David Webster, Université Bishop’s
D’un côté, le gouvernement Trudeau se démène pour sauver des vies canadiennes face à un virus implacable. De l’autre, il a choisi de poursuivre ses ventes d’armes meurtrières à l’Arabie saoudite, l’un des plus grands violateurs des droits humains au monde, pays menant actuellement une guerre au Yémen.
Jamais les paroles du gouvernement canadien sur les droits de la personne n’ont été aussi fermes. Jamais sa volonté d’armer ceux qui bafouent les droits de la personne n’a été aussi réelle.
Les autorités canadiennes entretiennent l’image d’un État qui, sans être parfait, améliore graduellement son bilan sur les enjeux des droits de la personne. Cette vision du progrès graduel est cependant erronée. Dans les années 1940 et 1950, et aussi tard que les années 1970, le Canada refusait de fournir des armes aux plus grands violateurs des droits de la personne. Or, le gouvernement de Justin Trudeau, comme celui de Stephen Harper, a changé son fusil d’épaule à l’égard de cette politique. Et ce, tout en se déclarant un porte-parole des droits humains internationaux.
Un exemple à l’appui ? Le 9 avril, jeudi saint, alors que le grand public se concentrait sur la distanciation sociale et « l’incitation à l’altruisme », le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne a révélé que le Canada reprendrait ses exportations militaires vers l’Arabie saoudite.[1] Ce faisant, il a mis fin à une suspension provisoire autorisée par Chrystia Freeland, celle qui l’avait précédé.