Ça bouge sur le site Activehistory.ca

Publié le 28 décembre 2010

Maurice Demers

Ça bouge sur le site d’ActiveHistory.ca où les derniers articles publiés portent, entre autres, sur les impacts de la numérisation pour l’utilisation de sources photographiques ainsi que sur les enjeux entourant l’enseignement de l’histoire et la production de l’histoire communautaire. De plus, une première contribution à la nouvelle série de chroniques intitulées « Step-by-Step » présente des outils de recherche en ligne disponibles pour toutes personnes intéressées par l’histoire.

D’abord, Kaleigh Bradley signe deux textes portant sur la photographie et les défis de la numérisation pour préserver l’historicité des documents. Dans le texte « On Light and Dark: the Historicity of Colour and Non-Colour Photograph », l’auteur s’interroge sur notre capacité à bien interpréter des documents iconographiques du passé à partir d’un exemple déstabilisant provenant de la Prokudin-Gorskii Digital Photographic Collection : une photographie couleur de paysannes russes datant du début du XXe siècle qui contraste avec les représentations usuelles de l’époque en noir et blanc. La couleur influence-t-elle notre perception du passé? Comment mettre en contexte un document alors qu’il existe seulement sur support numérique? Peut-on s’émanciper des catégories analytiques et de la classification imposée par les institutions qui hébergent et préservent les collections numériques? Ces réflexions traversent tout autant son deuxième texte : « Memento Mori on the Web: What Happens When Photos are Digitized? », qui aborde cette fois la photographie post-mortem à l’époque victorienne. En effet, l’invention du daguerréotype en 1839 incite plusieurs familles de la classe moyenne à commémorer leurs êtres chers en se faisant prendre en photo avec le corps de la personne décédée. Comment interpréter ces sources documentaires alors que les photographies, une fois numérisées, sont sorties de leur contexte et peuvent être recopiées infiniment dans internet? L’auteur offre des pistes de réflexion instructives à ce sujet.

Tom Peace s’interroge aussi sur la façon par laquelle internet peut transformer notre pratique historique en soulignant une initiative communautaire enthousiasmante : le Black Creek Living History projet. Cette initiative de la bibliothèque municipale de son quartier vise à souder les liens communautaires d’une partie de la ville de Toronto qui a vécu une urbanisation accélérée depuis un demi-siècle en incitant des étudiants du secondaire à interviewer des personnes âgées du quartier pour qu’elles partagent leurs « histoires ». Ces récits de vie sont alors préservés sur le site web de la bibliothèque contribuant ainsi, selon Peace, à amener les gens du quartier à s’interroger sur les profondes transformations qui ont marqué une région encore rurale il y a à peine quelques décennies. Le Black Creek Living History project est un exemple probant de l’utilité d’internet comme plateforme pour articuler l’histoire d’un quartier en impliquant les membres de la communauté, il affirme, rejoignant par le fait même un public plus large que les cercles universitaires.

Cette préoccupation de faire sortir l’histoire de sa tour d’ivoire était au cœur du premier atelier organisé conjointement par ActiveHistory.ca et Then/Hier. Lors de cette activité intitulée « Teaching History in Diverse Venues », une trentaine d’historiens, d’éducateurs et d’étudiants diplômés se sont réunis au début du mois de novembre pour discuter des enjeux liés à la production et à la pédagogie de l’histoire. Le conférencier principal de ce colloque, dans une présentation intitulée « After Inclusiveness: The Future of Canadian History », a postulé qu’il fallait revenir aux grands récits fédérateurs pour donner sens à l’histoire canadienne. Selon Jennifer Bonnell, la discussion productive qui s’ensuivit entre les professeurs d’histoire du secondaire et les universitaires présents à l’atelier atteste de l’utilité de ces rencontres réunissant différents acteurs impliqués dans la production et la diffusion de l’histoire à divers niveaux.

En dernier lieu, Ian Milligan inaugure une nouvelle chronique qui est fort prometteuse : la présentation par un spécialiste de ressources internet disponibles pour faire de la recherche sur un sujet particulier. Son texte « Step-by-Step : Looking up an Ancestor’s First World War Record » nous explique comment naviguer sur le site de Bibliothèque et Archives Canada pour mettre à profit toutes les ressources en ligne pour bien identifier l’information qu’on peut soutirer des documents existants dans les archives relativement à la Première Guerre mondiale.

Bonne lecture!