Là où le présent rencontre le passé - ISSN 2562-7716

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Digressions sur la boxe, les fourrures et autres histoires politiques de Wendake

Par Jonathan Lainey, Musée canadien de l’histoire.[1]

Archives Conseil de la Nation huronne-wendat (ACNHW), fonds CNHW, PH-14-15.

Évocatrices et éloquentes, bien que muettes par leur nature même, les photographies anciennes sont autant des sources de souvenirs que des mines de renseignements de toutes sortes. Un visage, un détail, un décor, un paysage, tout peut être propice à l’interprétation et chaque élément représenté peut contribuer à une meilleure compréhension du passé, pour qui s’attarde à les faire parler. Comme elles sont riches en information, utiliser les photographies comme véritables sources de renseignements plutôt que comme simples agréments visuels d’un texte peut s’avérer fort profitable et tout autant intéressant. Au hasard des découvertes et des trouvailles, qu’elles errent au fond d’un tiroir ou qu’elles soient précieusement conservées dans un placard ou dans un centre d’archives, les photographies peuvent servir à illustrer un propos, à fournir une preuve légitime, ou bien tout simplement à servir de point de départ à une réflexion plus large et digressive.

Georges Lainé, boxeur ?!

Alors que je menais des recherches iconographiques aux archives de Wendake afin de compléter mon mémoire maitrise en histoire à l’Université Laval[2], j’ai aperçu une photographie ancienne qui a immédiatement capté mon attention. Et pour cause ! On y voit deux jeunes boxeurs amateurs s’affronter le temps d’une photographie dans le studio du photographe professionnel Alphonse Boivin de Loretteville. Ceux et celles qui me connaissent savent bien que je suis un mordu de boxe et de sports de combat en général.

Une histoire des femmes et de la musculation*

Par Dr. Conor Heffernan, University College Dublin

“Immersed in a cultural moment in which it may seem that strong women are more celebrated than ever, are women in fitness in fact bursting into weight rooms, packing on plates, cranking out sets, feeling the thrills and benefits of tight skin stretched across bulging, growing muscles?

Or do many women hold back on weights so as to negotiate what might be termed a culturally produced glass ceiling – or upper limit – on their muscular strength?[1]

Shari Dworkin and Michael Messner, 1999.

Dans un article publié en 1999, les sociologues Shari Dworkin et Michal Messner ont jeté la lumière sur un enjeu qui semble aller de soi, mais qui n’est finalement que rarement abordé de front : la nature controversée de la place des femmes dans la musculation et la culture de l’entraînement en salle. Des articles précédemment publiés sur le site web américain BarBend, plus spécifiquement sur l’émergence d’une culture de l’entrainement physique vers la fin du 19e siècle et au début du 20e, ont montré l’attrait grandissant de la musculation pour les hommes. Il s’agit là d’un contraste frappant avec une expérience féminine qui tarde à se matérialiser, particulièrement dans les domaines de la musculation, de l’haltérophilie et du culturisme.

Les premières formes officielles de « strenght sports » féminins arrivent avec la dynamophilie en 1978 alors que les femmes compétitionnent pour la première fois aux World Weighlifting Championships en 1987. Quant aux spectacles de culturisme, quoique les femmes peuvent y participer pour la première fois en 1977, le premier événement strictement féminin « World’s Strongest Woman » n’a vu le jour qu’en 1997.  À la même époque, seul CrossFit annonce des compétitions à la fois masculines et féminines. En raison de la conception que la société se fait du corps des femmes, l’émergence de compétitions féminines a été lente, en dépit des progrès importants accomplis par une quelques pionnières. L’article d’aujourd’hui  cherche donc à retracer un pan de l’histoire de ces athlètes féminines, précurseures dans un sport traditionnellement réservé aux hommes, afin de mieux comprendre la généalogie dans laquelle s’inscrivent les athlètes contemporaines.

Recension de Hockey : Challenging Canada’s Game – Au-delà du sport national, dirigé par Jenny Ellison et Jennifer Anderson

Par Étienne Lapointe, candidat au doctorat en sciences des religions, UQAM

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Depuis la parution en 1993 de Hockey Night in Canada : Sport, Identities and Cultural Politics[1], la plupart des chercheur.e.s canadien.ne.s s’intéressant au hockey en tant que phénomène culturel ont cherché à déconstruire le mythe tenace qui fait de ce sport d’hiver le ferment de l’identité canadienne[2]. C’est dans cette perspective que s’inscrit Hockey : Challenging Canada’s Game – Au-delà du mythe national, un ouvrage collectif, bilingue et pluridisciplinaire dirigé par les historiennes Jenny Ellison et Jennifer Anderson. C’est en faisant appel à des chercheur.e.s issus d’horizons disciplinaires variées que les co-directrices espèrent explorer les différentes « experiences of class, gender, race/ethnicity, language, ability, sexual orientation, and region [3] » en lien avec la pratique du hockey.

Outre l’introduction signée par Ellison et Anderson, l’ouvrage est divisé en cinq parties composées de sept « documents[4] » et de quinze chapitres qui offrent un regard critique sur un aspect particulier du hockey. Ainsi, la première partie est consacrée aux origines et à l’histoire du hockey. Dans le premier chapitre, Andrew Holman est d’avis que l’étude historique du hockey pourrait servir à approfondir les connaissances sur la société canadienne notamment en regard des divisions régionales, linguistiques, raciales et de genre. En effet, selon lui l’histoire de ce sport d’hiver est le reflet de la volonté d’unir une population hétérogène à partir d’un phénomène culturel commun. Paul W. Bennett et Michael Robidoux quant à eux se montrent favorables à une révision du récit « créationniste » du hockey qui serait le reflet des rapports de domination en vigueur dans une société qui n’aurait pas su se défaire de son héritage colonialiste. En somme, ces trois auteurs proposent une révision des mythes fondateurs du hockey afin de mieux rendre compte de son apport à la complexité de la société canadienne.

Maurice Richard : l’origine d’une passion partisane, 1942-1945

Par Étienne Lapointe, candidat à la maîtrise en histoire à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM)

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Monument Maurice Richard. Crédit : Guy Mayer (Flickr).

Résumé

L’émeute du Forum de mars 1955 en réaction à la suspension du joueur vedette du Canadien de Montréal a marqué l’imaginaire collectif des Québécois francophones au point qu’on en a fait un événement illustrant la volonté d’affirmation nationale des Canadiens français. À la faveur de la Révolution tranquille et avec le passage du temps, Maurice Richard est ainsi devenu le symbole de cette affirmation nationale. Le présent article revient au début de la carrière de Richard afin d’illustrer comment, avant d’être un mythe national, il a été un héros sportif. En épluchant la presse sportive, on peut constater que la passion dont il a été l’objet se met en place par le biais du discours journalistique dès les débuts du joueur. Les trois premières saisons de Richard sont ici étudiées à la recherche des traces cette passion partisane.

Mots clés

Maurice Richard; émeute; fans; nationalisme; supporterisme; passion partisane; Canadien de Montréal.

Introduction

En septembre 2016, deux nouvelles ont rappelé que le nom de Maurice Richard ainsi que son souvenir étaient bien vivants au Québec. D’abord, le 8 septembre un article de la Presse canadienne annonçant que le club-école du Club de hockey Canadien désormais basé à Laval, allait porter le nom de « Rocket » a été relayé notamment par le quotidien The Gazette[1]. Quelques jours plus tard, soit le 14 septembre, la députée du Parti libéral du Québec dans la circonscription de Crémazie, Marie Montpetit, a officiellement déposé une demande pour modifier le nom de sa circonscription en faveur du célèbre ailier droit du Canadien de Montréal. Ainsi, le nom de Crémazie, poète nationaliste du 19e siècle, serait remplacé par celui de Maurice Richard[2]. Le changement de nom a été officialisé par le Directeur général des élections du Québec le 2 mars 2017[3]. Notons également que le gouvernement conservateur de Stephen Harper, avait aussi envisagé d’honorer la mémoire de Richard alors qu’on rapportait qu’on pensait baptiser le nouveau pont qui remplacera l’actuel pont Champlain « Maurice-Richard »[4], une idée qui a été rapidement abandonnée en raison des critiques qu’elle a suscitées[5].

L’unicité des Jeux olympiques : une perspective sportive

Par Serge Gaudreau, chargé de cours à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke

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Pourquoi s’intéresse-t-on autant aux Jeux olympiques ? La question revient inévitablement tous les quatre ans, ou plutôt tous les deux ans depuis que la formule de l’alternance entre Jeux d’été et Jeux d’hiver a été adoptée au début des années 1990.

La diversité des réponses reflète les multiples facettes du phénomène. Pour les uns, plus curieux que passionnés, le faste de l’événement en constitue l’attrait principal. L’impressionnante logistique l’entourant – coûts, participation, envergure des sites de compétition, etc. – frappe l’imaginaire, même de ceux qui s’intéressent peu au sport. La magnitude et l’omniprésence médiatique des Jeux les rendent même incontournables pour ceux qui cherchent à les ignorer ou qui considèrent ce déploiement pompeux comme une distraction futile et coûteuse.

Il va de soi que, pour d’autres, l’enjeu sportif prédomine, la perspective de voir les meilleurs à l’œuvre dans un contexte compétitif poussé à son paroxysme. L’athlète est au cœur de tout, par la dimension humaine de son parcours certes – ce dont les médias font le point focal de leurs reportages –, mais surtout par la performance qu’il va livrer. À leurs yeux, les olympiques sont d’abord et essentiellement une célébration sportive, une sélection à la carte originale dont la diversité et le niveau n’a pas d’équivalent.

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