Affiche du GHC – Le fleuve sacré intérieur

Publié le 7 décembre 2017

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“Aïshaa”, F. et Collective, G. (2017). Affiche du GHC – Le fleuve sacré intérieur. Histoire Engagée. https://histoireengagee.ca/?p=7795

Chicago

“Aïshaa” Fanny et Graphic History Collective. "Affiche du GHC – Le fleuve sacré intérieur." Histoire Engagée, 2017. https://histoireengagee.ca/?p=7795.

Par Fanny « Aïshaa » (affiche et introduction)

Au mois de janvier 2017, le Graphic History Collective (GHC) a lancé Remember | Resist | Redraw: A Radical History Poster Project. Celui-ci se voulait un projet d’une année destiné à offrir une perspective artistique aux conversations entourant Canada 150.

La semaine dernière, une douzième affiche, réalisée par Fanny « Aishaa », a été lancée afin de marquer le 5e anniversaire du mouvement Idle No More. Celle-ci s’intéresse à l’une des organisatrices du mouvement, soit la militante Melissa Mollen Dupuis.


Cette peinture est une illustration de Melissa Mollen Dupuis, femme inspirante et fière, mère innue, chef et ambassadrice culturelle. Mélissa est également co-organisatrice du mouvement Idle no More au « Québec ». Cette œuvre est basée sur une peinture créée lors d’une retraite artistique, Projet Rioux, dans l’estuaire du Saint-Laurent (au Bic), région qui reflète notre relation d’interdépendance avec les eaux. C’est un hommage à la biodiversité habitant notre grande rivière, l’estuaire et le golfe appelés aujourd’hui Saint-Laurent. Cette peinture a été réalisée alors que Mélissa portait son premier enfant, dans le but de représenter la beauté et la responsabilité des femmes en tant que porteuses d’eau, donneuses de vie et protectrices de l’eau.

La protection de l’eau est une responsabilité sacrée de tous et des femmes. Être enceinte symbolise la continuité de la vie et la nécessité de protéger, de redonner à ce fleuve, cette grande rivière (Shipu, « rivière » en Innu-aimun), qui nous connectent, de nos mères jusqu’à nos filles. C’est aussi l’héritage, le patrimoine vivant, la preuve, la mémoire de l’eau qui est vivante, présente depuis le début de l’humanité, soulignant notre responsabilité de la protéger afin qu’elle continue son chemin de liberté pour les sept prochaines générations à venir.

La vie marine illustrée dans l’image rappelle notre profonde relation d’interdépendance à la santé de l’eau et des territoires. Cette peinture vise à sensibiliser à la destruction coloniale, et surtout aux effets de l’industrialisation capitaliste qui détruisent nos eaux, touchant des millions de personnes et d’espèces uniques. Par la dépossession et la destruction de territoires autochtones non cédés, à travers la fracturation hydraulique, les projets d’oléoducs et le trafic des superpétroliers, l’expansion économique canadienne affecte les écosystèmes, les cultures, l’identité, les langues, et plus encore. Représenter la vie marine par le travail d’une femme innue permet de montrer l’interrelation entre les femmes, l’eau et le territoire, en plus de rappeler la violence contre les territoires et le fait que l’eau est reliée à la multiplication de la violence envers les femmes autochtones. Pour terminer, cette œuvre célèbre Mélissa et la résilience des protectrices de l’eau, qui perpétuent la responsabilité de guérir l’eau et qui assurent que la vie puisse se régénérer, poursuivre son cycle.

C’était un honneur de peindre Mélissa Mollen Dupuis. Elle est originaire d’Ekuanitshit. Elle incarne une voix que j’admire : elle est une ambassadrice culturelle qui utilise l’art, l’animation, les vidéos, la narration et les récits du Nitassinan (territoire traditionnel innu). Son engagement et son travail collaboratifs quotidiens avec différentes communautés, leaders autochtones, organisations et initiatives populaires font une différence dans le précieux chemin de la décolonisation.

Dans le contexte du Canada qui célèbre 150 ans de colonialisme, je voulais partager ce message pour remercier les défenseur.euse.s, protecteur.trice.s de la vie et des modes de vie ayant toujours existé depuis des temps immémoriaux, qui ont démontré le succès à protéger la vie et le bien-être des générations suivantes. Cette image est aussi l’opportunité de remercier les gens qui sont au front chaque jour dans la lutte contre les projets extractivistes et qui sont en action pour changer les paradigmes et permettre de protéger la vie pour les sept prochaines générations.

Remarque : la peinture est basée sur une photographie originale de Mélissa réalisée par MADOC.

Fanny “Aïshaa” est une artiste autodidacte, muraliste passionnée. Toutes ses expériences visent à célébrer et apprendre sur divers modes de vie, savoirs, pratiques et relations pour honorer la vie, maintenir un équilibre et des relations de respect avec le monde naturel.

Pour en savoir plus

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Manuel, Arthur, and Grand Chief Ronald M. Derrickson. Unsettling Canada: A National Wake-Up Call. Toronto: Between the Lines, 2015.

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Kanapé Fontaine, Natasha. Manifeste Assi. Montréal: Mémoire d’encrier, 2014.

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Mestokosho, Rita. Née de la pluie et de la terre. Paris: Éditions Bruno Doucey, 2014.

Palmater, Pamela. Indigenous Nationhood: Empowering Grassroots Citizens. Black Point, NS: Fernwood Publishing, 2016.

Pineault, Éric. Le piège Énergie Est : L’impasse des sables bitumineux. Montréal: Écosociété, 2015.

Simpson, Leanne. “Nogojiwanong: The Place at the End of the Rapids.” In Lighting the Eighth Fire: The Liberation, Resurgence, and Protection of Indigenous Nations, edited by Leanne

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Thomas-Muller, Clayton. Life in the City of Dirty Waters. http://lifeinthecityofdirtywater.com.

Walia, Harsha. Undoing Border Imperialism. Edinburgh: AK Press, 2013.

Melissa Mollen-Dupuis’s movies: http://www.wapikoni.ca/cineastes/melissa-mollen-dupuis.
Shipu (river) by Uapukun Mestokosho and Shanice Mollen-Picard: http://www.wapikoni.ca/films/shipu-riviere