Des nouvelles d’ActiveHistory

Publié le 21 décembre 2012
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catégorisé, N. (2012). Des nouvelles d'ActiveHistory. Histoire Engagée. https://histoireengagee.ca/?p=2426

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catégorisé Non. "Des nouvelles d'ActiveHistory." Histoire Engagée, 2012. https://histoireengagee.ca/?p=2426.

Pascal Scallon-Chouinard

Nous vous invitons à consulter le site ActiveHistory.ca où des questions liées à l’histoire et à la diversité culturelle ont récemment été traitées. Plusieurs sujets ont été abordés au courant des dernières semaines, allant de la cuisine sino-canadienne, aux cabarets du Red Light montréalais, en passant par les racines canadiennes de Jimi Hendrix.

Rendre l’histoire intéressante et « appétissante », indique Lauren Wheeler dans sa récente contribution, est l’un des aspects les plus importants et difficiles dans la création et l’organisation d’une exposition muséale. Les stéréotypes portés à l’endroit des musées sont nombreux et persistants : grandes salles vides, artéfacts empilés derrière des vitrines, gardiens de sécurité plus ou moins endormis, ambiance froide, etc. Depuis plusieurs décennies, les concepteurs d’expositions rivalisent pourtant de moyens originaux et innovateurs afin de susciter et de maintenir l’intérêt des visiteurs. La plus récente exposition du Royal Alberta Museum, « Chop Suey on the Prairies », s’inscrit bien dans ce courant. Son objectif : transmettre l’histoire et l’esprit de la cuisine sino-canadienne. Ceci doit toutefois être fait en tenant compte de certaines contraintes et en prenant des précautions. En effet, la nourriture étant généralement interdite dans les salles d’exposition (afin de protéger les objets exposés), il fallait trouver une façon de faire découvrir les saveurs et les odeurs de ce type de cuisine sans pour autant utiliser de réels aliments. Pour ce faire, les concepteurs de l’exposition ont misé sur un système d’imagerie vidéo de haute résolution permettant de présenter, avec énormément de détails, les descriptions, les aliments et les techniques représentatives de la cuisine sino-canadienne. Ensuite, il fallait également garder à l’esprit que l’aspect alimentaire ne représente en fait qu’une facette de l’immigration chinoise au Canada, et qu’elle ne devait pas faire oublier la richesse historique et culturelle de cette réalité. Les mets sino-canadiens, qui représentent une part importante de la culture culinaire du Canada, témoignent de l’adaptation d’une culture et de traditions aux réalités et aux ressources locales, et cela devait se refléter dans l’exposition. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir se mélanger, « au menu » de cette exposition, les saveurs et les textures chinoises à celles d’inspiration typiquement britannique : le Ginger Beef (bœuf au gingembre), met qui figure parmi les éléments de cette exposition, fera sans aucun doute saliver plusieurs visiteurs.

Le court billet de Laura Madokoro illustre quant à lui la complexité entourant la valorisation et la préservation de certains lieux de mémoires. Grâce aux efforts de Vincent Fodera, un monument commémoratif dédié à Jimi Hendrix a pu être aménagé dans un quartier de Vancouver caractérisé par sa grande diversité ethnique. The Jimi Hendrix Shrine se situe sur les lieux de l’ancienne Vie’s Chicken Inn, endroit où la grand-mère du célèbre artiste a travaillé avant de déménager aux États-Unis. Hendrix aurait eu l’habitude de visiter son aïeule, passant parfois des étés complets à Vancouver. Selon la légende locale, il se serait même produit, à l’occasion, sur les lieux mêmes où travaillait sa grand-mère. Le monument, inauguré en 2008, témoigne de la diversité et de la mobilité culturelles de Vancouver. Sa préservation, indique Madokoro, témoigne de l’histoire d’un certain activisme et d’une résistance qui ont caractérisé les quartiers Chinatown, Strathcona et Downtown Eastside de Vancouver durant plusieurs décennies. Malgré tout, son existence demeure contestée et, somme toute, incertaine. Adossé à un viaduc et représentant l’un des seuls vestiges historiques d’une Hogan’s Alley jadis vivante et animée, le monument se trouve aujourd’hui menacé par de nouveaux projets (réaménagement du viaduc, construction de condos, aménagement d’espaces publics, etc.). La sauvegarde du patrimoine bâti et de la culture matérielle de certains quartiers demeure un combat parfois difficile à mener, et ce malgré la portée historique et pédagogique évidente de tels lieux.

Montréal est depuis longtemps perçue comme une ville vibrante et festive. Dans la première moitié du 20e siècle, elle pouvait même être considérée comme un point central, en Amérique du Nord, du divertissement culturel, de la vie nocturne et, dans une certaine mesure, de la décadence. Dans une récente publication, Mireille Mayrand-Fiset s’est intéressée de façon plus précise au phénomène des cabarets à Montréal et à leur histoire, des années 1920 jusqu’à la fin des années 1960. Ce serait à la suite du Prohibition Act de 1920 aux États-Unis que s’est développé, de façon plus accentuée, le phénomène des cabarets à Montréal. En effet, plusieurs établissements des États frontaliers au Québec ont dû mettre fin à leurs activités. En quête de scènes, plusieurs artistes provenant des États-Unis auraient alors profité de l’opportunité que représentait Montréal pour s’y produire. Tout au long des années 1930 et 1940, de nombreux cabarets montréalais ont ainsi ouvert leurs portes, notamment dans ce qui était appelé le Red Light District, et plusieurs artistes de renom s’y sont produits (Frank Sinatra, Jerry Lewis, Dean Martin, Édith Piaf, etc.). Jusqu’aux années 1940, cette scène culturelle et l’univers des cabarets montréalais sont demeurés essentiellement anglophones. Mais l’ouverture en 1947 de l’établissement « Au Faisan Doré » allait permettre au public et aux artistes francophones de bénéficier de la popularité de ce phénomène. Les années 1950 marqueront toutefois le début d’un déclin progressif. Les actions combinées du Comité de la moralité publique de Montréal et de Jean Drapeau (en tant qu’avocat d’abord, comme maire ensuite) ont mené à de nombreuses arrestations et à la fermeture de plusieurs établissements. Cette campagne « d’assainissement », jumelée à l’arrivée de la télévision dans les foyers, mènera au ralentissement des cabarets, voire, selon l’auteure, à leur quasi-disparition dans les années 1970. La plupart des bâtiments formant le Red Ligth ont été détruits au fil des ans, notamment par le biais du développement urbain. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? L’auteure suggère, en conclusion, quelques sites permettant de revisiter ce passé et d’en voir les transformations. Il est en effet intéressant de se rappeler que la scène qui accueille aujourd’hui les danseurs nus du 281 fut jadis celle du célèbre Casa Loma, un cabaret montréalais qui a accueilli des artistes tels Duke Ellington et Miles Davis.