Introduction
par Florence Prévost-Gégoire, University College Dublin, membre du comité
éditorial d’HistoireEngagee.ca
Énoncé
de mission par l’équipe éditoriale d’HistoireEngagee.ca.
Introduction
En guise
de premier texte de l’année 2019-2020, l’équipe éditoriale d’HistoireEngagée.ca
publie aujourd’hui son nouvel énoncé de mission. Après une année 2018-2019
pleine de changements, il nous apparaissait nécessaire de repenser les objectifs
de la revue afin qu’ils soient plus en accord avec les valeurs d’une équipe
éditoriale qui s’est considérablement renouvelée dans les deux dernières années.
La chronique éditoriale que nous avons publiée en janvier dernier parlait de
cette année comme d’un moment charnière, d’un tournant, dans l’histoire d’HistoireEngagée.ca.
L’augmentation de nos publications (maintenant deux par semaine) témoigne
effectivement du fait que la plateforme occupe une place de plus en plus
importante dans les milieux historiens. Notre revue offre un lieu de diffusion
rapide et nous recevons de plus en plus de textes spontanés qui réagissent à
l’actualité ou réfléchissent aux apories de la discipline historique. L’augmentation
de notre rythme de publication nous a placés devant un grand éventail de
dilemmes éditoriaux et nous a fait prendre conscience de la place de notre revue
dans la diffusion de la connaissance historique. Ce « succès »
d’HistoireEngagée.ca (qui fêtera l’an prochain sa première décennie) vient avec
une responsabilité : utiliser cette plateforme pour apporter des
changements réels dans la discipline.
L’énoncé de mission que nous publions aujourd’hui se distingue de l’ancien sur deux points principaux. D’abord, il revoit la notion même d’« histoire engagée ». Si l’objectif original était de « proposer une diversité de points de vue », la nouvelle mission prend plutôt comme point de départ le fait suivant : la discipline historique est empreinte de structures de pouvoir racistes et sexistes qui, jusqu’à présent, ont eu pour effet de placer les groupes racisés et les femmes en marge des trames narratives traditionnelles. Notre objectif est donc d’aller au-delà d’une « diversité de point de vue » et plutôt de mettre en valeur la voix de ces oublié.e.s de l’histoire. Faire cela demande à la fois d’effectuer un travail de critique des pratiques de la discipline, mais aussi d’interroger nos propres biais et de remettre en question les actions et gestes que nous avons posés (et que nous posons encore) qui ont contribué à la marginalisation de certains groupes.
Le deuxième point découle du premier. Pour valoriser ces voix marginalisées, il convient aussi de repenser les modalités de diffusion de la production historique. Si la rigueur reste au cœur de notre travail, nous souhaitons offrir un espace qui ne se limite pas à la publication d’articles scientifiques. HistoireEngagee.ca s’engage donc à donner une place à différents types de médium tels que les témoignages, les œuvres artistiques, les lettres ouvertes et les chroniques. Nous espérons ainsi participer à la désacralisation du livre et de l’article scientifique en donnant à d’autres formes d’expression toute la valeur qu’elles méritent. Cela signifie aussi de ne pas se limiter au travail provenant des milieux académiques et de donner une place aux activistes, aux artistes, à ces gens qui vivent ou on vécut l’histoire que l’on essaie de raconter.
Cet énoncé de mission s’adresse à toutes celles et tous ceux qui désirent mieux comprendre les ambitions d’HistoireEngagee.ca et aux autrices et auteurs qui souhaitent contribuer à la plateforme. Il sert finalement d’inspiration et de guide pour l’équipe éditoriale, consciente de ses biais, mais toujours désireuse de faire mieux et de travailler à transformer les pratiques historiennes.
Énoncé de mission
Occupant une place à part dans le paysage historiographique et
scientifique francophone, la revue
HistoireEngagée.ca (histoireengagee.ca) est une
plateforme de diffusion des savoirs et des connaissances historiques. Son
approche favorise la révision des récits dominants et, dans une logique
collaborative, la création de savoirs. En choisissant une diffusion en libre
accès qui rejoint à la fois la communauté savante et un public élargi, HistoireEngagée.ca souhaite susciter une
discussion sur l’histoire ouverte à tous et à toutes. Sa mission est
triple : en plus d’offrir à son lectorat des textes qui analysent
l’actualité canadienne et internationale sous l’angle de l’histoire, elle
participe activement aux débats historiographiques et s’efforce de mettre de
l’avant des récits qui restituent une place aux oublié.e.s de l’histoire. Puisqu’un
de ses objectifs est de se mettre au diapason de l’actualité et des enjeux
touchant la discipline historique, HistoireEngagée.ca
met de l’avant des publications qui témoignent de prises de positions
informées et ancrées dans des perspectives historiques et sociales plus larges.
Un médiateur culturel
Une des singularités de la revue est son approche
hybride. Elle valorise la conjugaison de méthodes de recherche classiques et d’une
approche collaborative avec des gens provenant des milieux artistiques et
militants. Cette approche vise à ouvrir la réflexion épistémologique
sur les façons dont l’histoire s’élabore, tout en favorisant la redéfinition de
ses canaux de diffusion. Contribuer au partage des savoirs sur les groupes
marginalisés par les récits dominants est par ailleurs une préoccupation
majeure de l’équipe d’HistoireEngagée.ca.
Un savoir
engagé
Le savoir
engagé est pour nous une façon de conjuguer la pensée scientifique et
l’engagement social en rendant plus accessibles les connaissances et les
analyses historiques. Nous comprenons que l’engagement des historien.ne.s
ne se résume pas à l’étude des mouvements sociaux, HistoireEngagée.ca va plus loin en allant à la rencontre de celles
et de ceux qui, par leurs actions, sont susceptibles de devenir sujets de
l’histoire. L’idée est de désacraliser le rôle de l’expert.e sans le rejeter
pour autant. Autrement dit, un effort est fait pour faire converger les savoirs
engagés universitaires et les autres savoirs engagés, notamment expérientiels
et non occidentaux. Un savoir scientifique, universitaire et savant que l’on
dit engagé, mais qui reproduit une hiérarchisation des discours et des êtres humains
dans ses effets réels et matériels, n’est pas engagé simplement parce qu’il
prétend ou souhaite l’être : c’est pourquoi il nous semble important
d’offrir notre plateforme en libre accès et de ne pas assujettir ces nouveaux
savoirs aux logiques institutionnelles universitaires.
Des modalités d’écriture variées
HistoireEngagée.ca considère important de réfléchir aux processus
de reproduction des inégalités dans la production scientifique et
universitaire, ce qui passe notamment par les modalités d’écriture et les
positionnements épistémologiques de celles et de ceux qui collaborent à la
revue. Nous nous attendons ainsi à ce que les auteurs et les autrices qui nous
approchent réfléchissent aux silences de leurs bagages théoriques ou
historiographiques. Nous cherchons également à nous éloigner des canons
disciplinaires pour mettre de l’avant les réflexions théoriques,
artistiques et autres dont l’écho est
moins grand. Tout ceci se fait avec la volonté d’offrir un regard critique sur
la trame narrative dominante. Nous assumons le caractère politique de nos
critères de sélection, car nous estimons que l’histoire est politique et que
toutes les revues s’inscrivent dans une perspective intéressée et engagée,
qu’elle soit assumée ou non.
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