Par Sandrine Ricci, candidate au doctorat en sociologie et chargée de cours (UQAM), autrice de Avant de tuer les femmes, vous devez les violer ! Rapports de sexe et génocide des Tutsi (2014, Syllepse) et Lisa Ndejuru, candidate au doctorat en études interdisciplinaires (Université Concordia) et boursière John F. Lemieux fellowship en études sur le génocide et les droits de la personne.
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Black Earth Rising, Netflix
Alors que s’amorcent les activités visant à commémorer le 25e anniversaire du génocide des Tutsi du Rwanda, des discours révisionnistes circulent, au Québec comme ailleurs, et il est parfois difficile de les détecter. Diverses voix critiques s’indignent par exemple au sujet de la série Black Earth Rising diffusée sur Netflix (titre en français : Passé sous silence). Ce thriller judiciaire véhiculerait, en creux, une thèse révisionniste : celle d’un double génocide qui aurait atteint symétriquement Tutsi et Hutu. À l’instar de l‘expression « génocide rwandais », on peut reprocher à cette thèse de poursuivre l’objectif d’effacement inhérent au projet génocidaire dont il importe de rappeler qu’il visait spécifiquement les Tutsi en raison de cette identité abusivement établie comme « ethnique » par le pouvoir colonial.