L’histoire ouvrière américaine vue d’en bas

Publié le 13 avril 2016
Benoit Marsan

17 min

Par Benoit Marsan, doctorant en histoire à l’UQÀM, chargé de cours (UQÀM et UQO) et collaborateur pour HistoireEngagee.ca

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À voir l’importance qu’occupent dans l’actualité les courses démocrate et républicaine à l’investiture présidentielle, il est facile de perdre de vue que les dynamiques sociales et politiques américaines dépassent l’horizon des grandes figures et des principales institutions politiques du pays. Heureusement, deux récents documentaires, Howard Zinn, une histoire populaire américaine[1] et The Mine Wars[2], ont le mérite de nous montrer une histoire des États-Unis vue d’en bas et largement animée par les luttes de la classe ouvrière américaine. Jusqu’au Red scare[3], qui suit la Première Guerre mondiale, il est nécessaire de rappeler que le mouvement ouvrier américain est en partie influencé par des courants anarchistes, socialistes et religieux progressistes. Des années 1870 au début des années 1920, des millions d’hommes et de femmes, de diverses origines ethniques et nationales, anonymes ou non, ont imaginé une société américaine démocratique et égalitaire qui dépasse de loin le statu quo politique et social proposé à l’heure actuelle par l’élite politique du pays. Ces utopies se sont manifestées à travers une riche et fascinante tradition de radicalisme ouvrier. Cette dimension du passé américain est la plupart du temps occultée ou minimisée par l’histoire officielle[4]. C’est dire que les mouvements de contestation des dernières années, tels Occupy Wall Street ou encore Black Lives Matters, sont loin d’être des anomalies dans le contexte américain et peuvent plutôt s’appuyer sur un large répertoire de résistances populaires et de luttes qui peut être retracé jusqu’au tout début de l’histoire des colonies américaines[5]. Voici donc une brève recension de ces deux réalisations offertes en DVD. J’ai porté une attention particulière à The Mine Wars, car il s’agit d’une histoire encore moins connue que les principaux événements présentés dans Howard Zinn, une histoire populaire américaine.

Howard Zinn, une histoire populaire américaine

HPA-webRVBCe documentaire, réalisé par Olivier Azam et Daniel Mermet en 2015, est en fait le premier volet d’une trilogie[6] portant sur l’histoire des « sans histoires » aux États-Unis à travers le parcours et le regard de l’historien américain de gauche Howard Zinn[7]. Outre des entrevues avec ce dernier, réalisées à Boston et à Paris peu de temps avant son décès en 2010, on retrouve aussi d’autres figures connues de la gauche intellectuelle américaine, telles Naom Chomsky et Chris Hedges.

Ce premier opus s’intitule Du pain et des roses[8]. Il aborde l’histoire américaine de la Guerre d’indépendance au Red Scare[9]. Comme l’annonce le narrateur dans les premières minutes du film : « À partir de sa propre histoire, Howard Zinn va raconter l’histoire des oubliés de l’histoire ». On peut diviser le documentaire en quatre grandes parties. La première porte sur Zinn : sa vie, son œuvre et sa démarche. Ensuite, on discute de l’importance du concept de classe afin de comprendre l’histoire américaine, en donnant en exemple la Guerre d’indépendance et son récit officiel qui nous présente la population des Colonies américaines transcendée par un « nous » collectif exempt de tensions et de hiérarchies, qu’elles soient sociales, politiques ou économiques, et qui fait face d’une seule voix à la tyrannie de l’Empire britannique. On poursuit avec l’industrialisation, la construction du chemin de fer, l’émergence des grands capitalistes américains et quelques moments importants de l’histoire ouvrière qui vont marquer la fin du 19e siècle et le début du 20e (l’émeute de Haymarket, la naissance des Industrial Workers of the World (IWW), la grève de Lawrence, le massacre de Ludlow). À travers ces événements, on nous présente quelques grandes figures du mouvement ouvrier américain (Emma Goldman, Alexander Berkman, les martyrs de Chicago, Eugene V. Debs, Mother Jones, Joe Hill, etc.). Finalement, ce premier volet se conclut avec la Révolution russe et le Premier Conflit mondial, qui annoncent une vague de propagande anticommuniste et xénophobe, en plus d’une chasse aux sorcières engagée contre le mouvement ouvrier. L’après-guerre signale en quelque sorte la fin du radicalisme ouvrier de la période.

Tout comme le best-seller de Zinn, le documentaire s’adresse avant tout aux néophytes. Le projet veut, à l’image de l’œuvre de l’historien, susciter l’espoir et démontrer l’agentivité des laissés-pour-compte de l’histoire[10]. Outre des entrevues, le film présente des vidéos, images, animations et photos d’époque. Dans un dialogue continu, la réalisation alterne entre le passé et le présent. On retourne sur les lieux où certains événements présentés se sont déroulés (Haymarket à Chicago, la ville de Lawrence et son musée de la grève, le port de Boston, etc.). À lire le site web du projet, on semble vouloir inscrire la production dans une démarche d’éducation populaire, ce qui représente une initiative rafraîchissante et pertinente[11]. Par contre, le principal défaut du documentaire est qu’il est franco centré. On recourt, pour des visées pédagogiques, à des parallèles qui sonnent quelques fois faux ou semblent boiteux d’entrée de jeu. Bref, on force des comparaisons franco-américaines, qui agacent et qui sont parfois à la limite de la caricature, donc loin d’être nécessaires. Malgré tout, pour un public qui n’est pas au fait de ces éléments de l’histoire des États-Unis, cette initiative représente un point de départ qui ne peut que susciter une volonté d’en apprendre davantage sur l’œuvre de Zinn et sur l’histoire populaire et ouvrière américaine.

The Mine Wars

841887027342Diffusé sur la chaîne de télévision PBS le 20 janvier 2016, The Mine Wars explore le long combat mené par les mineurs de charbon et leurs familles contre les propriétaires de mine en Virginie-Occidentale, au cours des deux premières décennies du 20e siècle. Ces événements culminent en 1921 avec la Bataille de Blair Mountain, alors que 10 000 mineurs armés tentent de rejoindre le Comté de Mingo et affrontent la police locale, la Garde nationale et la milice patronale. Cet événement représente la plus grande insurrection armée de l’histoire américaine depuis la Guerre civile. Le documentaire est réalisé par Randall MacLowry et est basé sur l’ouvrage The Devil Is Here in These Hills. West Virginia’s Coal Miners and Their Battle for Freedom de l’historien James Green[12]. Il s’agit d’une synthèse importante de cette longue histoire, qui n’a été abordée que partiellement à ce jour dans l’historiographie et dans la fiction[13].

Par l’entremise d’interviews de plusieurs historiens et historiennes, d’anciens mineurs et de descendants de mineurs, le tout entrecoupé d’images et de photos d’archives pour appuyer la narration, la production explore différentes dimensions de l’expérience des travailleurs des mines de charbon de la région et expose le contexte et les raisons qui mènent aux grèves et aux affrontements violents, souvent sanglants, de 1902 à 1921[14]. Le documentaire débute avec la première visite de Mother Jones[15], surnommée aussi « l’ange des mineurs », dans la région en 1901. Elle est alors envoyée par les United Mine Workers of America (UMW) afin d’entreprendre la syndicalisation massive de la Virginie-Occidentale.

Par la suite, on nous présente le développement de l’industrie minière dans la région, son importance pour l’industrialisation des États-Unis et comment se met en place la dépendance de la population locale face à l’industrie de l’extraction du charbon (villes qui appartiennent aux compagnies, églises et écoles construites par celles-ci, sécurité assurée par les milices patronales, salaires payés en bons échangeables dans les magasins appartenant aux compagnies minières, etc.). On explore aussi le travail des enfants, le rôle des femmes dans les luttes et la ségrégation raciale entre « blancs », afro-américains et immigrants[16].

La deuxième partie du documentaire tourne autour de l’émergence d’un leader issu de la communauté, Frank Keeney. On nous présente la grève de 1912-1913 à Cabin Creek qui est dirigée par ce dernier[17]. Les mineurs revendiquent alors la reconnaissance syndicale, la fin du monopole détenu par les magasins des compagnies et l’arrêt de la surveillance et du contrôle exercé par les milices patronales[18]. Ils doivent néanmoins faire face à un patronat farouchement antisyndical qui n’hésite pas à expulser les familles de grévistes des maisons, et qui a recours à l’agence de police privée Baldwin-Felts pour harceler, intimider et assassiner les mineurs. Pour les autorités de l’État de Virginie occidentale, ce conflit relève du domaine privé, on refuse donc d’intervenir. Les grévistes doivent alors se défendre eux-mêmes : ils forment des groupes d’autodéfense et organisent une guérilla dans les montagnes de la région tout en menant de nombreux actes de sabotage. C’est dans un tel contexte de radicalisation, et en face des briseurs de grève, que la question raciale s’efface pour faire place à l’identité de classe chez les mineurs. Se jugeant abandonnés par la direction nationale des UMW, les éléments les plus radicaux, menés par Keeney et Fred Mooney, vont entreprendre la conquête de la direction régionale du syndicat, le local 17, à la suite de l’échec de la grève.

La dernière partie est consacrée au Massacre de Matewan et à la Bataille de Blair Mountain. Après avoir soutenu l’effort de guerre, les mineurs et les UWM croient à la mise en place d’un nouvel ordre industriel. Dans ce contexte, Keeney et Mooney vont se donner comme objectif de syndiquer tous les mineurs de l’État. Cependant, les patrons du Comté de Mingo, dans le sud de la Virginie-Occidentale, ne l’entendent pas ainsi. En juillet 1920, les mineurs vont entreprendre une grève pour la reconnaissance syndicale. La presse nationale, l’État et les patrons, dans le contexte du Red scare, vont faire l’amalgame entre l’action des mineurs et le péril bolchévique. S’en suit une guerre sans merci qui perdure jusqu’en septembre 1921 et qui laisse de nombreux cadavres dans son sillage. La Bataille de Blair Mountain, comme on le souligne dans le documentaire, représente le dernier soubresaut d’une tradition de radicalisme ouvrier américain né dans les dernières décennies du 19e siècle. La défaite des mineurs annonce des conséquences néfastes, alors qu’une désyndicalisation massive s’opère à l’échelle de l’État. Les membres des UMW passent de 50 000 à 1 000 dans la région suite au conflit. Il faut par la suite attendre le New Deal pour voir à nouveau s’organiser des campagnes massives de syndicalisation dans la région.

Le documentaire réussit bien son objectif de présenter les nombreux combats entrepris par les mineurs de la Virginie-Occidentale pour la démocratie et la liberté. Bien qu’appuyée par des entrevues de nombreux historiens et historiennes et basée sur un important travail archivistique et documentaire, la production présente cependant quelques limites. Tout d’abord, la question des femmes de mineur, bien qu’abordée brièvement au début du documentaire s’efface assez rapidement. Il en va de même des questions raciales. Autre limitation, mais qui présente d’importants avantages du point de vue de la réalisation et de la scénarisation, le documentaire est surtout organisé autour des grandes figures du camp des mineurs (Mother Jones, Frank Keeney et Sid Hatfield). Loin de moi l’idée de minimiser leur importance, cependant il aurait été intéressant de voir des acteurs historiques issus du rang des anonymes (notamment des femmes d’ouvriers, des mineurs afro-américains ou des mineurs d’origine immigrante) intégrés dans la trame narrative. Malheureusement, c’est une tendance et un défaut des grandes productions télévisuelles qui s’adressent à un public large, où l’histoire est organisée autour de grandes figures et personnages historiques.

Pour conclure, force est de constater que même lorsqu’on aborde l’histoire des anonymes, il est souvent difficile de ne pas sombrer dans l’identification et l’héroïsation des chefs et des grandes figures charismatiques, comme le démontrent les deux documentaires. En ce sens, on peut reprendre certains reproches de l’histoire sociale adressés à l’égard de l’histoire politique traditionnelle. Bien entendu, les dépossédés ont aussi leurs héros, leaders, intellectuels et figures charismatiques. Néanmoins, l’histoire et son développement dépassent de loin l’action de certains individus, aussi exceptionnels puissent-ils être. Il devient donc un peu simpliste d’en faire les acteurs déterminants de la trame historique.

Cependant, outre cet aspect, il s’agit de deux grands documentaires sur l’histoire populaire et ouvrière américaine. Il est donc plutôt dommage de constater l’absence de productions similaires en histoire canadienne et québécoise qui portent sur les luttes et mouvements de la fin du 19e et du début du 20e siècle. D’autant plus que de nombreux acteurs et organisations de la période traitée sont aussi actifs de notre côté de la frontière. Suite à ces deux visionnements, il apparaît clair qu’il s’agit là d’une grande lacune, notamment pour qui enseigne l’histoire ouvrière.

Pour en savoir plus

ADAMIC, Louis. Dynamite ! 1830-1930 : un siècle de violence de classe en Amérique. Meudon, Sao Mai, 2010, 476 p.

BAILEY, Rebecca J. Matewan Before the Massacre. Politics, Coal and the Roots of Conflict in West Virginia Mining Community. Morgantown, West Virginia University Press, 2008, 224 p.

BLIZZARD, William C. When Miners March. Oakland, PM Press, 2010, 400 p.

CORBIN, David Alan, dir. Gun Thugs, Rednecks, Radicals. A Documentary History of the West Virginia Mine Wars. Oakland, PM Press, 2011, 275 p.

DUBERMAN, Martin. Howard Zinn, une vie à gauche, Montréal, Lux éditeur, 2013, 400 p.

GREEN, James. The Devil Is Here in These Hills. West Virginia’s Coal Miners and Their Battle for Freedom. New York, Atlantic Monthly Press, 2015, 448 p.

HARRIS JONES, Mary. Autobiography of Mother Jones, Mineloa. Dover Publications, 2012, 160 p.

ZINN, Howard. Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours. Montréal, Lux éditeur, 2006, 812 p.


[1] Olivier Azam et David Mermet, Howard Zinn, une histoire populaire américaine, 2015, 106 m.

[2] Randall MacLowry, The Mine Wars, 2016, 120 m.

[3] Il s’agit d’une période de forte réaction anticommuniste de la part des autorités américaines qui fait suite à la Révolution russe de 1917. Le premier Red Scare prend fin en 1920. Le deuxième, avec le maccarthysme, se déroule dans les années 1950 en pleine Guerre froide. Ces deux moments sont marqués par la criminalisation des opinions politiques de gauche et d’extrême gauche associées à tort ou à raison au mouvement communiste.

[4] On a qu’à penser aux critiques suscitées par l’ouvrage de Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, qui a été démonisé par certains historiens de droite et a fait l’objet d’une incroyable condescendance par divers historiens de gauche. Ou encore la tentative de l’ancien gouverneur de l’Indiana afin de faire retirer le livre des salles de classe des écoles de l’État. Cet événement est d’ailleurs brièvement abordé dans le documentaire. Robert Cohen, « The Second Worst History Book in Print?: Rethinking A People’s History of the United States », Reviews in American History, vol. 42, no. 2 (2014), p. 197-206.

[5] Marcus Rediker et Peter Linebaugh, L’hydre aux mille tête : l’histoire cachée de l’Atlantique révolutionnaire, Paris, Éditions Amsterdam, 2008, 519 p.; Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Montréal, Lux éditeur, 2006, 812 p.

[6] Howard Zinn, une histoire populaire américaine [en ligne], page consultée le 17 mars 2016.

[7] Pour des détails biographiques sur la vie d’Howard Zinn : Ibid; Martin Duberman, Howard Zinn, une vie à gauche, Montréal, Lux éditeur, 2013, 400 p.

[8] Ici, on fait référence à la grève du textile de Lawrence au Massachusetts de 1912, qui a donné lieu à la chanson Bread and Roses. L’événement est connu en anglais sous le nom de Bread and Roses Strike. Du pain et des roses était le principal slogan des grévistes qui étaient en très grande majorité des femmes d’origine immigrante.

[9] Le deuxième volet doit porter sur l’arrivée de Christophe Colomb et le massacre des autochtones, pour ensuite aborder, toujours à travers la vie de Zinn, l’entre-deux-guerres, les Brigades internationales et la Deuxième Guerre mondiale. La troisième partie se consacrera à la Guerre froide, au mouvement des droits civiques et à la Guerre du Vietnam à travers des implications de Zinn. Howard Zinn, une histoire populaire américaine, op. cit.

[10] Ibid.

[11] Le site associé au documentaire, qui est très bien fait d’ailleurs, présente le projet, la vie et l’œuvre de Howard Zinn et contient aussi une section pédagogique avec une brochure de 25 pages en guide de trousse d’animation autour du film. D’ailleurs, un des partenaires de l’entreprise est le Réseau éducation populaire. Ibid.

[12] James Green a été professeur d’histoire et d’études du travail de 1977 à 2014 à l’Université du Massachusetts à Boston. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages sur l’histoire ouvrière et les mouvements ouvriers radicaux aux États-Unis. Il est aussi membre du comité éditorial de la Organizaion of American Historians. Il apparaît d’ailleurs à quelques reprises dans le documentaire. James, The Devil Is Here in These Hills: West Virginia’s Coal Miners and Their Battle for Freedom, New York, Atlantic Monthly Press, 2015, 448 p.; James Green Works, [en ligne], page consultée le 22 mars 2016.

[13] Denise Giardina, Storming Heaven, New York, Norton, 1987, 312 p.; John Sayles, Matewan, 1987, 135 m.

[14] Trois grandes grèves marquent la période : 1902, 1912-1913 et 1920-1921.

[15] Mary Harris Jones (1830-1930), alias Mother Jones, est une socialiste et militante syndicale américaine d’origine irlandaise. Une des fondatrices des IWW, des années 1870 aux années 1920 elle parcourt l’ensemble du territoire américain à titre d’oratrice et d’organisatrice en support aux nombreuses grèves, notamment celles menées par les mineurs. Mary Harris Jones, Autobiography of Mother Jones, Mineloa, Dover Publications, 2012, 160 p.

[16] Le but étant de diviser les mineurs sur des bases raciales pour limiter l’organisation et empêcher la syndicalisation. En 1913, le nombre de mineurs afro-américains et d’origine immigrante dépasse celui des Blancs. James Green, op. cit. p. 69.

[17] 90 % des mineurs de la région ne sont pas syndiqués lorsque la grève est déclenchée.

[18] Ces dernières n’exercent pas le rôle usuel de police, mais plutôt surveillent les mineurs, empêchent les organisateurs syndicaux d’entrer dans les villes, dispersent les rassemblements, censurent et contrôlent le courrier, etc.