
Un rapport de Steven High, vice-président de la Société historique du Canada
« Nous aimons tous profondément ce que nous faisons….. Cet amour nous est enlevé par nos institutions, nos employeurs et nos administrateurs. Il est utilisé pour nous exploiter chaque fois que nous faisons du travail supplémentaire ou que nous soutenons les étudiants que nous enseignons, que nous corrigeons correctement les travaux même si nous ne sommes pas assez payés pour le faire, ou que nous mettons au point un plan de cours juste comme il faut même si on ne nous a donné qu’une semaine pour le faire. » – Le Dr Jeremy Milloy, table ronde de la SHC, janvier 2021 (traduction de la version anglaise originale qui a été publiée sur Active History)
« À tous les professeur.e.s titulaires et non titulaires qui ont et n’ont pas encore signé la lettre : faîtes votre part et agissez. Vous bénéficiez d’un système qui exploite systématiquement le travail des instructeur.trice.s précaires et des étudiant.e.s diplômés. Vous pouvez penser que cela n’a rien à voir avec vous, mais c’est bien le cas. Vous pouvez vous tourner les pouces et dire que c’est le département, mais vous êtes le département. Vous pouvez dire que c’est l’administration, mais vous êtes l’administration. Vous avez le pouvoir et la sécurité d’emploi, et la capacité de faire de vrais changements dans la vie de tant de gens. C’est à vous de l’utiliser » – La Dre Andrea Eidinger, table ronde de la SHC, mars 2021 (traduction de la version anglaise originale qui a été publiée sur University Affairs)
La Société historique du Canada doit reconnaître la précarité au sein de notre discipline pour ce qu’elle est : une forme de violence structurelle. Les structures « collégiales » au sein du monde universitaire engagent les professeur.e.s à temps plein dans un système qui, sans nous être attribuable, est fondamentalement injuste et exploiteur.
Comme l’a montré Rob Nixon, la violence structurelle est une violence lente qui est normalisée à un tel point que beaucoup ne la reconnaissent même pas comme une violence. L’absence de prise en compte de la précarité dans nos universités a été favorisée par l’idée corrosive que nous vivons et travaillons dans une méritocratie : les « meilleur.e.s » candidat.e.s trouvent un emploi à temps plein. D’une part, l’intériorisation de l’idée de méritocratie a poussé de nombreux enseignant.e.s précaires et jeunes diplômé.e.s à la recherche d’un emploi à douter d’eux-mêmes. Si seulement ils ou elles avaient travaillé plus dur, publié plus, rencontré plus de gens : le résultat aurait pu être différent. D’autre part, la pensée méritocratique a servi à réconforter les personnes qui sont dans une position enviable : elle a effectivement dépolitisé la précarité et rendu la violence structurelle presque invisible aux autres. Il n’y a pas de solidarité dans une méritocratie.