Par Noémie Charest-Bourdon

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Le colloque « Question sociale et citoyenneté » se tiendra à l’UQÀM du 31 août au 2 septembre 2016. Plus de détails ici.

Yves Denéchère, professeur à l’Université d’Angers et directeur adjoint du Centre de Recherches Historiques de L’Ouest, est un chercheur dont les travaux se situent au croisement entre l’histoire sociale et l’histoire des relations internationales. Depuis quelques années, ses investigations portent sur l’enfance en tant qu’enjeu en période de fin de guerre. Il s’implique également dans le programme de recherche EnJeu[x] de l’Université d’Angers, un programme pluridisciplinaire qui s’intéresse à l’histoire de l’enfance et de la jeunesse. Ce programme, qui s’échelonnera jusqu’en 2019, vise à développer des partenariats internationaux. Dans sa contribution au colloque, il se penchera sur une organisation française, l’Association Jeunesse, qui a agi pendant la guerre d’Algérie pour venir en aide aux enfants dans les rues d’Alger, mais qui avait également comme objectif de ramener ces enfants algériens en France pour en faire des citoyens. Il propose d’analyser les motivations idéologiques et biopolitiques de cette organisation et pour ce faire il met à profit des sources orales.

Les thématiques de la citoyenneté et de la mémoire sont au cœur des intérêts de recherche d’Yves Denéchère depuis le début de sa carrière. Que ce soit à travers le rôle des femmes françaises en relations internationales ou à propos de la circulation d’enfants et de réfugiés politiques suite à différents conflits militaires, ses travaux visent à documenter des dimensions souvent négligées de l’histoire politique et militaire et c’est d’ailleurs ce qui l’a mené à faire converger l’histoire sociale et l’histoire de la politique internationale. En s’intéressant aux guerres du second XXe siècle, il peut documenter ses recherches par des entrevues en plus des sources traditionnelles[1].


Noémie Charest-Bourdon : Décrivez-nous le parcours qui vous a mené à vous intéresser à l’enfance en contexte de guerre.

Yves Denéchère : J’ai commencé par faire de l’histoire très classique des relations internationales, en étudiant l’histoire des rapports entre la France et l’Espagne dans les années 1930. Je suis tombé sur l’histoire d’un homme qui m’a intrigué parce qu’il s’agit d’un des seuls ambassadeurs français à avoir été destitués pendant la guerre d’Espagne. J’en ai fait la biographie. Ce travail m’a mené à m’intéresser aux acteurs et aux personnalités dans les relations internationales. J’ai fait le constat qu’il y avait peu de femmes dans ces arcades diplomatiques et je me suis donc intéressé aux ambassadrices, puis aux femmes dans la construction européenne, là où elles semblaient plus nombreuses.