Mauricio Correa, candidat au doctorat en histoire à l’Université de Sherbrooke et collaborateur pour HistoireEngagee.ca
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Le président colombien Juan Manuel Santos
Crédit : Fabio Rodrigues Pozzebom/ABr.
La Colombie se retrouve, en 2014, en plein processus d’élections présidentielles et législatives. L’actuel président de la République, Juan Manuel Santos, a été élu en 2010. Celui-ci sollicite auprès de ses citoyens un deuxième mandat et les sondages, jusqu’à maintenant, semblent lui donner l’avance. L’importance de cette campagne électorale dépasse toutefois largement l’enjeu de la réélection – ou de la non-réélection – de Santos. Depuis novembre 2010, le gouvernement sortant a entamé un processus de paix avec les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC). Cette guérilla confronte le pouvoir étatique depuis le milieu des années soixante.
Ce groupe armé émerge dans le contexte sociopolitique des années soixante afin de confronter le gouvernement par la lutte armée et exiger des transformations d’ordres politique, économique et social. Certes, il faut souligner deux éléments fondamentaux pour comprendre l’émergence de cette organisation. Le premier est lié à la question de la possession et de la distribution de la terre. En effet, durant les années soixante, 54,9 % des terres arables sont aux mains de propriétaires qui ne représentent pourtant que 1,7 % de la population du pays[1]. Cela explique les revendications des FARC en faveur d’une réforme agraire ainsi que l’origine paysanne de la majorité de ses membres. Le deuxième élément important concerne la participation politique. Suite à la chute du général Rojas Pinilla en 1957, la restauration de la démocratie colombienne s’est d’abord planifiée à travers un pacte fondé sur une conception bipartite de la vie politique du pays. Connu sous le nom de Frente Nacional, celui-ci organise l’alternance du pouvoir politique entre les partis libéral et conservateur (partis qui s’étaient jusqu’alors opposés violemment[2]). L’objectif de cette alliance était de mettre fin à la violence entre les deux groupes politiques. Or, cette réconciliation exclut la participation d’autres partis comme le Partido Comunista Colombiano (PCC), et cela n’était pas sans danger. En effet, la violence prendra d’autres formes et couleurs idéologiques, sociales, culturelles et politiques; ce sera la naissance de mouvements des guérillas qui maintiendront la Colombie dans une guerre civile qui persiste encore à ce jour.