Une visite à l’exposition permanente du MEM
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Champagne-Tremblay, C. (2024). Une visite à l'exposition permanente du MEM. Histoire Engagée. https://histoireengagee.ca/?p=13059Chicago
Champagne-Tremblay Camille. "Une visite à l'exposition permanente du MEM." Histoire Engagée, 2024. https://histoireengagee.ca/?p=13059.Par Camille Champagne-Tremblay
À l’automne 2023, la Ville de Montréal inaugurait un espace réservé aux histoires de Montréal et aux voix des gens qui l’habitent. Plus récemment, une exposition permanente portant spécifiquement sur l’histoire de la ville a été lancée. La mission du MEM – Centre des mémoires montréalaises est d’amplifier les voix de la population citadine et de porter sa mémoire. Le nom de l’institution est d’ailleurs une contraction des mots « mémoire » et « Montréalais-es »[1]. Passionnée de l’histoire de Montréal et résidente de cette ville depuis mes premiers pas, je me suis donc rendue avec enthousiasme à l’exposition.
Dès notre arrivée dans ce nouvel espace réservé au musée, j’ai été séduite par la beauté des lieux. Les personnes qui habitent l’île depuis longtemps seront frappées de nostalgie en voyant les enseignes lumineuses de commerces maintenant disparus. J’ai d’ailleurs eu la chance de revoir l’enseigne d’un lieu marquant de mon enfance sur le Plateau Mont-Royal : La Boîte Noire. Je me suis ensuite dirigée vers l’étage supérieur où on retrouve un cabaret, des espaces pour des installations temporaires, un « dépanneur » – qui est davantage un café et une boutique souvenir – et l’exposition permanente. La beauté du musée qui nous frappe dès notre entrée ne s’arrête pas lorsque nous montons à l’étage supérieur. L’espace est magnifiquement organisé et joliment décoré. Les couleurs sont vives, mais ne sont pas criardes, et les objets souvenirs sont nombreux, mais ne sont pas surnuméraires. D’un coup d’œil c’est le coup de cœur instantané.
Je me suis donc dirigée vers l’exposition permanente, divisée en quatre grandes sections, où on nous accueille dans un espace aux murs noirs sur lesquels défile une fresque d’écrits de Montréalais et de Montréalaise. En ambiance, des voix citadines énumèrent ce que Montréal représente à leurs yeux. La multitude de voix et d’écrits rend difficile la concentration sur un propos, mais donne bien le ton pour le reste de la visite. La mission du musée est effectivement de « […] valoriser la diversité des identités montréalaises et de leurs histoires à travers des expériences humaines authentiques et inclusives, où les citoyennes et les citoyens se racontent et se rencontrent [2] ».
La première section est divisée en six îlots thématiques, soit : « Être chez soi, prendre possession », « Être de passage », « Partir contre son gré », « Saisir l’occasion », « Mémoires cachées, voix oubliées » et « Bonjour, hi ». La deuxième section s’intitule « Montréal c’est… des chez-soi ». La suivante est consacrée aux mémoires collectives et la dernière aux « espaces vécus ». L’exposition comprend également une baie vitrée donnant sur les rues Sainte-Catherine et Saint-Laurent. L’espace est aménagé avec des bancs, des audioguides et des livres qui nous parlent de l’histoire de ces importantes artères. Le parcours, bien que linéaire dans son ensemble, ne l’est pas pour les sections. On nous invite en effet à circuler dans les quatre grands espaces selon des thématiques et non pas une chronologie. Cette organisation de l’exposition brise définitivement la narration linéaire du « récit » de l’histoire, mais nous demande de choisir quel espace visiter en premier et entraîne donc une lecture un peu chaotique et aléatoire du contenu.
Le contenu est riche en témoignages et est également sensible à la pluralité montréalaise. L’exposition réussit remarquablement l’inclusion des récits de personnes immigrantes et de personnes autochtones. L’objectif du musée est véritablement atteint en rendant bien la diversité des vécus qui composent la métropole. Ce qui est proposé par le MEM est une excellente fresque de ce qu’est notre ville et une belle façon de la présenter aux touristes et à la population locale. Si les villes que je visitais avaient une telle exposition, j’y ferais définitivement un tour.
Tout au long de l’exposition, les contenus historiques et sociologiques s’entrecroisent. On a demandé à un certain nombre de spécialistes d’expliquer les différentes réalités historiques de la ville et de nourrir la pluralité des voix. Parmi ces spécialistes, on pouvait compter Paul André-Linteau, Dominique Deslandres, Jean-Philippe Garneau et Thomas Wien, ou encore l’historien huron-wendat Médérick Sioui pour présenter certains pans de l’histoire des Autochtones. On a également sollicité Michèle Dagenais et Brian Gettler à titre de consultante et consultant.
Malgré un bel effort d’amplification des voix marginalisées, il me semble difficile de bien saisir les contenus présentés sans avoir des connaissances de base sur l’histoire de Montréal. Le scénario d’exposition éclaté rend effectivement la compréhension difficile et peu didactique. Ce n’était pas évident de savoir par quelle section commencer. Le désir de briser la linéarité du récit historique classique amène une possibilité d’égarement dans ce qui est présenté. Les infographies et les différents graphiques sont peu ou pas contextualisés et ne sont que « déposés » sur les murs, sans que l’on comprenne ce qu’on cherche à nous expliquer avec ces chiffres. Le côté innovateur perd alors de son intérêt. C’est, à mon sens, un coup manqué, puisque je vois difficilement comment un groupe scolaire pourrait visiter cette exposition sans être dispersé dans l’espace et perdu parmi les différentes thématiques présentées. Il aurait été intéressant de démocratiser l’histoire de Montréal afin que les personnes apprenantes de tous âges puissent prendre goût à cette histoire. Hors de l’exposition, à l’entrée du musée, on trouve toutefois des stations de lecture de rubriques historiques qui aident à se situer dans l’histoire de Montréal. Bien que pertinentes et représentant des outils intéressants pour la compréhension du contenu de l’exposition, elles sont pourtant moins mises en valeur.
Même si l’exposition n’est pas tout à fait didactique, je reste enthousiaste face aux efforts présentés pour faire de la place aux multiples voix montréalaises et à des thématiques importantes rarement abordées, telles que le logement dans la métropole. L’exposition suscite également beaucoup d’émerveillement et de plaisir avec tous les souvenirs présentés. À la toute fin du parcours, on nous offre la possibilité de déposer notre propre témoignage sur notre ville en écrivant et en enregistrant une courte description, ce qui est une belle façon de boucler la boucle avec le début de l’exposition.
En ce moment, deux autres expositions sont également à l’affiche au MEM. Dans « la mosaïque », espace sur lequel tout organisme peut proposer une exposition, se trouve Milton Parc. Cette dernière touche à l’histoire de ce quartier et les différentes luttes sociales qui y ont pris lieu. Dans une autre salle se trouve Détours, qui se veut plus expérimentale. L’objectif de cette installation est de découvrir les lieux ou les activités méconnus de Montréal en suivant des citadins et des citadines dans de courtes capsules accrocheuses.
En somme, le MEM est un lieu qui mérite d’être découvert pour sa présentation novatrice de la ville. Le musée est magnifiquement aménagé et est bien adapté à la visite des personnes en situation de handicap, répondant ainsi bien à sa mission initiale. Sa visite est une belle activité à faire en famille et une belle occasion de contextualiser l’histoire de la ville aux enfants, d’autant plus que l’entrée est gratuite pour les jeunes de 12 ans et moins.
[1] MEM, « À propos | MEM – Centre des mémoires montréalaises », https://memmtl.ca/apropos, (21 septembre 2024).
[2] Idem.
Horaire
Lundi : Fermé
Mardi : 11 h 00 à 18 h 00
Mercredi : 11 h 00 à 20 h 00
Jeudi : 11 h 00 à 21 h 00
Vendredi : 11 h 00 à 21 h 00
Samedi : 11 h 00 à 18 h 00
Dimanche : 11 h 00 à 18 h 00
Coût du billet :
Adulte (18 ans et +) : 15,50 $
Aîné (65 ans et +) : 13,20 $
Étudiant (tous âges; une preuve peut être exigée) : 10,90 $
Adolescent (13-17 ans) : 6,70 $
Enfant (12 ans et moins) : Gratuit
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