Par Véronique Dupuis, géographe, étudiante à la maîtrise en histoire à l’UQAR et et collaboratrice pour HistoireEngagee.ca
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Qu’ont en commun le Scotsman, la Lina Gagné, la Manseau et le Saturnus? Navigants autrefois sur le fleuve, ils jonchent désormais le lit du Saint-Laurent, véritable cimetière sous-marin. Ces quelques bâtiments reposent aux côtés de centaines d’autres, bien enfouis sous l’horizon. Comme les traces de leurs naufrages, leurs histoires et celle de leurs équipages se font discrètes. Gagnant parfois un caractère anecdotique auprès de communautés riveraines, elles demeurent trop souvent oubliées. C’est afin de leur redonner un nom et de faire revivre ces vestiges de l’activité maritime intense qui a laissé sa marque sur le fleuve Saint-Laurent que Samuel Côté est devenu chasseur d’épaves. Peu commun, ce titre intrigue et fait appel à l’imaginaire. Pourtant, il s’agit d’une profession qui gagne à être reconnue au-delà des préjugés qui l’entourent et dont Samuel Côté est l’un des rares représentants au Canada. HistoireEngagee.ca s’est entretenu avec ce passionné du fleuve Saint-Laurent originaire de Price, un village accroché à la rivière Mitis dans le Bas-Saint-Laurent, à propos de son parcours atypique. Soucieux de rapprocher les Québécois à l’histoire et au patrimoine maritime qu’il contribue à faire émerger et à diffuser depuis plusieurs années, Samuel Côté souligne les défis, mais aussi les opportunités que comporte la pratique de l’histoire en dehors du cadre académique. Présent dans les archives, sur le terrain, dans les salles de conférence, sur l’Internet, comme à la télévision, ce Chasseur d’épaves ne ménage aucun effort pour faire vivre l’histoire maritime du Saint-Laurent.
Véronique Dupuis : Le titre chasseur d’épaves est particulier et peu commun. En quoi consiste ton travail et quel est le processus qui t’a mené à t’aventurer dans le monde des épaves et à pousser la recherche en ce sens?
Samuel Côté : Dès mon plus jeune âge, j’ai su que j’avais un réel intérêt pour l’histoire maritime. Au cours des années, j’ai développé une véritable passion pour le monde maritime, mais particulièrement pour les épaves. Aujourd’hui, cette passion est devenue mon métier. Cependant, devenir et être un chasseur d’épaves exige beaucoup de travail, de rigueur et de persévérance. La recherche que l’on doit faire en amont demande du temps et de la patience. Lorsque l’on est jeune, on pense aux épaves en rêvant aux trésors qu’elles peuvent contenir. Maintenant, quand j’en découvre et que j’en identifie une, les artéfacts ne m’intéressent pas. Avec le temps, chaque épave et l’histoire qui s’y rattache sont en réalité ce trésor.