Par Amélie Grenier, candidate au doctorat, Université Laval
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Jeune historienne qui entame sa maîtrise, j’effectue à l’été 2015, un voyage de recherche à Ottawa sur la guerre menée contre la drogue par les autorités montréalaises au début des années 1920. Parmi les documents pertinents figurent les dossiers d’enquêtes réalisées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sous la Loi sur l’opium et les drogues[1] et le fonds RG29 du Bureau des narcotiques, une organisation mandatée en 1921 par le Ministère fédéral de la Santé d’appliquer la loi[2]. Le fond comporte toutes sortes d’archives, comme la liste des « toxicomanes »[3] présumés et leurs dossiers médicaux, les correspondances entre le bureau et les groupes de pression ainsi que les rapports de voyages du chef du bureau, le Colonel C.H.L. Sharman, qui participait chaque année au comité d’enquête sur l’opium de la Société des Nations[4].
Mes connaissances de l’époque et mes intérêts de recherche m’amènent à privilégier les documents scabreux comme les dossiers médicaux des consommateurs et les enquêtes de la GRC qui me donnent accès aux techniques d’enquête sur les trafiquants montréalais, aux allégations de corruption contre certains gendarmes et aux études sur le trafic entre les États-Unis et le Canada. Bref, des matériaux précieux pour la jeune historienne, militante de surcroît, que je suis. Les autres documents du fond RG29 me paraissent beaucoup moins intéressants. Je les consulte tout de même, mais sans leur porter l’attention qu’ils méritent. Puis, les années ont passé, j’ai rédigé mon mémoire de maîtrise et j’ai oublié le fonds RG29.