Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

Étiquette : Politique canadienne

Chronique de source. Le trafic de drogue, un enjeu transnational, 1920-1946. Visite et revisite du Fond RG 29 et RG 18

Par Amélie Grenier, candidate au doctorat, Université Laval

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Jeune historienne qui entame sa maîtrise, j’effectue à l’été 2015, un voyage de recherche à Ottawa sur la guerre menée contre la drogue par les autorités montréalaises au début des années 1920.  Parmi les documents pertinents figurent les dossiers d’enquêtes réalisées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sous la Loi sur l’opium et les drogues[1] et le fonds RG29 du Bureau des narcotiques, une organisation mandatée en 1921 par le Ministère fédéral de la Santé d’appliquer la loi[2]. Le fond comporte toutes sortes d’archives, comme la liste des « toxicomanes »[3] présumés et leurs dossiers médicaux, les correspondances entre le bureau et les groupes de pression ainsi que les rapports de voyages du chef du bureau, le Colonel C.H.L. Sharman, qui participait chaque année au comité d’enquête sur l’opium de la Société des Nations[4].

Mes connaissances de l’époque et mes intérêts de recherche m’amènent à privilégier les documents scabreux comme les dossiers médicaux des consommateurs et les enquêtes de la GRC qui me donnent accès aux techniques d’enquête sur les trafiquants montréalais, aux allégations de corruption contre certains gendarmes et aux études sur le trafic entre les États-Unis et le Canada. Bref, des matériaux précieux pour la jeune historienne, militante de surcroît, que je suis. Les autres documents du fond RG29 me paraissent beaucoup moins intéressants. Je les consulte tout de même, mais sans leur porter l’attention qu’ils méritent. Puis, les années ont passé, j’ai rédigé mon mémoire de maîtrise et j’ai oublié le fonds RG29.

La fin de la biopolitique? Les transformations contemporaines de la santé publique

Alexandre Klein, chercheur postdoctoral au Département des sciences historiques de l’Université Laval et coordonnateur du réseau de recherche Historiens de la santé

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La Goutte de Lait de Belleville. La consultation, toile de Henri Jules Jean Geoffroy.

La santé est une préoccupation centrale de nos sociétés contemporaines. Nous souhaitons tous maintenir, voire même améliorer notre santé. Nous y œuvrons d’ailleurs activement au quotidien, en mangeant sainement, en pratiquant de l’exercice, et en évitant soigneusement tous les comportements décrits ou démontrés comme pathogènes. Les industriels l’ont d’ailleurs bien compris, et attribuent à leurs produits – que ce soit des yogourts, des shampoings ou des aspirateurs – des vertus sanitaires plus ou moins effectives. Mais, la santé est aussi au cœur de notre organisation sociale et de notre vie politique. La gestion des épidémies, l’encadrement des campagnes de vaccination, les difficultés d’accès aux soins ou – et c’est de plus en plus fréquent – la problématique du coût de la santé sont des sujets qui défraient régulièrement la chronique. Des lois sont également souvent votées, que ce soit pour tenter de mieux répartir l’offre de soins (projet de loi 20), pour réorganiser le réseau de santé (projet de loi 10), pour renforcer la lutte contre le tabagisme (projet de loi 44) ou pour encadrer la légalisation du cannabis (projet de loi C-45). La santé est, depuis près de trois siècles au moins[1], un objet politique à part entière. Pourtant, il semble que son statut ait changé au cours des dernières décennies. Elle n’est plus au cœur de la stratégie de nos gouvernements. Elle n’apparait plus comme cet outil de gouvernance puissant et efficient qu’elle a longtemps été. La santé semble être devenue un poids, principalement économique, à gérer, voire même un obstacle à surmonter. C’est sur l’histoire de cette mutation des rapports entre santé, économie et politique que je souhaiterais revenir ici.

N’oubliez pas votre passeport et votre Père de la Nouvelle-France!*

Par P.-F.-X, historien et blogueur[1]

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Au Canada, l’heure est à la redéfinition des symboles nationaux.  Sur le nouveau billet de vingt dollars, le chef d’œuvre du sculpteur autochtone Bill Reid, « The Spirit of Haida Gwaii », est supplanté par le monument de Vimy.  Une citation de l’auteure franco-manitobaine Gabrielle Roy — « Nous connaîtrions-nous seulement un peu nous-mêmes sans les arts? » – disparait en même temps.  Force est de constater que le gouvernement actuel répond par la négative à cette sublime question: la connaissance du soi canadien ne passerait non plus par les arts, mais plutôt par l’histoire.  Ou, plus précisément, par une vision bien bornée de l’histoire.

La Nouvelle-France, chers lecteurs, n’est jamais loin.  À compter du 1 juillet 2013, tous les nouveaux passeports canadiens seront dotés d’une puce électronique.  Ils arboreront par ailleurs une série d’images qui « mettent en valeur le patrimoine canadien et le façonnement de notre grande nation. »  Inukshuk et plume d’aigle, Pères de la Confédération de Robert Harris, Donald Smith martelant le dernier crampon, j’en passe… et, en pages 6 et 7 :  « Samuel de Champlain, père de la Nouvelle-France ».

Élection fédérale de 1891 dans la région de Québec: l’affaire McGreevy-Langevin*

Luc-Nicole Labrie

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Photo de MCGREEVY,  Thomas

Source: « Thomas McGreevy », William James Topley (photographe), Bibliothèque et Archives Canada, cote PA 033469, consultation en ligne, 26 mars 2011.

Sir John Alexander Macdonald est le premier premier ministre du Canada, élu lors des premières élections en 1867. Bien qu’il doive démissionner en 1873 pour une affaire de pots-de-vin, il réussit à reprendre le poste de premier ministre à l’élection de 1878.

L’élection du 5 mars 1891 était la troisième élection de Macdonald à la tête des conservateurs (qu’on appelait encore parfois le Parti libéral-conservateur) après son élection de 1878. Non seulement devait-il alors composer avec l’arrivée d’un nouveau chef au Parti libéral, un certain Wilfrid Laurier, mais il a également dû composer avec certains de ses propres députés, notamment Thomas McGreevy (à gauche).

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