Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

Étiquette : Néolibéralisme

Ce que les années 1850 peuvent nous enseigner

Par Patrick Lacroix, candidat au doctorat à la University of New Hampshire

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Chemin de fer du Grand Tronc. Source : Wikimedia Commons.

Carte du chemin de fer du Grand Tronc, 1885. Source : Wikimedia Commons.

Lors d’une session spéciale du dernier congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, un groupe de jeunes leaders québécois.es réuni.es par Gérard Bouchard ont exprimé de très différentes visions du passé et de l’avenir du Québec[1]. Or ces jeunes ont fait consensus en déplorant, ensemble, le triomphe de « l’économisme » dans les dernières décennies. Les historien.nes de l’auditoire auraient pu leur souffler les exemples nécessaires : une stricte politique budgétaire introduite au cours des années 1990, l’approche néolibérale sous-entendue dans la « réingénierie de l’État » de 2003, puis l’arrivée des « Lucides », dont les injonctions sont encore avec nous. À ceci, on pourrait ajouter, plus récemment, la collusion dans le secteur de la construction, indice d’une trop grande proximité des autorités civiles aux agents de développement économique.

Selon certain.es militant.es nationalistes et sociaux-démocrates, ce sont là les signes d’un nouveau conservatisme – né d’une apathie politique croissante – qui tend à réduire les grandes questions de société à leur aspect économique, voire fiscal. Il y a, déclarèrent les jeunes leaders réuni.es par l’IHAF, le déclin d’un militantisme politique qui mènerait de grands projets nationaux et sociaux à terme. Suite au plus récent moment-charnière du Québec, le référendum de 1995, il s’est produit une « repriorisation » des enjeux économiques.

Imposer les riches

Par Darwin, économiste et blogueur[1]

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k10674Alors qu’une grande partie du débat politique actuel tourne autour de la répartition de la richesse, de la justice fiscale et des finances publiques, on ne peut oublier que les débats sur ces thèmes ont une longue histoire. Le livre Taxing the Rich. A History of Fiscal Fairness in the United States and Europe (Imposer les riches. Une histoire de l’équité fiscale aux États-Unis et en Europe) de Kennet Seheve et David Stasavage, revisite les arguments qui ont, par le passé, servi à justifier l’augmentation des impôts des plus riches.

Première partie : Le débat sur la fiscalité

1. Les gouvernements et l’imposition des riches

Les auteurs énoncent dès les premières lignes de ce livre la thèse qu’ils y défendront. On n’impose pas davantage les riches que les pauvres pour combattre les inégalités ou parce qu’un dollar retiré à un riche le pénalise moins qu’un dollar retiré à un pauvre, mais bien pour compenser le fait qu’ils bénéficient d’un meilleur traitement de l’État que les citoyens plus pauvres et, dans une moindre mesure, que les riches contribuent moins aux autres façons de financer l’État, comme aux taxes à la consommation et aux tarifs. Si les arguments de la défense de nos intérêts personnels (il y a plus de pauvres que de riches) et de l’efficacité (taxons où l’argent est) peuvent jouer un certain rôle, la base des arguments les plus porteurs pour taxer davantage les riches demeure l’équité, le fait que l’État doit traiter tous les citoyens également et équitablement.

Suspensions d’admissions à l’Université Laval : quel avenir pour les sciences historiques ?

Par le Comité exécutif de l’Association étudiante des 2e et 3e cycles du Département des sciences historiques de l’Université Laval (Artefact)

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Les compressions de 5% du budget total des universités peuvent paraitre, à première vue, un effort raisonnable dans l’« assainissement » des finances exigé par le gouvernement du Québec. Or, on constate que les mesures d’austérité ont des impacts bien réels sur le milieu universitaire. À l’Université Laval, ces coupes s’élèvent à 8,3 millions de dollars pour l’année 2014-2015. Les conséquences des compressions sont multiples. Notons, par exemple, la diminution de l’offre de cours impliquant également l’abolition de postes de chargés de cours, ou encore la révision des modalités d’acquisition des périodiques scientifiques sans parler de l’amaigrissement des enveloppes destinées aux bourses facultaires de réussite. Dans les derniers jours, l’Université Laval a annoncé la suspension des admissions pour la prochaine année dans les programmes suivants : maîtrise interdisciplinaire en art, baccalauréat en ethnologie et patrimoine et diplôme d’études supérieures spécialisées (DÉSS) en muséologie. Les représentants d’Artefact, l’Association étudiante des 2e et 3e cycles du Département des sciences historiques de l’Université Laval, se désolent de cette annonce et surtout s’inquiètent du profilage académique qu’elle sous-tend. Il est préoccupant de constater que la principale caractéristique commune aux programmes coupés soit l’appartenance aux Arts et aux Humanités, disciplines trop souvent discriminées pour leur soi-disant manque de rentabilité. Il nous apparaît désormais évident que ces choix relèvent d’un processus de marchandisation de l’éducation qui tend à occulter les disciplines davantage axées sur la recherche fondamentale.

Des universités de classe mondiale? Pour qui et pourquoi?

          Par Martin Lavallée, étudiant à la maîtrise en histoire à l’UQÀM

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Pancarte contre la marchandisation de l’université aperçue lors de la manifestation nationale contre la hausse des droits de scolarité le 22 mars 2012 (Crédit photo : Pascal Scallon-Chouinard)

Dans le débat qui fait toujours rage sur la hausse des droits de scolarité, un aspect important de l’enjeu de cette hausse est peu discuté sur la place publique, malgré le fait qu’il semble que cet aspect soit fondamental pour le gouvernement de Jean Charest. En effet, de l’aveu même de notre gouvernement, un des enjeux de cette hausse des droits de scolarité consiste à permettre aux universités québécoises d’atteindre un niveau de ‹‹classe mondiale››. Par contre, notre gouvernement est avare de détails sur ce qu’il entend par là. Il nous semble pourtant indispensable de connaître les objectifs qu’il vise afin de légitimer cette hausse qui semble, à première vue, injustifiable lorsqu’on sait qu’elle affectera l’accessibilité de certains étudiants québécois. Qu’est-ce qu’une université de classe mondiale? Pour qui et pourquoi?

L’économie de marché et notre passé

Par Martin Lavallée, Candidat à la maîtrise en histoire à l’UQÀM

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La Coalition pour l’histoire révélait récemment les résultats d’une troisième étude sur l’enseignement de l’histoire nationale du Québec au secondaire, après avoir fait deux études sur l’histoire nationale au collégial et à l’université. Comme les deux précédentes, cette troisième étude révèle que notre histoire nationale n’est pas adéquatement enseignée chez nos jeunes du secondaire, à qui on ‹‹ épargne ›› toute référence nationale au sein du cursus. Qui plus est, l’apprentissage de l’histoire au secondaire serait instrumentalisé au service du présent, dans le but de faire adhérer l’apprenant à un type de société jugé idéal par les pédagogues du ministère de l’Éducation.

Le problème de l’histoire dans notre société ne semble pas émaner uniquement de nos institutions, mais également des Québécois eux-mêmes, selon l’historien Éric Bédard. Dans son plus récent essai, Recours aux sources, Bédard décèle un rapport trouble qu’entretiennent les Québécois avec leur passé, particulièrement celui d’avant 1960. Pour Bédard, le fait que l’histoire du Canada français d’avant 1960 soit qualifiée de ‹‹ grande noirceur ›› et soit dénigrée par les contemporains témoigne que les Québécois n’aiment guère leur passé et ne se considèrent plus comme des ‹‹ héritiers ›› de ce passé qu’ils dénigrent. La société québécoise dont on se réclame serait née comme par enchantement durant la Révolution tranquille, vers 1960, remarque Bédard.

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