis les débuts de l’école publique au 19e siècle à différentes activités civiques dans leurs établissements scolaires, par exemple la marche Miles for Millions dans les années 1960[7] ou aujourd’hui la Marche-Monde d’Oxfam pour recueillir de l’argent pour les plus pauvres, les comités d’Amnistie internationale, de la diversité sexuelle ou écolo. Plusieurs s’impliquent politiquement en siégeant au conseil d’élèves de leur établissement scolaire[8]. Même lorsqu’elles ne sont pas directement pensées par et pour les adultes, ces activités restent sous le contrôle des adultes, n’ont pas de portée contestatrice et sont même perçues par les autorités scolaires comme favorisant la socialisation et l’intégration des élèves.

C’est tout le contraire avec la « grève du chocolat », déclenchée en 1947 par des jeunes en Colombie-Britannique et qui va rapidement toucher toutes les provinces. Cette mobilisation démontre à la fois la capacité des jeunes à se mobiliser de manière autonome et conflictuelle, y compris avant les fameux médias sociaux, et permet de saisir comment des adultes tentent de miner la légitimité de telles mobilisations en laissant entendre qu’elles ne sont que le résultat d’une manipulation des enfants.

La « grève du chocolat »

En avril 1947, la jeunesse canadienne a déclenché une mobilisation contre la hausse du prix du chocolat, ce délicieux produit que les colonisateurs européens se sont approprié des Mayas du Mexique, qui produisaient le chocolatl. Connue sous le nom de la « grève du chocolat » en français, ou de la « Chocolate War » ou « 5 cents Candy War » en anglais, il s’agissait en réalité d’une « grève des acheteurs » (Le Canada, 30 avril 1947), comme on nommait alors les campagnes de boycottage, par exemple la « grève des cigarettes[9] ».

Cette « grève du chocolat » a débuté lorsque Parker Williams, un jeune de 16 ans du village de Ladysmith sur l’île de Vancouver, a constaté que le prix de la barre de chocolat en vente au Wigwam Café était passé de 5 à 8 cents, une augmentation de 60% (selon le site de la société historique de Ladysmith[10]). À l’époque, un journal quotidien comme L’Action catholique, Le Droit ou La Tribune se vendait 3 cents, et un hebdomadaire illustré comme Photo journal 7 cents. À titre comparatif, voici quelques prix de vente de produits alimentaires, tels qu’annoncés dans des publicités parues dans la presse de 1947 :

  •  une livre de macaronis : 9 cents ;
  •  une boite de soupe aux pois Habitant : 12 ou 13 cents ;
  •  une livre de pommes : 12 cents ;
  •  une pinte de lait : 14 cents ;
  •  une laitue iceberg de Californie : 14 cents ;
  •  cinq pamplemousses de Californie : 27 cents ;
  • une douzaine d’oranges : 37 cents.

Cela dit, l’augmentation de la barre de chocolat affectait de manière particulière les enfants, qui n’avaient souvent que très peu d’argent en poche.

Le jeune Parker Williams, sorti furieux du Wigwam Café, organise alors une manifestation avec quelques camarades. Juchés sur sa vieille voiture couverte de slogans, ils attirent l’attention. Rapidement, des rassemblements d’une quarantaine de jeunes se constituent devant les boutiques de Ladysmith. Le 25 avril, la journaliste Mollie Robinson photographie sa nièce Nancy Robinson protestant, avec quelques-unes de ses amies, devant un commerce. Ces jeunes filles tiennent chacune à la main un cornet de crème glacée, qui deviendra le symbole de la grève puisque son prix de vente était resté à 5 cents.

La colère touche ensuite les jeunes de Chemainus, un village à 10 kilomètres de Ladysmith, puis se répand en quelques jours aux principales villes du pays — Vancouver, Calgary, Winnipeg, Toronto, Ottawa, Montréal, Halifax, Fredericton, entre autres. La grogne se traduit par des rassemblements devant les commerces et des manifestations regroupant jusqu’à 800 jeunes. Les jeunes manifestent à pied, à vélo et en voiture, chantent et scandent des slogans, frappent dans des casseroles, soufflent de la trompette et jouent de provocation devant et dans des boutiques, apostrophant les commerçants et leur clientèle. La police est même appelée à intervenir à quelques reprises. Pour éviter des problèmes, des boutiquiers affichent des panneaux sur lesquels on pouvait lire : « Nous refusons de vendre les barres de chocolat à 8 cents[11] ».

Parmi les messages des jeunes, on peut lire sur la pancarte accrochée au cou d’effigies représentant un jeune pendu que brandissent les protestataires à Ottawa et Vancouver : « Il a acheté une barre à 8 cents ». Les « grévistes » forcent aussi l’entrée d’une station de radio à Kenora (Ontario) pour se faire entendre et réussissent à pénétrer dans les parlements provinciaux à Victoria (29 avril) et à Winnipeg (1er mai). Dans cette ville, les jeunes investissent également l’hôtel de ville et les bureaux de deux rédactions de journaux locaux. Une voiture de police est recouverte d’autocollants. Des clubs de jeunes ont aussi participé à la « grève du chocolat », entre autres le YMCA, les Boys and Girls Clubs et les Teen Towns, qui organisent des élections de « maires[12] », et qui proposent à leurs membres de voter pour décider ou non de se joindre au mouvement.

Cette mobilisation s’inscrivait dans un mouvement plus vaste de « guerre à l’inflation par le boycottage[13] », menée entre autres par des ménagères en colère contre les prix toujours plus élevés, après tant d’efforts consentis pour la guerre. Des journées de boycottage avaient été organisées par des associations de ménagères, entre autres la British Columbia Housewives’ Consumers Association et la Ligue des consommatrices d’Edmonton[14]. Pour sa part, la Ligue des consommateurs de Saskatchewan avait appelé à un boycottage des tablettes de chocolat, du beurre, des fruits « de luxe » et des vêtements[15].

Il est possible de saisir la volonté sociopolitique des jeunes à l’œuvre dans cette mobilisation en portant attention à leurs propos et à leurs slogans. Ainsi, cette lutte pour obtenir un « juste prix » reposait sur un sens de l’« économie morale » (E.P. Thompson, James Scott). C’est de cette posture dont témoigne le geste d’un jeune qui a tout simplement laissé sa pièce de 5 cents (nickel) sur le comptoir d’un commerce, en disant : « Gardez-le, il ne me sert plus à rien[16] ». Outre les slogans très simples comme « Grève du chocolat »[17] et « N’achetez pas des barres à 8 cents/Allez en grève/Stoppons l’inflation », ou encore « Don’t be a sucker ! », les pancartes des « grévistes » exprimaient leur conscience des enjeux sous-jacents: « Barres à 8 cents injustes pour les enfants » (île de Vancouver), « Les enfants pauvres devraient avoir la chance d’acheter des tablettes » (Halifax)[18].

Les réactions de la presse

Aujourd’hui, les polémistes réactionnaires attaquent dans les médias Greta Thunberg et le mouvement de la jeunesse pour le climat, en évoquant une manipulation occulte de la part d’adultes mal intentionnés qui détourne les élèves de l’école. Mathieu Bock-Côté, par exemple, a publié plusieurs chroniques sur ce thème, prétendant que « la place des enfants et des adolescents n’est pas dans la rue, mais à l’école. […] Le combat pour le climat ne devrait pas se transformer en croisade des enfants. L’enrôlement d’une jeunesse par définition impressionnable et spontanément fanatique devrait nous inquiéter[19] », puisque « [l]’embrigadement idéologique de la jeunesse est le propre des régimes totalitaires […] la jeunesse, qui s’enthousiasme facilement, se laisse aisément fanatiser[20]. »

En 1947, la presse conservatrice a tenté de miner la légitimité des jeunes « grévistes » en mettant en lumière l’appui de la Housewives Consumer Association (HCA) et de Fédération nationale du travail pour la jeunesse (NFLY), qui avait lancé à Toronto un appel à une campagne nationale de boycottage du chocolat pour le mois de mai[21]. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) considérait en effet ces deux organisations comme des branches du Parti communiste. « Les rouges ont été vus dupant les jeunes de la campagne des barres à 8 cents », titre en « une » le Toronto Telegram le 3 mai[22]. Il est vrai que des jeunes avaient manifesté lors de la Journée international des travailleurs (et travailleuses…) du 1er mai, à Toronto, avec des pancartes contre la vente des barres de chocolat à 8 cents[23], et des jeunes francophones et anglophones à Montréal ne cachaient pas leurs sympathies politiques, brandissant des affiches sur lesquelles était écrit : « En grève pour une barre à 5 cents : Fédération de la jeunesse ouvrière[24] ». Il y avait donc bel et bien des jeunes qui sympathisaient avec les adultes de la classe ouvrière et les organisations communistes, qui offraient leur aide à l’organisation de certaines manifestations, mais cela ne signifie pas que les jeunes étaient des marionnettes au service des « rouges ».

Malgré les attaques de la presse conservatrice et anticommuniste, les manifestations continuent et dans certains lieux commencent même après ce tapage anticommuniste. Le 3 mai, par exemple, la circulation est interrompue dans les rues du centre-ville d’Ottawa par environ 200 filles et garçons qui paradent avec des bannières au slogan provocateur : « Nous mangerons des vers avant de manger des tablettes de chocolat à huit cents[25] ». À Montréal le même jour, la Fédération de la jeunesse ouvrière annonce qu’elle a distribué 20 000 tracts pour encourager la population à participer à la grève du chocolat[26]. Deux jours plus tard, « [p]lus de 100 jeunes enfants [défilent] dans les rues du quartier des affaires de Montréal », sous l’égide de la NFLY[27]. Le 8 mai, des jeunes de Montréal demandent aux passant.e.s de signer des cartes de protestation[28]. Non seulement ces événements témoignent de la capacité des jeunes  à se mobiliser pour défendre leurs intérêts, mais leur répertoire d’actions était relativement diversifié, s’y mélangeant des manifestations de rue plutôt classiques, la participation à des manifestations d’autres mouvements sociaux (manifestation du 1er mai), des intrusions turbulentes de bâtiments publics ou privés, des appels à l’action solidaire adressés aux adultes, etc.

Contrairement à la presse conservatrice anglophone, la presse francophone regardait en général d’un œil plutôt sympathique cette mobilisation de la jeunesse. Ainsi, L’Action catholique rapporte que « [d]ans plusieurs villes du pays, les écoliers participent à un vaste mouvement de grève : ils refusent d’acheter les tablettes de chocolat dont le prix vient d’être porté de $0,06 à $0,08 l’unité ». Selon le journal, cette hausse est inique et injuste « parce que les fabricants ont réalisé d’énormes profits durant la guerre ». Et le journal d’ajouter : « Savourons d’abord l’ironie de la coïncidence : dans notre pays, ce sont les enfants qui, les premiers, posent l’un des plus redoutables problèmes de morale qui soit, l’obligation pour le producteur de réduire ses profits alors que la rareté d’une marchandise lui offre l’occasion de les doubler ». Commentaire intéressant dans la perspective où il n’y avait pas réellement de rareté dans ce cas[29]. Le Photo-journal avance pour sa part qu’avec cette « grève des consommateurs de bonbons et de chocolat [l]es enfants auront ainsi montré la voie à leurs ainés et sauvé le pays de l’inflation…[30] ».

Dans les semaines suivantes, la presse canadienne-française continue de parler de cette mobilisation en des termes plutôt sympathiques.  Ainsi, « le rimailleur » proposait un petit poème à ce sujet, dans Le Soleil du 20 mai 1947 :

Pour des abus parfois flagrants

auxquels on voulait mettre trêve

les enfants ont vu leurs parents, utiliser l’acte de grève.

Ces fins petits observateurs/ont aussi noté, à la classe

que messieurs les instituteurs/usaient de ce moyen fugace.[…]

Ce que voyant, frères et sœurs

pour du chocolat en palette

veulent forcer les confiseurs

au prix de cinq sous la tablette.[…]

Bientôt la grève sur le tas

de joyeux bébé en nourrice

à leurs mamans et leurs papas

donneront la leçon propice.

De son côté, le journal Le Devoir croit que « [c]ette croisade nouveau genre lancée par les enfants a pris une ampleur facile à expliquer, car le public est naturellement sympathique aux petits grévistes, et chacun, par ses souvenirs personnels, comprend leur indignation[31]. »

Cet appui journalistique aux jeunes grévistes s’explique sans doute aussi et surtout par la colère que suscitaient les hausses de prix de vente, après des années d’économie de guerre lors desquelles le gouvernement avait imposé un contrôle des prix de vente. On pouvait lire par exemple, dans l’édition du 8 mai du Photo-Journal, que « [l]es enfants auront ainsi montré la voie à leurs ainés et sauvé le pays de l’inflation » grâce à leur « grève des consommateurs de bonbons et de chocolat[32] ». Les journaux L’Avenir du Nord (Saint-Jérôme) et L’Autorité publient les jours suivants un texte qui exprime un appui au mouvement et qui précise :

Aussitôt les contrôles enlevés, hausse immédiate non justifiée, exploitation inique s’il en est une, car ni le prix du sucre ni la rareté du produit ne peuvent la justifier.  […] La sagesse veut le maintien des contrôles [des prix] tant que persistent les déséquilibres introduits dans l’économie par la guerre […]. Et la preuve de cette sage politique, nous la trouvons dans la grève que viennent de faire les écoliers contre les tablettes de chocolat. […] La guerre est terminée depuis deux ans, la période du vol et de l’exploitation devrait cesser également […] Et bravo à nos écoliers de faire la grève [contre la] hausse des prix[33].

Plusieurs journaux laissaient entendre que les grossistes avaient conservé des stocks en entrepôt en attendant de les écouler à meilleurs prix. Dans les faits, la taxe de guerre sur le chocolat n’avait pas encore été abolie et les grossistes justifiaient l’augmentation du prix de vente de la tablette en publiant des argumentaires dans les journaux laissant croire que tout cela n’était que la conséquence désolante, mais inévitable du coût élevé du sucre et de la fève de cacao[34].

Si le prix de la tablette est finalement resté à 8 cents à peu près partout au pays, il semble que la vaste mobilisation des jeunes ait parfois eu un impact réel sur les prix, alors que la vente de chocolat s’effondrait un peu partout, avec une chute de 40% à Sherbrooke[35], de 50% à Toronto et même de 75% chez certains grossistes et vendeurs au détail[36]. Une enquête de la Presse canadienne a indiqué que des commerces avaient en conséquence abaissé les prix de la tablette de chocolat à 7, 6 et même 5 cents, soit le prix d’avant-guerre, et que des magasins ont abaissé de 10% à 20% le prix de certains produits comme les appareils radio ou les réfrigérateurs par peur des « grèves[37] ». Pour leur part, les conseils municipaux de North Bay et Windsor ont pris des résolutions demandant une réduction des prix de vente de 10% pour les biens de consommation ménagers[38].

Conclusion

Près de 70 ans plus tard, l’histoire de cette « grève du chocolat » a été racontée dans un documentaire que l’on peut visionner sur le web (The Five Cent War [2000]) et sous forme de romans (Maggie et la guerre du chocolat, de Michelle Mulder [2007]). En 2017, Gabi Jones Anjilee Manhas, Kerry Onoshuko, Stephen Robinso, et Stephen Sylvester, des élèves de la Chemainus Secondary School, ont peint une fresque à la mémoire de cette formidable mobilisation de la jeunesse[39].

Alors que le mouvement de la jeunesse pour le climat en étonne plusieurs, cette histoire de la « grève du chocolat » rappelle la capacité des jeunes d’agir collectivement, et même de constituer un mouvement de masse qui s’étend sur un vaste territoire. Les recherches historiques manquent, cela dit, pour savoir précisément comment ce vent de révolte a soufflé de l’île de Vancouver jusqu’aux rives de l’océan Atlantique, mais on peut supposer que la presse a joué un rôle important dans la diffusion de ce mouvement. Tout comme pour le climat aujourd’hui, plusieurs adultes considéraient alors que la mobilisation des jeunes au sujet du chocolat rejoignait leurs intérêts concrets, puisque l’inflation touchait aussi les adultes, tout comme la dégradation du climat nous touche aujourd’hui.  


[1] Takahiro Tauchi, « East Japan high schoolers strike to protest school reopening amid virus pandemic », The Mainichi, 11 avril 2020.

[2] R. Adams, Protests By Pupils: Empowerment, Schooling and the State, Bristol, The Falmer Press, 1991; S. Cunningham, M. Lavalette, Schools Out! The Hidden History of Britain’s School Student Strikes, Londres, Bookmarks, 2016 ; Danièle Rancière, « La grève des écoliers », Vacarme, no. 26, 2004, pp. 41-46.

[3] Ricardo Peñafiel, « Le “printemps chilien” et la radicalisation de l’action collective contestataire en Amérique latine », Lien social et politiques, no. 68, 2012 ; Angelo Montoni, « Contester dans l’espace éducatif : l’expérience de l’occupation des lycées par le mouvement étudiant chilien », Éducation et sociétés, no. 39, 2017.

[4] Francis Dupuis-Déri, « L’histoire méconnue des grèves d’élèves au secondaire », À Babord !, no. 84, 2020.

[5] Caroline Caron, « La citoyenneté des adolescents du 21e siècle dans une perspective de justice sociale : pourquoi et comment ? », Lien social et Politiques, no. 80, 2018, p. 59-61.

[6] Isabelle Lacroix, La participation collective des jeunes en protection de l’enfance : une revue de la littérature internationale, Chaire de recherche du Canada sur l’évaluation des actions publiques à l’égard des jeunes et des populations vulnérables/École nationale d’administration publique (ENAP), cahier #201601—CRÉVAJ 04-2016, 2016, p. 6; Élisabeth Greissler, Isabelle Lacroix, Isabelle Morissette, Penser l’engagement des jeunes “en difficulté” : Leurs expériences à partir des milieux de vie, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2020, p. 39.

[7] Tamara Myers, « Blistered and bleeding, tired and determined: Visual representations of children and youth in the Miles for Millions Walkathon », Journal of the Canadian Historical Association/Revue de la société historique du Canada, vol. 22, no. 1, 2011, pp. 245-275.

[8] Francis Dupuis-Déri, « Les élections de Conseils d’élèves : méthode d’endoctrinement au libéralisme politique », Revue des sciences de l’éducation, vol. 32, no. 3, 2006, pp. 691-709.

[9] « Champlain : grève », L’Action sociale, 17 novembre 1908, p. 6; « Nouvelles conquêtes », L’Action sociale, 11 décembre 1908, p. 3.

[10] https://www.ladysmithhistoricalsociety.ca/histories/our-stories/the-5-cent-candy-war/

[11] « Sympathisants de “la grève du chocolat” », Le Canada, 30 avril 1947, p. 14.

[12] Vancouver Sun, avril 1947 : les membres du Teen Town club ont élu « la plus grosse petite fille du Teen Town Mouvement de Colombie Britannique » « la jolie-fillette Virginia Tibbetts » de Penticton, une « vaillante débatteuse » (Heather Fitzsimmons Frey, « Canadian chocolate war: imagining, depicting, and fearing “youngster” power », Victoria Pettersen Lantz, Angela Sweigart-Gallagher (dir.) Nationalism and Youth in Theatre and Performance, Londres-New York, Routledge, 2014, p. 103).

[13] « À travers les faits », L’Avenir du Nord [Saint-Jérôme], 25 avril 1947, p. 1

[14] Germaine Bernier, « Les ménagères en ont assez », Le Devoir, 12 mai 1947, p. 4.

[15] « Les marchands baissent leurs prix devant les grèves des acheteurs », Le Soleil, 30 avril 1947, p. 10.

[16] Heather Fitzsimmons Frey, « Canadian chocolate war: imagining, depicting, and fearing “youngster” power », Victoria Pettersen Lantz, Angela Sweigart-Gallagher (dir.) Nationalism and Youth in Theatre and Performance, Londres-New York, Routledge, 2014, p. 112.

[17] « Demonstration by children is rained out », Sherbrooke Daily Record, 5 mai 1947, p. 3.

[18] Heather Fitzsimmons Frey, « Canadian chocolate war: imagining, depicting, and fearing “youngster” power », Victoria Pettersen Lantz, Angela Sweigart-Gallagher (dir.) Nationalism and Youth in Theatre and Performance, Londres-New York, Routledge, 2014, p. 111.

[19] Mathieu Bock-Côté, « Greta Thunberg, la prophétesse ? », Le Journal de Montréal, 8 juin 2019.

[20] Mathieu Bock-Côté, « Greta sur son voilier », Le Journal de Montréal, 31 juillet 2019.

[21] « On boycottera la vente du chocolat », L’Action catholique, 29 avril 1947, p. 3.

[22] Heather Fitzsimmons Frey, « Canadian chocolate war: imagining, depicting, and fearing “youngster” power », Victoria Pettersen Lantz, Angela Sweigart-Gallagher (dir) Nationalism and Youth in Theatre and Performance, Londres-New York, Routledge, 2014, p. 109.

[23] « Le 1er mai à travers le monde : défilés et rixes », Le Droit, 2 mai 1947, p. 7.

[24] Heather Fitzsimmons Frey, « Canadian chocolate war: imagining, depicting, and fearing “youngster” power », Victoria Pettersen Lantz, Angela Sweigart-Gallagher (dir.) Nationalism and Youth in Theatre and Performance, Londres-New York, Routledge, 2014, p. 104.

[25] « Ils veulent des tablettes à cinq sous », L’Action catholique, 3 mai 1947, p. 3.

[26]  Ibid.

[27] « La grève du chocolat dans la métropole », Le Soleil, 5 mai 1947, p. 18.

[28] Jean Frederick, « La guerre des prix », Le Canada français, 8 mai 1947, p. 1.

[29] George-Henri Dagneau, « Grève nouveau genre », L’Action catholique, 30 avril 1947, p. 4.

[30] Le Boulevardier, « Rumeurs et potins », Photo-Journal, 8 mai 1947, p. 34.

[31] Alexis Gagnon, « Blocs-notes : la tablette de chocolat », Le Devoir, 10 mai 1947, p. 1.

[32] Le Boulevardier, « Rumeurs et potins », Photo-Journal, 8 mai 1947, p. 34.

[33] « À travers les faits », L’Avenir du Nord, 9 mai 1947, p. 1 ; « À travers les faits », L’Autorité, 10 mai 1947, p. 1 et p. 3.

[34] « Diminution dans les ventes des tablettes de chocolat », L’Action catholique, 30 avril 1947, p. 1.

[35] « Demonstration by children is rained out », Sherbrooke Daily Record, 5 mai 1947, p. 3.

[36] « À travers les faits », L’Avenir du Nord, 25 avril 1947, p. 1

[37] « Les marchands baissent leurs prix devant les grèves des acheteurs », Le Soleil, 30 avril 1947, p. 10.

[38] « Increasing clamor over high prices heard across country », The Sherbrooke Daily Record, 30 avril 1947, p. 3.

[39] https://www.ladysmithhistoricalsociety.ca/histories/our-stories/the-5-cent-candy-war/ et https://muraltown.com/mural-art-gallery/c5-five-cent-candy-bar-war