Le Moungo, une contrée stratégique à l’essor du maquis au Cameroun 1950-1971**

Publié le 30 novembre 2022
Cedric Mbah

41 min

Source : https://www.researchgate.net/figure/Occupation-du-sol-dans-la-zone-du-Moungo-en-2001_fig2_342116782, consulté le 25 octobre 2022.

Cédric Stéphane Mbah, Université de Yaoundé 1-Cameroun

Résumé

Le propos de cet article est de renouveler la réflexion sur l’histoire des troubles et du maquis au Cameroun à partir du Moungo. Il s’agit de confirmer à travers une étude sociologique et géographique du Moungo, que la structure cosmopolite et les facteurs naturels furent les matrices des revendications politiques et des propensions « maquisardes » dans cette localité. La constance des luttes, la témérité et la pérennité des revendications politiques dans le Moungo nonobstant leur interdiction, emmènent à considérer cette région comme le lieu vital et le fleuron du maquis pendant la lutte pour la décolonisation. De cette perspective, l’on peut être conforté dans l’hypothèse selon laquelle la région du Moungo fut une zone stratégique dans le déploiement du maquis au Cameroun.

Mots-clés : insurrection ; maquis ; UPC ; Moungo ; chemin de fer.

Introduction

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les pays sous la domination européenne ont manifesté, sous plusieurs formes, le désir de redevenir maître de leur souveraineté. Ce désidérata n’a pas épargné le Cameroun qui a vu naître les mouvements de revendications tels les syndicats et les partis politiques à l’exemple de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) né le 10 avril 1948. L’UPC, dans le contexte des décolonisations et des libérations, requérait l’indépendance du Cameroun en vertu de l’article 76 (b) de la charte de l’ONU qui promeut « le progrès politique, économique, social et éducatif des hommes des territoires sous tutelle, de leur évolution vers le gouvernement automne[1] ». Dès 1950, les interdictions par l’administration coloniale des revendications upécistes se juxtaposent quelquefois aux échauffourées qui se soldent au mois de mai 1955 par des émeutes dans la région de la Sanaga-Maritime et le pays Bamiléké[2]. Ces manifestations répondaient aux vœux des Camerounais et Camerounaises épris.es de liberté et désireux.ses de voir leurs pays accéder à l’indépendance immédiate et à la réunification du Kamerun[3] ; comme l’exprimaient les doléances émises au congrès de l’ONU en 1952 par Ruben Um Nyobe sous l’égide de l’UPC[4]. L’ampleur inquiétante des violences liées aux revendications des upécistes valut une interdiction pure et simple du parti UPC dès le 13 juillet 1955[5].

À la suite de cette décision administrative, l’UPC est entrée dans la clandestinité pour continuer de manifester son désir d’obtenir l’indépendance par. Quoique celle-ci est accordée le 1er janvier 1960, l’UPC estime toutefois que ladite indépendance est partielle. Dans le but d’acquérir une libération complète malgré son interdiction, l’UPC utilise d’autres stratagèmes, notamment celui du « maquis » qui, en réalité, était la continuité de la résistance armée menée dès 1955. C’est sous cette bannière que commence une autre guerre dite de l’indépendance à travers le phénomène des maquisards qui consiste à semer la terreur à travers la violence, et à ériger des campements et des milices irrégulières dans des zones difficiles d’accès (forêts, grottes, montagnes, etc.). Dans cette logique, la mise sur pied d’une armée renforcée et reformée au sein de l’UPC confortait les « maquisards » sur l’idée d’une prochaine indépendance achevée[6]. Dans la recherche des issues pour acquérir cette indépendance par voie armée, le Moungo se dressait comme zone stratégique relativement au modus operandi de la milice de l’UPC. Les questions qui découlent de ce constat sont les suivantes : quelles sont les raisons ayant contribué au choix du département du Moungo comme lieu vital à l’essor du maquis au Cameroun ? Quel est l’apport du Moungo à la réussite du maquis camerounais ? Répondre à ces interrogations revient à analyser géographiquement le Moungo comme localité-carrefour située entre la zone francophone et anglophone ; relais tactique entre One Kamerun (OK) de Wilson Ndeh Ntumazah[7] et l’UPC, mais aussi entre les pays Bassa et Bamiléké via le chemin de fer Eséka-Bonaberi-Mbanga-Nkongsamba et Mbanga-Kumba. L’emplacement à cheval entre les flancs des différents massifs montagneux constitués de collines et de forêts justifie le choix du Moungo comme contrée favorable à la clandestinité de l’UPC jusqu’à l’arrestation d’Ernest Ouandié l’un des pionniers de l’ALNK à Mbanga dans le Moungo en 1971.

Prémices des revendications upécistes dans le Moungo

Le choix du Moungo comme localité idoine aux revendications de l’UPC au Cameroun était d’abord justifié par son aspect cosmopolite. La diversité des populations et l’usage d’une langue véhiculaire (pidgin) dans cette zone renforçaient davantage la cohésion entre les maquisards issus des socles linguistiques disparates. Pareillement, les soubresauts sociopolitiques liés à l’action syndicale et protestataire[8] dans cette localité faisaient du Moungo une zone favorable aux revendications politiques relatives à l’indépendance. Ces éléments ont posé les bases des actions maquisardes dans le Moungo.

L’hétérogénéité du Moungo comme potentiel probant de la réussite des revendications upécistes

La décision du 13 juillet 1955 interdisant l’UPC de toute activité sur le territoire national lui enlève le statut de parti politique légalement reconnu. Toutefois, l’ambition d’acquérir l’indépendance par toutes les voies et tous les moyens continue d’alimenter les convictions des nationalistes de l’UPC. En dépit de cette prohibition, les upécistes étaient déterminés à arriver au bout de leur combat via la clandestinité[9]. Ainsi, le Moungo apparaît dès l’interdiction de l’UPC, comme un lieu privilégié en raison des actions précédentes de la faction UPC dans cette localité : elle avait souvent résisté aux interdictions des activités politiques[10]. Cette empreinte historique ajoutée à l’hétérogénéité de la localité aiguise les appétits « maquisards ».

Le développement notoire du pidgin dans cette localité apparaît comme un autre facteur déterminant de ce choix. En effet, le pidgin était d’autant plus important au choix du Moungo comme lieu de réussite de la clandestinité, car il était non seulement étranger à l’administration coloniale française, mais également énigmatique pour l’administration postcoloniale. L’emploi de ce jargon fait d’un mélange entre l’anglais, le français et les langues locales se dévoile en quelque sorte comme une signature de dissidence, une façon de s’insurger contre les langues patronales. Ce parlé est d’une importance incommensurable pour la coalition UPC-OK formée en 1957 à Mbanga dans le Moungo en raison de la longue tradition de cette localité au causatif pidgin et sa proximité à la zone anglophone.

La démographie est aussi un élément important de la géographie humaine qui a permis au Moungo d’être un lieu favorable aux activités clandestines de l’UPC. La diversité humaine du Moungo le disposait à être un véritable vivier de ressources humaines, ressources importantes pour la lutte armée, option de l’UPC pour conquérir l’indépendance depuis son interdiction en 1955. L’aspect cosmopolite du Moungo s’est tout de même révélé comme l’une des matrices favorables au choix du Moungo comme un lieu de réussite probable de la clandestinité au regard des filiations ethniques existentielles dans cette localité.

Cette reproduction cosmopolite du Moungo a été davantage consolidée à travers le projet colonial d’extension du chemin du fer vers Nkongsamba. Selon Philipe Essamé, en 1904, lorsque les Allemands veulent poursuivre la construction du chemin de fer au niveau de la localité du Moungo, on ne recense que 200 travailleurs potentiels dans ladite zone[11]. Néanmoins, pour mener à bien le projet de chemin de fer, les Allemands lancent un appel à candidature pour des postes à pourvoir dans les différents chantiers de construction du chemin de fer, qui allait de Bonaberi (Douala) à Nkongsamba. C’est ainsi qu’une forte main d’œuvre arrive des différents villages des pays bamilékés de la région de l’Ouest du Cameroun. Les Allemands font venir les gens des anciens chantiers du chemin de fer en pays bassa où la voie ferroviaire était déjà construite. Précisons avec Justin Ebanda que le premier train qui arrive en 1911 emmène avec lui des ressortissants d’autres localités et en bon nombre des bassas qui devaient continuer le projet de chemin de fer en direction de l’Ouest-Cameroun[12]. Beaucoup d’ouvriers ne peuvent plus retourner chez eux à cause du déclenchement de la guerre en 1914, situation qui pousse plusieurs d’entre eux à s’installer dans la région de manière définitive. Dans le souci de dresser les liens de cohésion et d’entraide, différents peuples présents dans le Moungo créent des associations identitaires. Dans ce sillage, le Moungo devient une localité cosmopolite propice aux actions de l’UPC. Ces dernières sont auréolées par l’idéologie upéciste d’une vraie indépendance charriée par Abel Kingué[13] et Um Nyobé[14]. Afin de peaufiner des stratagèmes, les leaders upécistes profitent des rencontres des associations identitaires à l’instar du Kumzsé bamiléké par exemple, ou encore les organisations bassas éprises des principes du diptyque nkaa kundè (procès de l’indépendance) très popularisé en pays bassa, pour recruter des volontaires dans les maquis du Moungo[15].

Nous pouvons ainsi admettre que la structure socio-démographique du Moungo a su répondre aux attentes upécistes. Ceci était facile en raison de la présence sur les lieux des associations d’allogènes et des organisations syndicales qui permettaient de dissimuler les ambitions de certaines rencontres et manifestations politiques[16]. C’est le cas des grèves syndicales et boycottages. Ces actes de revendications sociales avaient fait l’objet d’appropriation par les upécistes qui les avaient transformés en cheval de Troie pour les revendications de l’indépendance dans le Moungo.

Des revendications syndicales aux réclamations politiques dans le Moungo

Au lendemain de la conférence de Brazzaville (30 janvier-8 février 1944)[17], la relation entre ouvriers et patronat devient des plus tendues. Cette situation est la conséquence de l’octroi aux peuples africains du droit de se syndiquer. En effet, le décret du 7 août 1944 instituait les syndicats professionnels en Afrique équatoriale française[18]. C’est dans cette logique que naissent les actions syndicales au Cameroun[19]. À cette époque, les syndicats plus en vue dans le Moungo sont ceux d’obédience agricole[20]. À partir de 1951, des protestations contre les abus du patronat marquent le début de l’action syndicale. Celle-ci va faire l’objet de récupération par l’UPC.

La grève du 15 septembre 1951 à la SATEI qui faisait suite à celle de 1949, pose les bases des doléances concernant les conditions des ouvriers dans cette région. Les employés de cette entreprise d’exploitation des roches de carrière située à 4Km de Nkongsamba, dénoncent la mauvaise répartition des horaires de travail. Ils réclament des pauses, des congés, bref de meilleures conditions de travail[21]. Précisons que le silence des responsables de cette compagnie désolait les ouvriers qui étaient victimes des atrocités dues aux heures de travail incommodes.

À la suite des revendications insatisfaites de la grève de 1949, les ouvriers optent pour le silence. À en croire Léon Kaptué[22], les ouvriers craignaient les représailles de l’autorité coloniale qui décidait encore de la conduite politique des « indigènes ». L’interdiction des réunions de l’UPC dans le Moungo, via l’arrêté signé le 11 février 1950 par le chef de région Brette, incite alors les upécistes à se tourner vers l’action syndicale, plus propice à amener l’administrateur colonial à lever sa proscription des réunions de l’UPC. L’entrée des upécistes dans les protestations syndicales agit tel un catalyseur qui permet aux ouvriers d’exprimer leur ras-le-bol au patronat mais aussi à l’administration coloniale qui se doit de réguler les relations ouvriers-employeurs[23].

Le rapport annuel de 1951 dressé par le chef de région du Moungo indique que l’UPC recrute au sein de la SATEI des adhérents qu’il détourne de leurs revendications syndicales au profit de ses idéologies politiques[24]. Les ouvriers de plusieurs sociétés installées dans le Moungo, prennent comme référentiel la grève de SATEI en 1951 dans l’objectif de faire pression sur le patronat. En plus d’inciter les ouvriers à vouloir se libérer du joug patronal et de les conscientiser à aspirer à des emplois nobles, l’UPC réussit surtout à les mobiliser en faveur de la lutte pour l’indépendance.

Une succession de grèves s’en suit. Le 3 février 1954 au sein de l’entreprise COC, en juillet de la même année dans les plantations Coulaxides, le 31 août à l’IFAC et le 25 septembre 1954 une grève générale au sein des plantations européennes du Moungo. Nonobstant ces manifestations qui ont souvent tourné au grabuge, l’administration coloniale du Moungo reste muette. Les recours au sabotage aux fins d’attirer l’attention de l’administration coloniale sur la situation précaire des populations ont plutôt été suivis des réprimandes violentes des forces de maintien de l’ordre colonial. Cette situation qui perdure est sans issue et entraine le ralliement des grévistes aux idéaux de l’UPC dans le Moungo. Ainsi, l’UPC s’empare des grèves, tout en radicalisant les protestataires, si bien que rapidement les expressions de grèves dépassent le cadre des revendications syndicales. C’est ainsi que les grévistes se jettent dans les actions politiques avec de nouvelles revendications telles que le départ des colons. Ils manifestent à travers les tracts et les incendies des locaux administratifs. L’incendie de la prison de Loum-chantier ou encore la destruction des cultures et engins agricoles des plantations Coulaxides, témoignent du degré d’imbrication entre les idéaux des grévistes et ceux de l’UPC[25]. La vengeance de l’administration coloniale eu égard aux dommages causés par les grévistes donne naissance à des échauffourées entre civils et militaires en mai 1955[26]. Ces tensions résultent en partie de l’adhésion des grévistes aux idéaux de l’UPC.

Dans l’objectif de dissuader l’UPC d’organiser des grèves dans le Moungo, l’autorité administrative opte pour des méthodes coercitives à l’égard des militants de cette formation politique.  C’est ainsi qu’on assiste à des arrestations arbitraires, sans préavis et à des réquisitions des domiciles des adhérents de l’UPC durant l’année 1954[27]. En revanche, le comité régional du Moungo ne se lasse point dans son combat nationaliste. C’est dans ce contexte que la section régionale du Moungo saisit le comité central de l’UPC afin de rendre compte de la vulnérabilité des upécistes et dénoncer l’agressivité de l’administration locale du Moungo contre l’UPC. En réponse au comité régional du Moungo, Ruben Um Nyobé et Abel Kingué convoquent une réunion le 12 janvier 1954 à Mbouroukou sis au domicile de Ndamé Thomas, président du comité de Mbouroukou. Informé de cette nouvelle, André Socadeaux, Haut-commissaire français au Cameroun, en visite à Nkongsamba, entreprend le même jour, une visite à Mbouroukou. Cette visite a pour but de détourner les villageois de la réunion de l’UPC au sein du village. Après le départ de Socadeaux, les militants de l’UPC, parmi lesquels Abel Kingué, sont agressés par les villageoises à Mboanké[28].

Le 17 septembre 1954, une lettre signée par les leaders[29] upécistes du Moungo, est envoyée au ministre de la France d’outre-mer à Paris. Dans celle-ci, ils dénoncent l’action répressive des autorités administratives du Moungo et des chefs traditionnels, auxiliaires de l’administration locale, contre l’UPC et ses militants. Ils y mentionnent leur volonté de protester contre toutes les restrictions administratives vis-à-vis des demandes de manifestation. Chose dite, chose due : en 1954 les upécistes protestent lors du recensement des agriculteurs initiés par l’administration dans le Moungo[30]. Malgré ces protestations, l’administration locale reste constante dans sa décision de censure de l’UPC et sa volonté de contrecarrer leurs actions à travers les forces de maintien de l’ordre.

De son côté, et malgré les protestations, le Ministre d’outre-mer reste muet à la doléance du comité central de l’UPC. Cette situation va engendrer des affrontements ouverts entre les upécistes et l’administration locale dans le Moungo en 1955. Ces heurts sont renforcés par les tensions déjà fortes en pays bamiléké et la Sanaga-maritime. Les tensions qui éclatent dans la ville de Bafang en mai 1955 ne tardent pas à atteindre Mélong via Kekem[31]. De plus, les violences issues des affrontements entre les grévistes et les forces de maintien de l’ordre dans la Sanaga-maritime et le Wouri se sont aussitôt propagées dans la région administrative du Moungo et contribuent à amplifier et radicaliser les revendications syndicales déjà en cours dans cette localité[32]. Bien que ces heurts soient contingents dans chaque localité, ils se propagent telle une trainée de poudre pour se généraliser et atteindre leur paroxysme entre le 23 et le 30 mai 1955 : c’est l’insurrection upéciste au Cameroun[33].

Les émeutes de mai 1955 se soldent par un ensanglantement important, des destructions massives des édifices administratifs, des domiciles privés, etc. Notons que cette mutinerie liée aux actions de l’UPC a été l’un des grands alibis du décret de dissolution de cette formation politique signé le 13 juillet 1955 par René Coty, président français, à l’issue de son conseil des ministres. Par la suite, Roland Pré[34] va acclimater ce décret par l’arrêté no 4809 du 15 juillet 1955 interdisant officiellement l’UPC et ses organes annexes au Cameroun[35]. L’indépendance tant escomptée n’était pas acquise. En revanche, l’UPC se doit de trouver d’autres palliatifs afin de parvenir aux objectifs fixés depuis sa création en 1948. De ce fait, l’idée de coalition avec le OK de Ndeh Ntumazah et la hantise d’entrer au maquis ne manquent pas à l’ordre du jour. Nonobstant l’adversité des upéciste vis-à-vis de l’administration coloniale, le Moungo s’est subséquemment toujours révélé, pour cette formation politique, comme un terrain favorable pour mener la lutte de libération du Cameroun à partir de sa géolocalisation.

La géographie du Moungo : une aubaine pour le maquis camerounais

Le Moungo s’est montré attrayant aussi bien par ses facteurs naturels et géographiques que par sa situation comme localité dans laquelle les manifestations clandestines avaient le plus de chance de réussir. La localité était séduisante grâce à sa position entre le pays bassa et bamiléké[36]. Il en est de même avec sa situation frontalière entre la zone « anglophone » fief du One Kamerun et la zone « francophone » camerounaise socle de l’UPC et dont la fusion a su donner du fil à retordre à l’administration coloniale et post coloniale au Cameroun. Le relief et la végétation du Moungo ont tout de même été les facteurs les plus déterminants dans le choix de la localité comme base stratégique des opérations upécistes au regard du nombre de maquis démantelés par l’armée française dès 1957[37]. Il s’agit dans cette perspective de faire ressortir la place qu’aurait jouée la géographie du Moungo, dans le déploiement des maquis.

Le Moungo : localité géostratégique des maquis camerounais

À l’issue de l’interdiction de l’UPC au Cameroun le 13 juillet 1955, la position géographique du Moungo s’est rapidement montrée indispensable à l’implémentation des maquis.  Rappelons que le chemin de fer qui vient du pays bassa dessert la région du Moungo à travers ses multiples gares ferroviaires[38]. Le chemin de fer du Nord sert quant à lui de canal entre Eséka et Nkongsamba. À titre d’illustration, une correspondance qu’Um Nyobé adresse au comité régional de Nkongsamba, arrivée à la gare ferroviaire de Nkongsamba le 4 mars 1950, est interceptée par la police. En effet, celle-ci avait reçu l’autorisation de l’administration locale de perquisitionner tout courrier venant de la zone bassa pour le Moungo après l’arrêté du 11 février 1950 interdisant l’UPC dans cette région[39].

Lorsque l’UPC entre dans la clandestinité, les correspondances dissimulées dans les colis expédiés depuis les gares des pays bassas atteignent aisément le Moungo en direction du pays bamiléké, la zone anglophone et vice-versa. Rappelons qu’en raison de l’interdiction de l’UPC, en juillet 1955, de nombreux leaders se réfugient au Cameroun anglophone parce qu’ils veulent se mettre à l’abri des balles des troupes françaises venues de Bouar (actuelle Centrafrique)[40]. Bien que dispersés, les différents leaders ont souvent été en contact avec leurs partisans par le biais des émissaires-relayeurs communément appelés « maquisards ». Ces derniers résident pour la plupart dans le Moungo. Il faut remarquer que la proximité du Moungo à la zone « anglophone » et l’Ouest du Cameroun, favorise l’usage des pistes commerciales d’antan afin de relier clandestinement les différents fiefs du maquis camerounais. L’utilisation de ces pistes est favorable à la clandestinité, car elles sont difficiles d’accès, donc peu fréquentées par les agents de sécurité publique. On peut penser par exemple aux pistes traversant Loum-Tombel-Ebonji-Kumba ou encore Mélong-Mbouassoum-Bangem ou bien encore Manjo-Mouamenam-Oninong très convoitées par les « maquisards » [41]. L’ouverture en 1963 du tronçon de chemin de fer Mbanga-Kumba vient une fois de plus faciliter la liaison Moungo-zone anglophone et par ricochet le contact entre la zone anglophone et les pays bassa et bamiléké.

Les liaisons fréquentes entre la zone « francophone » et la zone « anglophone » via le Moungo aboutissent en 1956, à une rencontre qui se révèle d’une importance incommensurable pour la continuité des agissements de l’UPC. Il s’agit des retrouvailles de Ndeh Ntumazah, Kamsig Innocent et Mekou Samuel (père de Felix Moumié). Sous la demande expresse de Felix Roland Moumié, ce trio va avoir l’idée de formation d’un parti politique aux idéaux emprunts à ceux de l’UPC. C’est à l’issue d’un commun accord en 1957 à Kumba que nait One Kamerun en abrégé (OK). Ce parti d’alliance va dès lors mener une lutte ouverte au Cameroun oriental et une lutte clandestine au Cameroun méridional[42]. Dans le but de mener harmonieusement les actions de lutte clandestine, la coalition UPC-OK entreprend de mettre sur pied une organisation susceptible de réclamer farouchement l’indépendance par voie armée. C’est ainsi qu’à la demande de Martin Singap, en qualité de secrétaire de la J.D.C (Jeunesse Démocratique Camerounaise), une annexe de l’UPC le Moungo est choisie pour l’implémentation de ladite organisation paramilitaire. À Mbanga le 10 octobre 1957, les pairs de l’UPC et de OK venus de la zone anglophone, du pays bamiléké et bassa, décident de mettre en place la SDNK ou Sinistre de Défense Nationale Kamerounaise. Le choix d’une telle rencontre au Moungo est justifié par sa position chevauchant les localités susmentionnées. La SDNK mène des opérations radicales jusqu’en 1959, année où sa restructuration lui octroi la nomination à l’ALNK ou Armée de Libération Nationale Kamerounaise[43]. Cette dernière voit le jour à l’issue d’une réunion tenue à Boubé dans le Moungo le 31 mai 1959[44]. Il faut dans cette perspective reconnaitre que le Moungo est le lieu de création de l’ALNK. C’est la raison pour laquelle les activistes de cette localité font partie de la branche extrémiste de l’UPC avec rattachement à la bande des maquis en pays bamiléké[45]. Le Moungo a offert à ces différents groupes une géographie politique favorable aux stratégies maquisardes mais ce n’était pas le seul avantage : la géographie physique du Moungo le prédisposait à devenir une zone propice à la clandestinité et aux maquis.

Les facteurs géographiques naturels du Moungo : une faveur au maquis camerounais

Les facteurs géographiques naturels qui ont favorisé le maquis dans le Moungo sont nombreux, on compte notamment le climat, la végétation et le relief. Notons que les différents maquis recensés dans le Moungo étaient des lieux peu fréquentés et difficiles d’accès. Le choix porté à ces endroits répond à l’option des upécistes de mener une guerre asymétrique de l’indépendance par le biais des activités clandestines. Pour ce faire, la végétation accorde un large espace favorable à la dissimulation des hommes et des biens (armes, provisions, etc.) dans des bosquets denses[46]. C’est ce qui a été qualifié de maquis dans le contexte de la guerre d’indépendance au Cameroun.

Selon Nkankeu, la forêt du Moungo fait partie intégrante de l’immense forêt vierge qui couvre toute la bordure du Golfe de Guinée[47]. Cette forêt diversifiée, présente au sud une mangrove difficile d’accès, et faite de palétuvier. Au nord se trouve une forêt d’altitude s’étendant sur la chaîne montagneuse de l’Ouest qui traverse la région du Moungo[48]. Cette dernière est caractérisée par une végétation de fougères et de bambous, ce qui la rendait opaque et difficile d’accès, c’est-à-dire parfaite pour le maquis.

La coalition UPC-OK recherche des zones difficiles d’accès pour tenir leurs rassemblements et dissimuler le matériel de lutte armée[49] et le mont Koupé s’avère un lieu parfait : elle y installe un maquis sur les versants abrupts dudit mont. Il est arboré d’une épaisse forêt qui sert non seulement de maquis, mais également de camp de formation et de recyclage des paramilitaires de l’ALNK[50].

À cette époque les exploitations agricoles de bananeraies, de palmeraies, d’hévéaculture et bien d’autres, engendraient des forêts anthropiques qui s’étendaient à perte de vue de Manjo à Souza[51]. Autour de ces exploitations appartenant aux Européens se dressaient, quelques fois, des bocages favorables aux maquis. Le choix de ces bosquets environnant les plantations, trouve sa matrice dans le sabotage des cultures et la réclusion des ouvriers des différentes plantations européennes dans le Moungo. Ce fut le cas du maquis de Tengue où les dissidents upécistes avaient érigé un campement à huit kilomètres au nord-ouest de la route Mbanga-Nkongsamba[52]. D’après un rapport du jugement rendu par la cour criminelle de Nkongsamba en 1959, la cour condamne à 20 ans de travail forcé Mouaffo Michel, sociétaire du maquis de Tengue. Celui-ci est accusé de destruction de récoltes par l’abattage de plusieurs milliers de bananiers[53]. L’activisme à travers le sabotage des plantations européennes contribue à la naissance des maquis tels que ceux de Ndoh3  Djoungo, Bonandam et bien d’autres.

Le climat du Moungo est également l’un des éléments propices à la propension des maquis. Selon Enama, le Moungo baigne dans un climat équatorial de type camerounéen[54]. On y observe aussi de légers changements en altitude qui donne un type climatique de montagne. Ainsi, la localité va s’avérer idoine pour les upécistes, grâce à ce climat équatorial de type camerounéen aux allures d’un climat de montagne très humide. Celui-ci, en harmonie avec la mousson qui vient du golfe de Guinée,[55] produit une pluviométrie élevée et une saison sèche très courte. C’est ce qui engendre, pendant la nuit, un phénomène de gel aux cimes des monts Manengouba, Koupé et Nlonako qui constituent les principaux massifs montagneux du Moungo. Ce type de climat rend les différents massifs du Moungo très peu fréquentés, raison pour laquelle les maquisards ont jugé approprié d’installer des campements sur les flancs des monts du Moungo.

Il est judicieux de remarquer que les maquis au nord du Moungo appartiennent à la frange extrémiste de l’ALNK affiliée aux maquis des pays bamilékés. C’est d’ailleurs dans le maquis du Koupé que se trouve le camp de formation de la milice ALNK[56] . Le choix de cette localité comprend les collines abruptes du mont Koupé et offre un terrain parfait pour la préparation physique des maquisards aux épreuves d’endurance. Le climat de type de montagne qui engendre des grêlons pendant de fortes pluies soumet les soldats-maquisards à un environnement difficile. Il est évident que l’objectif du choix de ce lieu est de préparer la milice à se mouvoir aisément en tout lieu et en tout temps. À quelques différences près, le maquis de Kongna mentionné par Ekango et situé sur les flancs du mont Nlonako partage les mêmes objectifs que celui de Koupé[57]. Finalement, l’un des maquis les plus résistants et qui est demeuré actif jusqu’à la période post-indépendance a sans doute été celui de Nleuh-mbo comme me l’a mentionné Benjamin Esseko (68 ans) lors d’une conversation privée à Mbouroukou en mars 2022. Esseko m’a précisé que le maquis de Nleuh-mbo se situait au pied du mont Manengouba et était considéré comme un relais stratégique entre les maquis des pays bamilékés, bassas, de la zone anglophone et aussi ceux établis dans le Moungo.

Nous pouvons constater à travers l’analyse qui précède que le Moungo fut un territoire déterminant aux luttes armées du fait de la naissance dans cette localité du SNLK devenue plus tard ALNK et de son choix pour les terrains d’entrainement des militaires de l’ALNK (en raison de son climat rude et son relief convenablement adapté à la formation militaire). La coopération des maquis à travers le Moungo était si bien structurée qu’au-delà d’être un lieu de transit, la région a été elle-même le théâtre des exactions liées à la quête de l’indépendance du Cameroun[58]. Les agitations upécistes liées à l’essor des maquis ont poussé l’administration coloniale et post-indépendance à prendre des mesures coercitives pour dissuader le phénomène de maquisards dans le Moungo : c’est le musèlement de l’UPC à travers le redéploiement des troupes militaires et le réaménagement juridico-administratif du Moungo devenu sujet à l’asphyxie de l’UPC au Cameroun.

Conclusion

Le Moungo, localité importante pour la compréhension des troubles politiques et de l’histoire du maquis au Cameroun, s’est très tôt dressé comme un lieu où les activités clandestines de l’UPC avaient le plus de chance de réussite. Avant 1955, les manifestations syndicales dans le Moungo ont bâti les sentiers d’un secteur opportun aux maquis. Cette opportunité a été rehaussée par un éventail de tensions sociales liées aux grèves qui mettaient en opposition le patronat colonial et les ouvriers des différentes compagnies établies dans la région. L’adhésion des grévistes aux idéaux de l’UPC a abouti aux soulèvements virulents à l’origine ses émeutes de mai 1955 dans le Moungo. Les atrocités du mouvement insurrectionnel perceptibles en pays bamiléké et bassa en passant par le Moungo, provoquent en juillet 1955, l’interdiction faite à l’UPC de mener toutes activités politiques au Cameroun.

Déterminé à obtenir l’indépendance par tous les voies et moyens, l’UPC trouve idoine de se lancer dans la clandestinité via les maquis. De ce fait, les upécistes du Moungo apportent une réponse à l’idée d’une lutte clandestine via son territoire connu par son hétérogénéité sociodémographique favorable aux activités upécistes. Toujours dans la même perspective, la situation géographique du Moungo en a fait un lieu par excellence du maquis par sa position carrefour entre les pays bassa, bamiléké et la zone anglophone. Cette position a conduit dès 1957 à la rencontre entre les upécistes et les nationalistes du Southern Cameroon : c’est la naissance de One Kamerun. De plus, les facteurs associés à la géographie naturelle du Moungo tels que le relief, le climat et la végétation ont été avantageux pour le maquis dans cette localité. La végétation a permis aux maquisards de se cacher, de dissimuler les hommes et le matériel de guerre etc. Le relief de collines et de massifs montagneux a également servi d’abris aux maquisards en transit, car ces endroits étaient difficiles d’accès. C’est ce qui permet d’identifier les maquis de Tengue, Djoungo, Nlombo, Bonandam, mais surtout celui du mont Koupé qui s’est érigé en camp d’entrainement des militaires de l’ALNK. Ces différents facteurs ont contribué à la naissance du maquis dans le Moungo qui est par la suite devenu le théâtre des actions insurrectionnelles liées à la quête de l’indépendance « effective » du Cameroun.


**Le Moungo est un Département du Cameroun situé dans la région du Littoral. Il est créé comme tel, le 26 novembre 1927, par un arrêté de Théodore Paul Marchand, commissaire français au Cameroun. Circonscrit sur une superficie de 3.723 km2, il a pour chef-lieu Nkongsamba. Localisé sur le littoral camerounais, le Moungo est la zone de transition entre la ville de Douala et les Hautes Terres de l’Ouest et du Nord-Ouest. Pour en savoir plus sur la localisation, cf. https://mapcarta.com/fr/16797166 et voir la carte en annexe du texte.

[1] https://www.un.org/fr/about-us/un-charter/chapter-12, consulté le 24 octobre 2022.

[2] Archive nationale de Yaoundé (ANY), dossier 2AC8342, Cameroun 1955. Les émeutes de Mai.

[3] Kamerun, ainsi écrit, évoque le Cameroun de 1884 à 1916, c’est-à-dire avant le condominium franco-britannique qui divise le pays jadis uni en deux entités administratives à travers une coalition mise sur pied pour contrôler le territoire considéré comme un butin de la Première Guerre mondiale face à l’Allemagne en Afrique Centrale.

[4] J-P. Guiffo, Le Cameroun de toujours, [Yaoundé], Éditions de l’Essoah, 2006, p. 827.

[5] ANY, IAC35B, Dissolution de l’UPC.

[6] Mbang Kingue, « L’Algérie et le Cameroun dans les guerres de libération naturelles de 1954 à 1971 : circulation des Hommes, des idées et soutiens logistiques », Thèse de Doctorat Ph.D en Histoire, Université de Yaoundé 1, 2017, p. 42.

[7] Après l’interdiction de l’UPC au Cameroun oriental en 1955, celui-ci va continuer de mener ses actions au Cameroun méridional notamment dans les localités de Kumba et Tombel. Néanmoins, en 1957, il est interdit dans cette localité en raison des actes de terroristes et des atrocités dont ses membres sont accusés. Pour le remplacer, Ndeh Ntumazah, compagnons de lutte de l’Indépendance et ancien militant de l’UPC créé le One Kamerun Movement (OK) qui était en réalité l’UPC clandestine.

[8] APA 10969/J, Région du Mungo, Activités syndicales.

[9] B. Tonjé, Sur le chemin de l’émancipation nationale : Le Kamerun : Les derniers jours de Ruben Um Nyobé : Brèves biographies de Moumié, Kingué, Ouandié et OsendéAfana, éditions Kunde, 2005, p. 78.

[10] Le 11 février 1950, Brette, chef de région, interdisait toutes les réunions publiques et privées de l’UPC. Ce fut le cas des interdictions entreprises par les chefs Sosso Eyoum, Adolph Ewané, Fritz Pandong du Moungo. Le 16 mai 1953, l’administrateur-Maire de Nkongsamba interdisait par arrêté municipal, une réunion de l’UPC. Nonobstant les notes administratives et les messages des chefs traditionnels, les upécistes restaient téméraires dans leur élan de boycottage.

[11] P. Essamé, « Les peuples originaires ou autochtones de la zone de Nkongsamba », muken.canalblog.com, consulté le 4 juin 2022.

[12] J. E. Ebanda, « Création picturale de l’histoire d’une ville camerounaise : Cas de Nkongsamba », Mémoire de Diplôme d’Études en Art Plastique (DEAP) en peinture, Université de Douala-Institut des beaux-arts, 2011, p. 21.

[13] Abel Kingué (1924 – 16 Juin 1964) est l’un des fondateurs de l’UPC en 1948. Il a été un dirigeant politique dans la lutte pour l’indépendance du Cameroun et vice-président national de l’Union des populations du Cameroun (UPC).

[14] Ruben Um Nyobe est, surnommé « Mpodol », « celui qui porte la parole des siens », c’est-à-dire le porte-parole. Il est né le 10 avril 1913 à Eog Makon et mort assassiné le 13 septembre 1958 à Libelingoï, près de Boumnyébel. Il était un militant indépendantiste, anticolonialiste et figure de proue de la lutte armée pour l’indépendance du Cameroun.

[15] Entretien avec Benjamin Esseko, 68 ans, Mbouroukou le 13 mai 2022.

[16] ANY, 2AC7006, Mungo, UPC, 1957, Activités et arrestation des membres de l’UPC dans le mungo.

[17] J. Suret-Canale, Afrique Noire, de la Décolonisation aux indépendances 1945-1960, Paris, Éd. Sociales, 1972.

[18] L. Kaptué, Travail et main d’œuvre au Cameroun sous régime français 1916-1952, Paris, Harmattan, 1986, p. 1983.

[19] On avait entre autres la confédération française des travailleurs chrétiens, la confédération générale du travail-force ouvrière, l’union des syndicats autonomes du Cameroun, la confédération des syndicats indépendants du Cameroun. À ce sujet, voir : Léon Kaptué, Travail et main d’œuvre, 1986.

[20] H. N. Essomé, « Le Moungo et l’agitation syndicalo-politique 1944-1958 », Mémoire de DIPES II en Histoire, Université de Yaoundé I-ENS., 1989, p. 64.

[21] ADM, Dossier grèves 1954/ Procès-verbal du Commandant du poste de gendarmerie de Mbanga, du 6 février 1954.

[22] Kaptué, Travail et main d’œuvre…, 1986.

[23] Essomé., « Le Moungo et … », p. 66.

[24] ANY, APA11551/B, subdivision de Nkongsamba, Rapport annuel.

[25] J. Ekango, « L’agitation socio-politique et la violence dans l’arrondissement de Mbanga entre 1950 et 1960 », Mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé 1, 2000, p. 53.

[26] Ibid., p. 35.

[27] Ibid.

[28] Entretien avec Benjamin Esseko, 68 ans, Mbouroukou le 18 mai 2022.

[29] Abel Kingué et Sakeo Kamen respectivement président et secrétaire général de la section régionale UPC du Moungo.

[30] Essomé., « Le Moungo et … », p. 67.

[31] Entretien avec Mayer Etongue, Forestier retraité, Chef de 3ème degré village Denzo-Melong, Denzo le 11 mai 2018.

[32] Ekango, « L’agitation socio-politique… », p. 38.

[33] ANY, 2AC8342, Cameroun, 1955 les émeutes de Mai.

[34] Daniel Abwa présente Roland Pré comme un administrateur français connu par sa diligence à mater les rebellions au Gabon, en Somalie. Il est nommé au Cameroun par un décret de décembre 1954 par le chef d’État français René Coty en remplacement d’André Soucadaux qui y était depuis 1949. Sa mission était sans doute celle mettre hors d’état de nuire l’UPC. Cf. D. Abwa, Commissaires et hauts-commissaires de la France au Cameroun (1916-1960) : ces hommes qui ont façonné politiquement le Cameroun, Paris, Karthala, 1998.

[35] J-P. Guiffo, Le statut international du Cameroun,1921-1961, [Yaoudé], Éditions de l’Essoah, 2007, p. 119.

[36] D. Martin et G. Sieffermann., « Le département du Mungo (Ouest-Cameroun) », horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/cahiers/PTP/18306.PDF, consulté le 22 juin 2022.

[37] ANY, 2AC7006, Mungo, UPC, 1957, Activités et arrestation des membres de l’UPC dans le mungo, 1957.

[38] Souza, Nkappa, Mbanga Njombé, Penja, Mujuka, Loum, Nlohé, Manjo Ndoungué, Nkongsamna.

[39] ADM, Rapport du Commissaire de Police de Nkongsamba datant du 7 mars 1950.

[40] E. Meyomesse, « Cameroun, 25 mai 1955 : il y’a 61 ans le massacre de Messa », www.camer.be, consulté le 12 avril 2022

[41] Entretien avec Esseko Benjamin, 68 ans, Enseignant retraité, Mbouroukou, 13 mai 2022.

[42] J-P. Guiffo, Le Cameroun de toujours, [Yaoundé], éditions de l’Essoah, 2006, p. 702.

[43] A-H. Mfege, « L’armée de libération nationale Camerounaise et sa stratégie 1959-1970 », Revue d’Histoire Outre-Mer, no 348-349, 2ème semestre, 2005, p. 268.

Anonyme, « L’homme martin Singap », www.cameroonvoice.com, consulté le 25 avril 2022.

[45] T. Deltombe. M. Dmergue et J. Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la françafrique (1948-1971), Paris, éd la Découverte, 2011, p. 77.

[46] G. Tandja, « Les missions chrétiennes et l’évangélisation de la région du Mungo 1916-1964 », Mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 1991, p. 13.

[47] F. Nkankeu, « Les forêts classées du Moungo (Cameroun) : Analyse des facteurs de leur évolution et conséquence », Thèse de Doctorat de Géographie, Université de Toulouse-le-Mirail, 2003, p. 26.

[48] J. Nougier, « Volcanologie de ligne du Cameroun », Annales de la faculté des sciences de Yaoundé, no17, 1974, pp 3-48.

[49] L’effort camerounais no203, 1959, p. 4.

[50] Ekango, « L’agitation socio-politique… »,p. 55.

[51] R. P. Keba, « L’économie du Cameroun français 1922 à 1955/ Le cas de la plaine du Mungo dans le littoral », Mémoire de maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 1983, p. 43.

[52] ANY, 2AC7006 Mungo, UPC 1957, activité et arrestation des membres de l’UPC dans le Mungo, 1957.

[53] Effort camerounais no201, 1959, p.4.

[54] R. A. Enama, « Contribution à la gestion de la période d’essai dans les entreprises publiques. Cas de la société camerounaise des dépôts pétroliers », Mémoire de Licence professionnelle en Gestion, ISGT, 2011, p. 23.

[55] Martin et Sieffermann, « Le département du Mungo (Ouest-Cameroun) », horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/cahiers/PTP/18306.PDF, consulté le 22 juin 2022.

[56] Ekango, « L’agitation socio-politique… »,p. 92.

[57] Ibid., p. 42.

[58] Essomé, « Le Moungo et … », p. 48.


Bibliographie

Sources écrites

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Sources archivistiques

Archives nationales de Yaoundé

  • 1AA667, Mungo, création des postes administratifs dans la région du Mungo.
  • 2AC7006, Mungo, UPC, 1957, Activités et arrestation des membres de l’UPC dans le mungo, 1957.
  • 2AC7764, Mungo, situation politique et sociale 1954.
  • 2AC8342, Cameroun, 1955 les émeutes de mai.
  • 3AC1229, Ouest et Mungo, attentats politiques.
  • APA 10969/J, Région du Mungo, Activités syndicales.
  • IAC35B, Dissolution de l’UPC, 1955.

Archives départementales du Moungo

–                Dossier grèves 1954/ Procès-verbal du Commandant du poste de gendarmerie de Mbanga, du 6 février 1954.

–                Dossier grèves 1954

–                Rapport du Commissaire de Police de Nkongsamba datant du 7 mars 1950.

Journaux

  • Journal officiel du Cameroun, 1er juillet 1959
  • Journal officiel du Cameroun, no 1236 du 16 avril 1958
  • L’effort camerounais, no 201, p. 4
  • L’effort camerounais, no 202, du 30 août 1959, p. 4
  • L’effort camerounais, no200 du 16 août 1959, p.4
  • Le messager du 28 mai 2008.

Source audiovisuelle

Général Pierre Semengue à l’émission »Tribune de l’histoire » Canal2internationale du dimanche 16 août 2015

Sources orales

Nom(s) et prénom(s)AgeFonctionsLieu(x) et Date(s) d’interview
Etongué Mayer88 (environs)Forestier retraitéDenzo, le 11 mai 2018
Esseko Benjamin68Enseignant retraitéMbouroukou, 13 mai 2022
Yaka Jacqueline80CultivatriceEkanang le 10 mai 2022