Thomas Wien, membre du comité éditorial et professeur associé au département d’histoire de l’Université de Montréal

Devant (et non Après) le changement climatique, penser l’histoire : sans doute ce titre résumerait-il mieux le propos de Dipesh Chakrabarty dans The Climate of History (2021) dont voici la traduction française[1]. Né à Kolkata en 1948 et formé en partie en Australie, l’historien de Chicago est un pionnier de l’approche postcoloniale. Il explique que ce livre exprime un sentiment d’urgence qui l’habite depuis 2003, au moment où un immense feu de brousse ravage – déjà – le district de Canberra, capitale de sa « seconde patrie » australienne. Prenant conscience du changement climatique anthropique et de tout ce qu’il a d’inédit, il se demande : quelle histoire écrire à la lumière de cette catastrophe annoncée? Bientôt reformulée, l’interrogation est devenue : « quelles pourraient être les implications de la science du changement climatique et de la Science du système Terre pour les humanistes soucieux de penser le temps historique que nous traversons? » (p. 44).